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dix minutes qu'il me suit en voiture. je veux même pas savoir comment il m'a trouvé, pour commencer. je sais juste que j'suis à deux doigts de lui balancer le premier gros cailloux que je trouve. peut-être qu'il comprendra enfin que je ne veux aucunement lui parler.
- s'il te plaît eïz...
- va te faire foutre!
je peux pas être plus clair.
cela fait seulement quelques heures, mais j'ai l'impression que cette annonce ne compte pas quitter mon cerveau. chris a tenté de me tromper. moi, eïza. la fille qui a tout donné pour lui, tout stoppé pour lui. reniée mes principes pour lui.
me tromper avec gala.
non seulement mon amie, mais une fille que j'admire autant physiquement que mentalement.
j'ai mal.
pour plein de raisons. et de partout.
il me dégoûte. à un point inimaginable. juste m'imaginer l'embrasser hier soir me donne envie de gerber. alors que monsieur tentait encore, en parallèle, de se faire une de mes meilleures amies.
- putain! mais laisse-moi m'expliquer.
il me dit, en s'énervant au volant. de temps à autre, les voitures derrière lui n'hésitent pas à le doubler. il bloque la circulation. il me bloque.
quel boulet pour le monde entier, au final. des années de relation qui s'envolent.
- je m'en fous! y'a rien à expliquer, c'est mort! tu savais très bien dans quoi tu t'embarquais!
- mais on peut pas foutre notre mariage en l'air eïza!
il me dit, incrédule. comme si tout était aussi simple. oh bah oui. bien sûr mon amour... cette bague autour de mon doigt te donne tous les droits.
je rêve...
- y'a pas de mariage! y'en a plus! tu m'entends?! il reste que des putains mensonges! tes mensonges! t'es un fils de pute, et j'pèse même pas mes mots!
la mère de chris m'a toujours détesté. toute sa famille, pour être honnête. parce que je n'étais pas la belle fille idéale qu'ils s'étaient imaginés. je ne suis pas clair de peau, avec de longs et beaux cheveux blonds, ou châtain à la limite. je ne m'habille pas comme si j'allais sur un terrain de tennis ou dans un tribunal. je ne suis pas un chemin professionnel qu'ils considèrent comme « traditionnel » et « valorisant ».
ils me détestaient. ils me détestent.
et le sentiment à finit par être mutuel, à force de me prendre mille et une réflexions racistes aux dîners de famille. en y réfléchissant, je me demande pourquoi chris à persévérer pour mettre ce mariage sur pied. pour se lancer dans un tel projet avec moi.
pour au final, vouloir me tromper. j'ai perdu du temps, tout autant que lui.
- dégage! avant j'appelle la police, t'es entrain de me suivre depuis un quart d'heure!
- eïza... je t'aime, c'est toi que j'aime...
heureusement pour moi, je vais bientôt atteindre mon immeuble. je prie seulement pour qu'il ne descende pas de sa voiture, et poursuive notre altercation. je veux juste m'enfermer et ne plus entendre parler de lui. plus jamais.
