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dès lors où ses lèvres se sont posées sur les miennes, j'ai réellement hésité à la repousser. simplement parce que cela n'avait rien à voir avec notre vieux premier baiser, au collège.
là on était des adultes. un peu plus capable d'exprimer nos désirs et nos pensées. mais je me doute bien qu'elle est évidemment plus à l'aise pour exprimer ses envies. maintenant du moins. la preuve : c'est elle qui vient de franchir toutes les barrières installées entre nous.
j'avais déjà ressenti un picotement la première fois. mais là, c'est autre chose. plus intense.
c'est bien plus qu'embrasser une fille qu'on trouve pas mal. bien plus qu'embrasser une fille qui peut vous rendre fou par moments. par ses piques, sa beauté ou même ses manières.
au final c'est surtout embrasser la toute première fille qui a marqué mon esprit. c'est la vouloir toujours plus proche de moi. aussi proche que l'eau salée qui nous entoure à présent.
ses bras entourent ma nuque avec une détermination incroyable. je me demande si elle s'est retenu autant que moi, jusque-là.
si seulement je pouvais revenir quelques mois en arrière pour rassurer ma personne du passé, lors de cette fameuse pool party. lui expliquer que c'est qu'une question de temps avant que je n'obtienne celle qui m'intéresse autant. moi qui était venu à cette soirée, juste pour la revoir.
mais je dois aussi avouer l'avoir immédiatement détesté, pour être passé à autre chose. pour avoir fait sa vie.
c'est égoïste.
pour quel motif? de quel droit? aucun.
j'étais également passé à autre chose en quelque sorte, à un moment donné. j'avais fréquenté d'autres filles, appréciait certaines. mais rien de sérieux au final, personne ne m'avait réellement marqué.
dès le moment où nos chemins s'étaient séparés, je l'ai détesté.
et c'est en pensant retrouver notre complicité lors de cette soirée, que je l'ai au final encore plus détesté. pour la première fois depuis longtemps, je me trouvais en position d'infériorité.
elle avait définitivement changé.
elle avait perdu son sourire niais, elle s'était attaché à un de ces mecs qu'elle détestait quelques années en arrière pour au final qu'elle ne m'évoque plus rien.
elle n'était plus si timide. elle m'était directement rentrée dedans, d'ailleurs. j'avais été perturbé. comme jamais.
perturbé de voir qu'elle pouvait me repousser comme m'attirer en même temps.
sur le moment, la détestait me semblait plus facile que l'appréciait.
elle avait été pendant toute une époque la seule fille que je regardais sans haine. sans préjugés.
alors oui, quand elle a pris une voie un peu plus sophistiquée que la mienne, j'ai paniqué. je me voyais mal terminer avec elle. en même temps, vers quatorze quinze ans on a peur de tout. du futur, du destin, des conséquences.
moi c'est d'elle dont j'avais surtout peur.
peur du contrôle qu'elle exerçait sans le vouloir sur moi. peur qu'elle arrête de me parler si j'étais trop proche d'une meuf. ou elle d'un mec.
elle ralentit la cadence de notre échange, mais je suis loin d'être rassasié. j'en rêve depuis beaucoup trop longtemps pour arrêter là. et je lui fais comprendre en serrant un peu plus fermement ses hanches. elle lâche un hoquet de surprise, et je la sens sourire contre mes lèvres. me dire que je suis responsable de cet effet me fait également sourire comme un gamin.
eïza éloigne son visage du mien, pour chercher mon regard. même si tout est sombre autour de nous, son sourire plus sincère que jamais, éclaire tout. et je suis heureux d'en être responsable.
- décidément, je découvre toujours de nouvelles sensations avec toi.
elle m'explique avec une pointe de gène, en faisant allusion à notre premier baiser. comme quoi j'allais lui faire découvrir des sensations.
si seulement elle savait que ces sensations, ce n'est qu'avec elle que je l'ai ressent aussi.
- on rentre? sinon on risque de choper la crève.
avec un corps aussi brûlant près du mien, il était impossible d'attraper froid. mais je cherche juste une excuse pour rentrer à l'hôtel, et continuer notre échange plus sérieusement. méticuleusement.
elle hoche la tête et dépose un dernier baiser sur mes lèvres.
- le dernier sur la plage commande et paye des glaces au room service!
gueule t-elle avant de courir de manière ridicule dans l'eau.
