BLOODSTORM

EPISODE 7

Dans la nuit qui commençait à s'assoupir, une camionnette de couleur noire circula sur les axes routiers de la ville. A cette heure matinale, peu de monde bifurquait sur les kilomètres de goudrons et malgré les phares allumés on pouvait distinguer la lumière du jour enlever la noirceur de la nuit. De loin, toute personne qui croise ce véhicule savait pertinemment dans quelle direction il se dirigeait : le château présidentiel.

À cette période de l'année, l'avis de la population était mitigé face à ce défilé incessant de camionnettes noires comme celle-ci. C'était inconcevable pour certains citoyens, que le président Naar organise de grandes fêtes majestueuses, dans le confort et luxe. Les habitants sont en première ligne de pauvreté, de manque d'hygiène et de manque de moyens pour reconstruire un endroit confortable pour y loger. Beaucoup d'entre eux sont persuadés que baisser sa garde vis-à-vis des intelligences artificielles peut mener à la guerre et l'extinction de la race humaine.

Pour d'autre, il fallait maintenir cette majestueuse soirée. C'était une occasion pour toute personne luttant jour et nuit contre ces nouvelles technologies dévastatrices de pouvoir échanger sur leurs recherches tout en essayant de se détendre. C'est aussi une occasion pour se rencontrer et monter à notre ennemi commun que tous les êtres humains sont liés, que nous n'avons aucunement peur.

Et pourtant, aucun signe de fête n'était présent à l'arrière du véhicule qui traversait la ville.

Personne à part le chauffeur, qu'on ne pouvait distinguer derrière les vitres teintées, était en connaissance de ce qu'il y avait dans son véhicule et nul n'aurait pu se douter que ce dernier ne contenait en aucun cas un élément du grand bal de ce soir. Attachés par des menottes et bloqués par une barre de fer tenue au plafond de la camionnette, les deux squatteurs au sang rouge vifs se regardaient dans le blanc des yeux. Leurs regards perdus montraient à quel point ils étaient incompréhensifs face à la tournure que prenait le destin avec leurs vies.

Pourquoi étaient-ils toujours en vie ? Pourquoi n'ont-ils pas subis le programme SRV-2.1.4 ? Leurs vies, bien que soient futiles sur cette immense planète, avaient été prises en considération par le président du continent le plus puissant. Une lueur d'espoir accompagnait le regard qu'ils pouvaient s'échanger depuis le début de leur voyage dans cette camionnette... Et si le président les épargnait du triste sort auquel ils sont destinés par la couleur de leur sang ?

Le véhicule dans lequel ils passèrent leur voyage, arriva enfin à destination. Le chauffeur s'introduit avec son véhicule dans une immense cour de château : l'habitat du président Naar.

Avec les guerres technologiques et humaines, non sans conséquences produites partout dans le monde, le château présidentiel était resté complètement intact. Ce château inspire pouvoir et prospérité depuis des générations et des générations, et c'est très étonnamment pour tous, que la bâtisse garde toute sa splendeur d'antan. Depuis le treizième siècle, les fondations du château restent debout, prête à affronter un autre tournant de l'histoire du monde.

Un esprit de renaissance se fait sentir dans les murs de la demeure, comme pour un témoignage d'une histoire qui se recommence encore et encore. Autrefois, avant la guerre entre les humains et les intelligences artificielles, le château était un symbole de paix au centre de la ville, où sa cour, ses remparts et ses douves étaient accessibles pour toutes personnes. A cette époque, on n'avait aucunement cette crainte qui se fait sentir aujourd'hui dans la société du vingt-deuxième siècle : on se sentait libres.

Cette liberté d'entrer dans ce château si significatif n'était plus une chose d'actualité. Cette bâtisse au fil des mouvements historiques est redevenue une forteresse militaire et un lieu de résidence pour les présidents qui se succèdent. Fort heureusement, depuis une trentaine d'années, le président Naar gérait parfaitement la situation entre humains et intelligences artificielles. Malgré ses goûts prononcés pour les fêtes majestueuses et son avidité de pouvoir, les citoyens de New-York lui en étaient très reconnaissants des mesures qu'il a su prendre pour leur survie et leur protection. Ainsi, cette force était son point fort face à des concurrents qui ne pouvaient lui arriver aux chevilles. Ce n'était même plus étonnant de se dire que Naar est sur le siège de la présidentiel depuis trois décennies.