They don't know about us - Internet friendship

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TGV : Lyon, Perrache – Paris, Gare du Nord.

Environ 392 kilomètres.

Je suis assise dans ce train, entourée de deux de mes meilleures amies. Comme toujours, je ne peux m'empêcher de coller mon nez à la vitre pour voir le paysage défiler à toute allure.

392 kilomètre de rails traversant des champs et des villes.

Dans mon dos, j'entends le chahut qu'elles font. De temps à autre, je me retourne vers elles et leur adresse un sourire, pour leur montrer que malgré mon silence je partage leur excitation.

392 kilomètres qui séparent des hommes et des femmes.

Mon silence peut paraître étrange, mais il cache seulement une immense joie. Quand je pose mon regard sur elles, l'émotion m'envahit. Voir le bonheur qui anime leurs prunelles fait perler les larmes à mes yeux, car il n'y a rien qui me rend plus heureuse que de les voir ainsi sourire.

392 kilomètres qui séparent des familles.

Elles vont vivre le plus beau jour de leur vie après de nombreux sacrifices. Tellement d'heures de travail acharné pour pouvoir récolter cette maudite somme... Je me serais battue jusqu'au dernier centime pour tenir ma promesse. « Je vous le promets, un jour on ira les voir ensemble. En vrai, pas juste au ciné. On se rendra devant le Stade de France, on criera, on chantera, on rira avec eux et des milliers d'autres Directioners. Promis. »

392 kilomètres et un rêve.

J'avais tellement eu peur d'échouer une fois de plus... Je ferme les yeux, il faut vraiment que j'arrête de penser à ça. Tout ça est fini, on a réussi, ce soir elles vivront sans doute les plus belles heures de leur existence.

392 kilomètres et deux promesses.

A ce moment-là, une vive crampe vient me retourner l'estomac. L'émotion, le stress, la nervosité sans doute liée à ma seconde promesse... Dans quelques heures, je vais la rencontrer. Je vais voir celle qui depuis quasiment deux ans fait exploser mon quotta de sms, m'a rendu accro à Twitter, passe des heures en Skype avec moi, qui ruine mon forfait. Elle, c'est celle que je surnomme Crazy ou encore Poulette, uniquement des surnoms exotiques bien entendus. En réalité, elle porte le joli prénom de Clara.

392 kilomètres et des heures pour faire naître des souvenirs inoubliables.

Je me souviens, comme si c'était hier, des paroles de ceux qui m'aiment, me mettant en garde contre les dangers d'internet.

« Attention, tu ne sais pas qui se cache derrière l'autre écran. »

« Attention, c'est peut-être un pédophile. »

« Attention, tout ça n'est que fictif, tu t'attaches trop vite. L'amitié à travers un ordinateur ne peut pas exister. »

*People say we shouldn't be together*

Sauf que je connaissais déjà ces risques. Et puis à quoi bon s'en soucier quand une petite voix me soufflait à l'oreille, « cette Clara a quelque chose de différent. Tu le sens et tu le sais, alors à quoi bon le nier ? ». Elle arrivait à lire ma tristesse à travers un sms, alors que mes amis croyaient au sourire sur mon visage, voilà pourquoi je lui ai accordée ma confiance.

J'avais réussi à faire taire les mauvaises langues, car notre amitié durait. Or, dans notre société actuelle, les belles histoires n'intéressent personnes. Les critiques revinrent, mais différentes.

« D'ici deux ou trois ans, vous ne vous parlerez même plus. »

« Vous allez grandir et vous oublier. »

Every song tells us a story ||| OS song-fictionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant