where dreams don't die

Daniel

Bon sang, qu'est-ce que ça fait du bien.

C'est sa seule pensée alors qu'il se tient sur le podium, au sommet du monde, littéralement. Le champagne coule sur lui. Combien de temps depuis que l'hymne australien est paru ? Combien de temps ?

Son nom est annoncé suivant son titre et il ne peut pas y croire, il n'arrive pas à y croire. Les épreuves, à quel point ça a été dur de parvenir jusqu'ici ...

"Daniel Ricciardo, champion du monde !"

Champion du monde australien.

Bordel, qu'est-ce que ça sonne bien. Qu'est-ce que ça lui fait du bien d'entendre ça, de savoir que ses choix n'étaient pas une erreur, de savoir qu'il a réussi, enfin. Il anticipe déjà le sourire sur le visage de ses parents. Il veut les serrer dans ses bras, si fort.

Michael lui offre une serviette avec un clin d'œil. Son silence le surprend presque.

"Tu ne vas rien me dire ?"

"À quoi est-ce que tu t'attends, idiot ? Je ne t'aurais pas suivi si je ne croyais pas un minimum en toi."

Daniel rit en entendant ça et offre une accolade à son ami qui grimace parce qu'il est tout collant. Ouais, le champagne. La sensation de sa chaussure est tout sauf agréable mais il fait avec, euphorique.

Et alors qu'il se retourne vers la foule, encore en délire, et voit ces dizaines de visages, ces inconnus, il se sent étrange, étourdi comme-

Deux yeux bleus profonds, un océan de mystère, une demande silencieuse. Si tristes, pourquoi est-ce qu'ils sont si tristes ?

Il secoue la tête pour chasser ces pensées. Il ne sait pas d'où elles lui viennent mais dernièrement elles sont plus nombreuses encore. Des fragments. Quelque chose d'autre. Quelqu'un d'autre.

Aujourd'hui est un jour de fête.

Il fait ses interviews et se change et va retrouver sa famille. Il lâche des larmes avec eux, alors qu'il les serre plus fort encore contre lui. Sa mère, son père, sa sœur.

Ils célèbrent, ils célèbrent, ils célèbrent.

Il remercie son équipe, il remercie Red Bull, il remercie la chance qu'ils lui ont offert. Ses yeux se ferment. Une sensation d'ivresse au creux de son estomac, les limites lui semblent floues. Il se sent prêt à répéter l'exploit. Il se sent prêt à gagner ce titre plus d'une fois. Maintenant qu'il l'a vécu, il ne veut plus jamais se départir de ces sentiments.

Daniel retourne à son hôtel, presque en titubant. Il n'a pas bu tant que ça mais il est dépassé par sa propre situation. C'est tellement énorme que ses sens mêmes sont troublés.

Devant sa porte de chambre d'hôtel, il se fige parce que-

Parce qu'il y a quelqu'un qui se tient à côté de sa porte, roulé en boule, attendant simplement. Quand l'inconnu le voit, il laisse échapper une respiration tremblante.

"Daniel ...!"

Avant de se jeter sur lui pour l'embrasser.

Son cerveau embrouillé et confus ne refuse pas tout de suite le baiser. Parce que, qui qu'il soit, il embrasse bien. Il contient un gémissement, ne comprenant pas pourquoi il est aussi réactif soudain.

Il y a simplement .. cette nostalgie étouffante qui séjourne dans sa poitrine. Un sentiment de familiarité trop vif.

Il finit par défaire le contact et jauge l'inconnu d'un regard. Plus jeune, des cheveux qui semblent châtains dans l'obscurité mais ce qui le frappe surtout ce sont-