5. "I'm gonna love you, like I'm gonna lose you."

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- On pouvait être tout ce qu'on voulait être, alors dis moi, pourquoi on a choisis d'être des idiots ?  

         Lou et Ashton se sont regardés instantanément, avant d'exploser de rire, me laissant seul avec mes réflexions absurdes. Dans mes mains, je tenais fermement le carton qu'on m'avait imposé, et je tentais bien entendu de faire une tête des plus nonchalantes pour que personne n'ait l'idée de venir à ma rencontre.

        Lou enchaînait les beaux garçons, bien trop heureux de pouvoir serrer dans leur bras une jolie fille sans avoir à débourser une fortune en restaurant et babioles. Quand à Ashton, c'était les vieilles qu'il attirait, et elles ne se gênaient pas pour saisir ses joues et marmonner des choses qu'on ne comprend qu'après soixante ans. Moi, elles me regardaient avec dédains, comme si je n'étais pas assez bien pour apporter un tant soit peu d'amour dans leurs vies vides de sens. 

        Il faut dire que je ne faisais aucun effort, et que Lou me le disait toutes les cinq minutes. Mais je ne voyais aucun intérêt à tout ceci ! Qui plus est, le carton où Lou avait passé des heures à écrire "Free Hugs" commençait à légérement me faire mal au bras. 

        Le soleil était au moins au rendez-vous : le comble aurait été qu'il fasse un temps de chien le jour où on m'obligeait à être un ours en peluche, que toutes personnes ayant des bras pouvaient utiliser à sa guise.

        Cette dernière pensée me donnait des frissons. 

- Je vais acheter le quatre heures les gars, qui veut quoi ? se proposa Ashton. 

        Lou déposa un tendre baiser sur sa joue avant de lui souffler qu'il n'avait qu'à choisir lui même ce qu'elle prendrait, mais que si ce n'était pas quelque chose avec du chocolat, elle lui ferait la tête. Moi, je lui ai simplement demandé un café, et un cookie, si possible énorme, parce que faire des câlins, c'est hyper fatiguant n'empêche ! 

        Il nous laissa son carton, et on décida de faire une pause en l'attendant. Lou accepta, consciente qu'il n'y avait que le bouclé pour la soutenir dans cette joie absurde d'enlacer des inconnus. 

        Mais j'imagine que c'est ça l'amitié, faire des choses qu'on n'aime pas dans le simple but d'être avec les gens qu'on aime. 

- Fais pas la tête chaton, c'est mon dernier jour ! se plaignit-elle avant de passer ses bras autour de ma taille.

        Elle installa sa tête dans le creux de mon dos, tandis que mes mains vinrent à la rencontre des siennes sur mon torse. J'avais beau détester l'idée de tenir un fichu carton permettant à quiconque de me voler un instant d'intimité, je détestais plus encore l'idée de savoir que ma meilleure amie s'en allait une énième fois à l'autre bout du monde, pour Dieu seul sait combien de temps. 

        Qui plus est qu'elle détestait les messages, où toute forme de contact social qui ne soit pas direct. Je ne pouvais alors pas me raccrocher à l'idée d'avoir de ses nouvelles régulièrement ! 

        C'est sans doute ce que je détestais le plus : ne pas savoir comment elle va, où elle est, ce qu'elle fait, si les gens qui sont avec elle la traitent avec respect...  

        Mais j'imagine encore une fois que c'est ça l'amitié : laisser les gens qu'on n'aime agir stupidement parce qu'on sait que c'est ce qui les rend heureux. 

- Tu vas me manquer Lou ! 

- Toi aussi M, mais promit, dés que je verrais une belle fille, je penserais à toi ! 

        Et elle se mit à rire, fière de sa blague qui était à mes yeux, bien douteuse. Le pire, je le crains, c'est qu'elle serait réellement capable de le faire, penser à moi devant chaque belle fille qu'elle croiserait, et que pendant des semaines, des mois, ce ne seront que des formes et des visages étrangers qui me rattacheront à ma meilleure amie.

Who knows ? [5sos]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant