! mexico trip ! quarante deux : celui où ils s'expliquent.
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- écoute eïza ça commence à me péter les couilles.
soit on arrive à parler comme des adultes soit on arrête tout. on s'calcule plus. j'ferai plus aucun effort pour prendre de tes nouvelles ni pour entrer en contact avec toi.
on se retrouve comme deux idiots en plein milieu de mon salon lorsque le blond me lance cet ultimatum. c'est peut-être pas plus mal qu'il pose ça sur la table, j'ai toujours mieux réussi à réagir, à m'exprimer face à la pression.
mais là, pas le droit à l'erreur.
ni aux regrets.
- d'accord.
- ok.
- ok !
bah j'te sens chaud donc commence.
- comment ça commence?
il répond de manière agressive. putain... on n'est pas sorti d'affaires.
- commence. pourquoi tu veux continuer à me parler? à être proche? dans quel but? y'a quoi qui a changé concrètement depuis qu'on est plus des gamins? hein?
il semble prendre son temps.
pour choisir ses mots et ses arguments j'imagine. ce temps de réflexion semble durer des heures, je finis même par prendre place sur mon canapé. non loin de lui, de sorte à ce qu'il puisse tout de même me voir alors que je m'installe.
avant de finalement me donner le fond de sa pensée, il imite mon action précédente. il pose ses coudes sur ses genoux pour maintenir sa position, avant de débiter les mots suivants :
- la différence c'est qut'es une femme. t'as fait ta vie depuis le temps, tu sais ce que tu veux même si tu le dis pas clairement. la preuve sinon tu serais pas là à me demander des explications. et je serais justement pas entrain de t'en donner si je m'en foutais de toi. tu sais ce que tu veux avec moi.
mais tu c'que tu sais aussi eïza? c'est qu'depuis petit j'ai peur de ce que tu me fais ressentir.
j'ai toujours su que les femmes étaient dangereuses, encore plus maintenant et dans l'rap. depuis un moment j'pense qu'à charbonner et rien d'autre...
donc... t'es une femme et en plus t'es toi. ça fait beaucoup. mais justement parce que c'est toi, parce que tu me connais, j'veux tenter. j'veux pas encore passer deux mois à me demander si t'es retourné vers l'autre chris ou un autre con d'mes deux. j'peux plus.
j'ai du mal à détourner le regard. je suis comme hypnotisée, pas juste par ses mots mais par sa posture, son regard, son attitude.
oh merde, j'suis censée répondre là...
- je... tu veux tenter un truc? pour de vrai?
il rigole. je sais pas si c'est nerveux ou autre chose. les deux?
- bah ouais, je peux pas être plus clair hayek.
je ravale difficilement ma salive. je pensais réellement pas qu'il se déciderait à tout lâcher d'un seul coup. j'ai du mal à assimiler toutes ses paroles : il a pensé à moi pendant ces deux mois? comme je pensais à lui? il pensait sérieusement que j'allais retourner avec chris? après toutes les tromperies et surtout après mes nuits avec lui?
je tripote sans arrêt la bague à mon doigt. putain... avec la redescente de mes émotions et de l'alcool, je me rends également compte de ce détail : c'est lui qui me l'a acheté. offerte. envoyé.
bordel...
- quand t'es parti, à l'hôtel... à mexico. je t'ai détesté. mais pas de la même manière que la gamine de 14 ans que j'étais. parce que t'avais l'excuse de "on est trop jeunes pour comprendre quoi que ce soit" sauf que voilà, presque dix ans après t'as refait la même chose. pour pas dire pire même si je le pense.
il tord légèrement sa mâchoire, sans pour autant en rajouter.
- t'es vraiment con, l'polak. parce que tu sais très bien que ça a toujours été toi. avant et après. t'es le premier mec avec qui je me suis senti à l'aise, spéciale, et presque aimée. donc forcément ça joue sur le long terme. tu crois que c'est pourquoi que j'allais toujours vers toi après mes interros? pour te montrer à quel point j'étais fière d'avoir réussi? pourquoi je regardais jamais aucun mec? pourquoi j'aimais pas toutes tes copines?
il me fixe. toujours aucun mot décroché. alors je continue.
- pourquoi j'ai parlé de mon passé avec toi à gala? pourquoi secrètement j'avais encore hâte de te voir, même après la pool party? pourquoi j'étais contente de te faire chier pendant que tu conduisais? parce que moi aussi je veux tenter. parce que je meurs d'envie de tenter depuis des années!
je termine ma phrase en haussant le ton. mais il ne doit pas le prendre plus mal que ça... c'est dingue de pouvoir lui balancer tout ça à la gueule. je l'avais déjà fait dans mes pensées. dans des scénarios. mais là... j'imaginais vraiment pas que cette soirée puisse prendre un tel tournant. non. pour moi c'était impossible qu'on puisse finalement s'expliquer.
mathieu se relève d'un coup de l'appuie du canapé et fonce droit sur moi. je ne saurai dire si c'est lui ou moi qui a définitivement supprimé cet immense espace entre nos lèvres, mais je ne vais pas m'en plaindre. au contraire, j'avais peur que ce moment n'arrive pas. je m'accroche à sa nuque comme si ma vie en dépendait, je demande que son corps soit collé au mien. ce qu'il accepte plus que volontiers. je retrouve les mêmes sensations que celles procuraient à la plage... sans avoir froid à cause de l'eau. au contraire, je meurs de chaud.
mathieu passe ses bras autour de ma taille et inverse les rôles rapidement. je me retrouve à califourchon sur lui, on ne décolle pourtant à aucun moment nos lèvres. plus rien ne se passe dans ma tête, c'est le vide complet. je profite simplement de l'instant et de lui.
on finit pourtant par être à court d'air, et nous séparons pour reprendre notre souffle. je ne peux pas m'empêcher de sourire comme une débile, en cherchant son regard. il semble être dans le même état second.
- tu me rends vraiment fou, hayek.
il avoue en tenant fermement ma nuque d'une main, alors que l'autre repose sur ma hanche. alors ça y est? on est vraiment entrain de le faire? enfin?
