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Mon plus grand rêve est entrain de faire de moi une vraie working girl, après avoir passé des semaines derrière ma machine à coudre j'ai enfin ouvert ma boutique "Dolly House" au centre de Nevers.
Mon enseigne se distingue des autres magasins de la rue, toutes sont noires, blanches ou bien grises, sauf la mienne. Elle est rose, et pour y entrer vous devez marcher sur le tapis rouge tel la star que vous êtes puis pousser la porte de bois rose pour enfin pénétrer dans la maison de vos rêves. Une dizaine de mannequins portent des créations telles que l'ensemble "Chubby Hoe", la robe "Big Babe" et les nouveaux crop tops de la collection "Boobies Queen". Dolly House est ornée de photos, de télévisions mettant en scène les créations et dans ses murs résonne une musique entraînante, sensuelle presque indécente, tout comme la boutique d'ailleurs.

Depuis un moment déjà je fabrique mes propres parures, je me fais un malin plaisir à faire de moi ce que j'aurais du faire depuis le début, une reine. Aujourd'hui je suis en déplacement à Paris, je m'apprête donc pour cette occasion, une petite robe simple de chez DollSkill fera l'affaire pour prendre le train, car effectivement je n'ai pas le permis, et ce n'est pas peiné d'avoir essayé, figurez vous que j'ai raté trois fois le code et même après des leçons de conduite le perdure un danger publique.

Chaque fois que je dois revoir ma famille j'ai l'impression de mourir, car oui je suis le déshonneur de la famille, la ratée, celle qui n'est jamais assez bien pour eux. Alors en temps que madeleine de déshonneur de la famille je me prépare psychologiquement à entendre à quel point ma cousine Lila est merveilleuse et à quel point elle réussit mieux que moi sur tout! Effectivement, ça doit être bien plus simple quand tu n'a pas à te soucier de si ta mère peut payer le chauffage en hivers, te faire rabaisser parce que tu n'a pas les dernières nouveautés en matière de mode. C'est sur que lorsque tes deux parents ne se haïssent pas tout doit être plus facile.
En fait, j'aurais pu avoir cette vie moi aussi si elle n'avait pas existé, ma tante Nicole et mon oncle Bastien auraient pu me garder avec eux, avant la naissance de Lila j'avais une vie stable, Nicole était toujours la avec moi et prenait soins de moi, elle était douce et gentille. À cette époque je n'avais aucune idée de qui était ma mère et je m'en fichais car j'en avais déjà une.
Mon père comme toujours n'était que rarement là, à part de nombreux cadeaux je n'ai jamais eu rien d'autre de lui. Lila quant à elle a pu vivre avec lui et mon oncle pendant quelques années. Elle connaît mon père mieux que moi, elle l'a vu plus que moi et elle contrairement à moi a déjà eu le droit à ses bras.

Alors que je viens de passer le pas de la porte de l'appartement Parisien de mon père un interrogatoire commence:
- Alors, ton BTS finalement tu ne le fais toujours pas? Tu ne compte pas d'études? Me demande-il.
- Je le fais à distance et tu le sais très bien.
- Tu crois vraiment qu'être une couturière ça va te rapporter quelque chose? Regarde ta cousine, elle elle va devenir médecin!
Et c'est reparti pour la cousine...
- Mon affaire marche plutôt bien, mes robes se vendent de deux cent à presque mille euros. J'ai de nombreuses commandes venant de partout dans le monde.
- C'est pas comme ça que tu va réussir à vivre convenablement, la location de y'a boutique c'est moi qui la paye.
- C'est le début, je n'ai ouvert que depuis deux mois...
- Si tu m'avais écouté et serait resté en droit. Tu vas finir comme ta mère, bonne à rien. S'agace-t-il.
Mes larmes montent mais je les retiens comme toujours, la conversation étant terminée je me dirige alors dans la chambre, mes mains tremblent et deviennent extrêmement moites, mon souffle s'accélère et une crise d'angoisse commence. Et encore une fois je suis seule dans ce moment où j'aurais le plus besoin d'aide, je n'arrive pas à respirer, et comme toujours j'imagine SUGA, me demandant de respirer, me rassurant en me disant que tout ira bien. Peu à peu je me calme, je relève la tête et regarde son visage sur l'un des posters. Je retrouve enfin mon sourire.
Je ne pourrais jamais assez le remercier...

Mon téléphone me signale une notification, une nouvelle commande à faire livrer en Nouvelle-Zélande à une dénommée Molly Figer, le modèle "Cruchy Chick" en taille M pour un total de quatre cent quatre-vingt dix-neuf dollars. Le déshonneur de la famille au moins rends les gens heureux. Et c'est ainsi que je demande à mon amie Oriane qui possède un double de la boutique de vérifier si il me reste un "Crunchy Chick" ou si je dois en coudre un. Par chance il y en avait en avait encore un alors elle a pu l'emballer, y glisser les cadeaux et l'envoyer le jour même! Attention Molly, ton colis arrive!

NE PERDONS PAS DE TEMPS [SUGA]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant