▫️Chapitre 5

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🏵️ Frangipanier 🏵️

Non, ça doit être une blague... Ce n'est pas possible autrement. À moins que le sort ait réellement décidé de s'acharner sur moi, aujourd'hui.

J'essaie de me reprendre et termine mon avancée, comme si mon cœur ne jouait pas un rythme sauvage de tambour sous ma cage thoracique.

Bien content que les poignées de mains ne soient plus de rigueur, les miennes plongent dans les poches de mon jogging pour cacher leur moiteur. J'opine en arrivant à la hauteur des plans de frangipaniers bordant notre garage, ma mère lance gaiement.

— Je te présente mon fils, Christopher.

Au moins une qui se réjouit de ce moment.

— Bonjour, lance-t-il de façon détendue et le regard toujours aussi direct.

— Salut.

Je sais que lui aussi me reconnaît...

Quelles étaient les chances pour que ce mec soit le neveu d'Arold ? Franchement. Je conçois que la Guadeloupe soit petite, mais tout de même !

— Toto, reprend ma mère, voici Cyril. Je ne me rappellais pas de quel neveu il s'agissait parce qu'on ne s'est vu qu'une fois. C'était pour l'anniversaire de Rosa, il y a deux ans. Toi tu n'étais pas là de toute façon, donc tu ne le connais peut-être pas.

Ah, si si. Plus que toi M'man... Mais pourquoi elle est dans une si grande joie alors qu'elle le connaît à peine ? C'est trop bizarre. En plus, je suis pétrifié à l'idée qu'il dise quelque chose au sujet de notre entrevue de cette nuit. Ce serait littéralement catastrophique.

Ma crainte d'être exposé anesthésie mon cerveau. Je peine à suivre leur conversation.

Le fait qu'il soit là ne me dérange pas outre mesure, c'est juste qu'il n'est pas au courant que je suis encore ''dans le placard''. Ce n'est pas un sujet qu'on a abordé. Puis c'est ma vie privée, ça ne le concerne pas. Mais maintenant je me dis que j'aurais dû le mettre au courant. Ça m'aurait évité de stresser comme un gamin attendant qu'on découvre sa culpabilité dans un méfait quelconque.

Cyril tape la discute avec ma mère, qui le conduit à la serre armée de sa bonne humeur. Je les suis sans intervenir et elle explique vaillamment son encontre avec les voleurs de la dernière fois, avant de conclure.

— Je voudrais que mes plantes soient protégées, aussi bien des intempéries que des personnes malhonnêtes ! Je suis herboriste, cette petite serre est mon gagne pain. Ce sera peut-être un jour celui d'un de mes enfants et je ne veux plus que leur héritage se fasse saccager.

— Je comprends, Mme Dolumeau. On va voir ce qu'on peut faire.

Il est toujours aussi calme et avenant.

— Oh, tu peux m'appeler Nadine jeune homme.

— D'accord.

Le léger rire qu'a Cyril me donne des frissons.

Mon corps se rappelle trop bien de son souffle sur ma peau et de ses murmures au creux de mon oreille. Je me remémore aussi les choses que je lui ai dites... S'il accepte ce boulot on va être amenés à se côtoyer. La honte ! J'ai envie de creuser un trou pour m'y cacher.

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