— C'est pas moi le pire Swann. Ta sœur est là.
Swann dévisagea Tristan comme s'il venait de voir un fantôme. Déjà qu'il avait terriblement honte de se retrouver face à son meilleur ami après ce qu'il s'était passé, mais alors sa sœur !
— On aura une discussion plus tard, elle m'a presque arraché les yeux parce que j'ai réussi à te voir avant elle.
Swann soupira en se laissant tomber contre le dossier de son lit d'hôpital, légèrement relevé à la verticale, tandis que Tristan se dirigeait vers la porte. Aujourd'hui, pas de blague, pas de leçon de morale, aucune réaction de sa part. Et c'est ce qui inquiétait le plus Swann.
Rapidement, Scylla prit la place de Tristan. Elle entra d'abord doucement dans la chambre en refermant la porte derrière elle avec le plus de délicatesse possible. Puis elle se retourna au ralenti vers son jeune frère. Son expression était impassible, ses cheveux blonds légèrement bouclés retombaient en cascade sur ses épaules et ses yeux verts, identiques à ceux de Swann, ne laissaient transparaître aucune émotion. Elle pinça les lèvres en fermant les yeux, puis, s'approcha du lit.
— Une overdose, rien que ça ? Une putain d'overdose Swann ?!
Le principal intéressé se renfrogna en baissant la tête tel un gamin pris en faute. Il n'en menait pas large.
— J'ai même pas envie de m'énerver contre toi parce que je vais gâcher mon énergie pour rien, mais bon sang, t'as quoi dans la tête ?! T'aurais pu y rester imbécile ! Tu te rends compte ? Si ton pote n'avait pas eu les bons réflexes tu serais mort étouffé dans ton vomi !
Scylla marqua une pause pour respirer.
— Papa et maman ne savent rien. Je ne leur ai rien dit parce que c'est toi qui vas leur dire. On monte les voir dimanche prochain et t'as plutôt intérêt à être devant chez moi à 08h00 pile. Je vais m'en aller parce que si je reste plus longtemps ici je vais finir par te tuer de mes propres mains.
Sur ce, la jeune femme quitta la pièce en claquant la porte derrière elle, contrairement à son arrivée. Swann souffla enfin et enfouit sa tête dans le gros coussin de l'hôpital en lâchant un grognement. Il ne craignait pas vraiment ses parents, mais il avait peur de ce qu'ils allaient penser. Les connaissant, ils allaient croire que Swann avait tenté de mettre fin à ses jours.
Quelqu'un toqua alors à la porte. Swann ne prit pas la peine de se redresser et ordonna à la personne d'entrer.
— Tu nous as fait une de ces peurs !
Il prit enfin la peine de dégager son visage et croisa le regard de Elouan qui le fixait, un grand sourire aux lèvres.
Celui-ci s'installa sur le siège à côté du lit de son ami en soupirant de satisfaction.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Swann.
— J'adore les hôpitaux ! s'exclama le plus vieux.
— Quoi ? T'aimes voir des malades, des gens au bord de la mort et des enfants en fauteuil roulant ?
— Il n'y a pas que le mauvais côté dans les hôpitaux ! Il y aussi les gens qui guérissent, les enfants qui naissent, les personnes qui reçoivent un nouvel organe et qui pourront vivre plus longtemps !
— Si les personnes sont guéries, elles ne sont plus à l'hôpital, argumenta Swann.
— Ben, il faut bien que le médecin leur annonce la guérison.
— Mouais.
Il y eut une courte pause, puis Elouan reprit :
— Qu'est-ce que tu as dit à ta sœur ? Elle était au bord de la crise de nerfs en sortant.
— Je n'ai pas besoin de lui dire quoi que ce soit pour qu'elle se mette dans cet état, déclara Swann en levant les yeux au ciel.
— Tu sors quand ?
— Demain matin, mais je pourrai pas aller à la fac, expliqua-t-il en levant sa main encore blessée pour justifier ses propos.
Une heure plus tard, Elouan quitta à son tour l'hôpital pour rentrer chez lui. La nuit commençait à tomber et Swann chercha son téléphone. Il prit deux bonnes minutes à envoyer un message à Tristan pour s'excuser du lapin. En même temps, pas facile avec une seule main, la gauche en plus.
Il attendit plusieurs minutes devant son portable mais aucune réponse ne venait. Swann posa son téléphone à côté de lui et ferma les yeux en s'installant plus confortablement dans le lit.
« 08h00 Swann, tu n'as pas intérêt à oublier. »
Swann lut le message de sa sœur en soupirant. Une semaine était passée depuis sa sortie de l'hôpital. C'était samedi soir, et, le lendemain, il devrait faire face à ses parents. Il avait pu retourner à la fac depuis, sa main était presque complètement rétablie. Quant à Tristan, il n'avait même pas cherché à lui parler. Swann avait trouvé ça bizarre, mais il avait finit par se dire qu'il était sûrement encore en colère. Ça lui passerait.
On aurait sûrement pu se demander ce que Swann faisait chez lui à cette heure, un samedi soir. Mais depuis son hospitalisation, ses amis le surveillaient de près et il préférait attendre que la tempête passe avant de reprendre les soirées.
Le jeune homme alla directement se coucher, de peur de céder à la tentation ou de ne pas se réveiller à l'heure. Il avait activé une dizaine d'alarmes, qui sonneraient toutes les minutes à partir de 06h40 le lendemain matin.
À 8h00 tapantes, Swann attendait devant le petit portail de la maison de Scylla. Son regard s'attardait sur les fleurs de son jardin qui repoussaient doucement. Celle-ci ne tarda pas à le rejoindre, après avoir fermé la porte d'entrée en rangeant quelques affaires dans son sac. Elle ouvrit sa voiture et fit signe à son petit frère de s'y installer.
— Bon, t'as déjà réfléchi à ce que tu vas leur dire ? demanda-t-elle en attachant sa ceinture.
Swann haussa les épaules pour toute réponse et, par miracle, Scylla n'ajouta rien.
— Tu t'es pris quelque chose à grignoter ? On en a pour une heure de route je te rappelle.
— Je peux bien passer une heure sans manger Scylla, soupira-t-il en levant les yeux au ciel.
— Ok, rien oublié ? On est partis ?
Swann hocha la tête et sa sœur démarra la voiture en allumant la radio.
VOUS LISEZ
Risibles Amours
Teen FictionJe connais les risques de l'amour mais j'ai toujours l'amour du risque... Cover réalisée par la talentueuse @romane665 ✶