Lando

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Une robe blanche et un sourire éclatant. Le blanc est la couleur qui domine l'ensemble de la salle autour de lui. Des fleurs blanches, des personnes en blancs, le tapis blanc, une chapelle d'église. Le bord de mer, un cadre idyllique.

Il se sent nerveux, tellement nerveux. Ses pensées s'entremêlent. Ses paumes de main sont moites, le banc en bois lui semble presque trop dur sur lui. Il inspire profondément plusieurs fois, essayant de se calmer.

Carlos se tient au bout de l'allée, dans un costume blanc éclatant, contrastant avec sa peau bronzée, ses cheveux plaqués en arrière, son père à ses côtés. Il croit ... avoir visualisé ce moment plusieurs fois, en avoir rêvé, l'avoir désiré. La musique résonne dans le petit bâtiment, solennelle, annonceuse de grands événements.

La mariée rejoint enfin Carlos à l'autel. C'est bizarre, soudain, Lando n'entend plus tout à fait la scène en face de lui. Un bourdonnement constant aux oreilles. Pourquoi est-ce qu'il se sent de la sorte ? Il pensait être heureux pour son ami, il était sûr de l'impatience qu'il avait ressenti en planifiant les étapes avec lui, ému de la confiance offerte.

Son cœur pèse lourd dans sa poitrine, trop lourd. Il a presque du mal à respirer de nouveau. Son regard dérive, comme refusant de voir ce qui se passe en face de lui. Ah, c'est vrai ... son sourire glisse, s'évapore, pourquoi ne s'en souvenait-il pas ? Il déteste être ici, il déteste cette situation, il se déteste, il a mal, tellement mal que ça en est insupportable.

Mais il est faible et c'est un lâche alors il ne va pas se lever. Alors il va se taire, les poings serrés sur ses genoux, serrés au point où ses ongles s'enfoncent dans ses paumes, formant de petits croissants. Il essaie de garder contenance, de se montrer digne, brave, d'affronter la sensation de naufrage dans son estomac.

Personne n'est beau quand il souffre.

Des gouttes d'eau sur le dos de ses mains. Ils sont à l'intérieur pourtant ...

Ce sont ses larmes. Elles roulent désormais le long de ses joues librement sans qu'il ne puisse rien y faire. Il porte une main à sa bouche, essayant d'étouffer ses sanglots, le silence se défait. Les vœux prennent fin et tous les spectateurs applaudissent autour d'eux. Il se brise.

Pourquoi est-ce que tout doit être si cruel ? Pourquoi est-ce que personne n'est à ses côtés ? Il semble soudain qu'il n'y a qu'un sillage de visages flous autour de lui, tous souriants et heureux, c'est putain de fantastique, pas vrai ? C'est faux, il étouffe, il est noyé dans le sentiment général. Il n'a pas sa place ici.

Le pire jour de sa vie et il a tenu bon, des mois auparavant, parce qu'il veut être un bon ami, il veut être une bonne personne, et faire disparaître la sensation de honte et la nausée qui lui viennent à chaque fois que ses sentiments refont surface. Il veut disparaître, se cacher dans un trou et ne jamais revenir. Il a si mal.

Ses yeux papillonnent et la scène devient floue, ce ne sont plus ses larmes qui brouillent son champ de vision. Est-ce que c'est normal ? Son esprit se vide mais sans qu'il ne le veuille. Comme une remise à zéro et le sentiment d'un coup porté à son estomac. Non, à son corps entier. Il ne se sent plus lui-même.

Il semble qu'il se réveille.

"Cabrón ?"

Lando cligne des yeux. Qu'est-ce qu'il était en train de faire ? Carlos lui sourit, secouant la tête de gauche à droite, amusé. Ils sont dans un salon. Dans une maison. Dans la maison de Carlos, il le sait.

"Tu ne m'as pas écouté pas vrai ?"

"N-Non. Désolé."

Il est perturbé par tous ces événements qui s'enchaînent, sans pouvoir réellement y croire. A-t-il rêvé ? Il sent le coin de ses yeux encore humides. Son index récolte même une larme, qui était coincée sur ses cils.

where dreams don't dieWhere stories live. Discover now