where dreams don't die

Lewis

Il pouvait entendre des voix, à l'extérieur. C'était vraiment étrange, oui. Il se baladait entre des statiques et des numéros, ou du moins c'est ce qu'il voyait. Il voyait sous ce qu'il aurait dû voir.

Il était persuadé que quelqu'un viendrait le sortir de là, que quelqu'un viendrait le chercher, viendrait le chercher. Il était coincé ici, après tout. Peu importe à quel point c'était idyllique, c'était presque ennuyeux.

De temps à autre, il pouvait se reconnecter avec l'extérieur et entendre ce qui se passait autour de lui.

Et il était sûr que Nico finirait par venir le chercher. Il le ferait.

Tout comme il savait que Nico était ici. Il pouvait le sentir, c'était une intuition, quelque part. Sa conscience de tout ce qui se passait autour. Ils avaient à parler, ils pouvaient régler les choses entre eux. Il ne savait pas pourquoi il était aussi plein d'espoir, soudainement. Il croyait avoir abandonné tout espoir, en être désabusé depuis longtemps. Il semble que, ici, tout peut être possible.

C'est pourquoi il a décidé de ne pas sortir. Il a décidé d'attendre, patiemment, que Nico vienne le chercher. Dans ce monde qui se pliait à ses désirs. Il n'avait rien à faire de toute façon, ça allait arriver. Il en était convaincu.

Même si ça prenait du temps.

Un peu trop de temps.

Lewis était, en général, patient. Il lui avait fallu de la patience tout au long de sa vie, il savait attendre pour avoir ce qu'il voulait à la fin. Mais pourquoi est-ce que ça prenait autant de temps ? Il n'était pas si dur à trouver.

Il en était presque déçu, alors qu'il faisait un autre défilé, marchait sur les plus grandes stages internationales, sans avoir une remarque sur la façon dont il s'habillait ou sur la couleur de sa peau.

Ici, au moins, il n'avait pas besoin de choisir ce qu'il voulait faire. Il pouvait absolument tout faire, être qui il voulait. Il était enfin libéré de ses contraintes et de tout ce qui le retenait auparavant.

Un véritable calvaire auquel il faisait face.

Personne ne peut être aimé par tout le monde, il le sait très bien. Il est obligé d'avoir sa part de haters et de personnes qui ne veulent pas de lui.

C'est faux d'être aimé par tout le monde et il s'est complaît dans l'ignorance. C'est ça. Il a préféré l'ignorer, parce que la vraie vie c'est dur. C'est si dur. Même lui ne peut pas prétendre ne jamais avoir voulu ne pas y échapper. Les gens peuvent être terrifiants et peuvent être horribles, affreux.

Il y a tellement de fléaux et tellement de catastrophes. Tellement de façons de tout gâcher. Ici, quoiqu'il fasse, il ne gâchait jamais rien.

Tout était parfait.

Même s'il était conscient qu'il manquait des choses à ce monde. Des personnes aussi. Il a fait au mieux, il a fait de son mieux. S'accorder une pause est humain. Vouloir rester un peu plus longtemps l'est tout autant.

Nico viendra.

Ils parleront.

Puis ils pourront revenir à eux sans que rien ne soit fait de plus. Ce sera l'issue idéale, l'occasion idéale. Lewis sait que s'il l'admet, ce monde s'effacera parce que ce n'est pas réel et que ce n'est rien de plus qu'une illusion.

Mais il ne sait pas depuis combien de temps il attend. Combien de temps s'est écoulé depuis qu'il a vu les premiers pilotes se déplacer hors de la bulle et passer devant lui, discutant plus ou moins à côté de lui. Il n'a aucune notion du temps qui s'écoule mais il semble que ceux dehors ne l'ont pas non plus. Bizarre.