Every song tells us a story ||| OS song-fiction

Like A Man (pf) - Louis Tomlinson

Dès qu’un rayon de soleil s’immisça entre les nuages épais, Brooke empoigna la main de sa jeune sœur et l’entraîna dehors. Camille la suivit, courant le nez en l’air pour regarder le ciel reprendre sa couleur azur. Tout l’après midi, elles avaient attendu avec impatience une accalmie et ainsi pouvoir aller se défouler au square.

-Oh non… les balançoires sont toutes mouillées…, se lamenta l’aînée.

-Ce n’est pas bien grave, regarde.

Camille prit le bord de sa robe et s’en servit pour essuyer les sièges de leur jeu favori.

-Camille ! Ta robe ! Maman ne va pas être contente… Tu vas encore te faire punir.

La petite brune haussa les épaules. Qu’importe les remontrances de sa mère, pour l’instant elle allait pouvoir s’amuser.

Les deux fillettes prirent place en évitant soigneusement les flaques d’eau. Elles adoraient ce jouet, car si elles fermaient les yeux, elles pouvaient sentir des ailes pousser dans leurs dos. Le vent soulevait leurs cheveux, les faisant virevolter de tous les côtés. Seulement, la jeune Camille ne pouvait jamais aller aussi haut que sa grande sœur. Elle s’arrêtait alors, les pieds pendants à quelques centimètres au-dessus de l’eau, pour la regarder se balancer gracieusement. Vite lassée par ce spectacle, un autre finit par attirer son attention : celui des garçons jouant au foot un peu plus loin. Un grand sourire s’étira sur ses lèvres. Leur jeu avait l’air drôlement plus amusant. Avec admiration, elle suivait le parcours de la balle totalement contrôlé. De loin, elle crut d’ailleurs reconnaître la silhouette de Louis, leur jeune voisin.

-Dis Brooke, je peux aller jouer au ballon avec Louis ?

Brooke stoppa net son ballet aérien pour dévisager sa jeune sœur. Elle cligna des yeux comme si cette question était la plus absurde qu’elle ait pu entendre au monde.

-Tu as vraiment de drôle d’idées toi, dit-elle ironiquement. Pourquoi veux-tu aller jouer au foot ?

-Bah… Je sais pas… ça a l’air drôle. Moi aussi je voudrais essayer de faire comme eux.

-Sauf que tu ne peux pas faire comme eux Camille. Tu n’iras pas jouer avec eux.

-Mais… Mais pourquoi ?, demanda-t-elle d’une petite voix penaude.

-Parce que… Descends de ta balançoire, je vais te montrer quelque chose.

La petite fille s’exécuta aussitôt. Brooke se plaça à côté d’elle, les yeux rivés sur les flaques. Du haut de ses onze ans, elle était déjà très intelligente et réfléchie, tout le contraire de Camille, qui elle était beaucoup plus impulsive et curieuse.

[cf Photo]

-Qu’est-ce que tu vois dans l’eau ?

-Bah… Moi.

-Exactement. Tu te vois, toi, Camille Forrester. Et qui es-tu plus précisément ?

-Euh…

La brunette ne savait plus quoi répondre. Décontenancée par ces questions, elle ne comprenait pas où sa sœur voulait en venir.

-Tu es une fille Camille. Une fille. Une fille ne joue pas au foot, mais à la poupée ou à la dînette. Le foot, c’est réservé aux garçons, or tu n’en es pas un.

Camille ne dit plus rien, contemplant la pâle image qu’elle avait d’elle. A travers ses yeux noirs de jais brillait une lueur de sage innocence. Elle avait du mal à saisir les paroles de Brooke. Pourquoi devrait-elle s’ennuyer avec une poupée inanimée quand le foot avait l’air d’être un jeu bien plus vivant ? Pourquoi, parce qu’elle était une fille, n’avait-elle pas le droit d’avoir un ballon ? Pourquoi était-ce interdit ? Ne lui avait-on pourtant pas enseigné que tous êtres humains étaient libres de faire ce dont il avait envie ? Ses mains se crispèrent sur ses hanches. Elle n’aimait pas le reflet du petit être frêle que lui renvoyait la flaque d’eau. Elle désirait pouvoir faire ce qu’elle voulait. Elle souhait être libre.