Risibles Amours

12 : Car vous pouvez être mille personnes possibles

    Je te vois te construire dans la destruction
As-tu peur qu'on retrouve en toi l'enfant qui se fraie un chemin dans la pénombre ?
Je crois que la souffrance inspire tes mots et incarne tes sons
Comme si ce partage te rapprochait des gens
Qu'à cet instant tu n'étais plus seul au monde
À contacter en l'autre ce qui t'incendie
Au cœur du mal, tu retrouves ce qui t'inspires
Tu crois que Dieu s'éloigne, mais je l'entends quand tu me parles de lui
Il t'accompagne dans la douleur et te laisse quelques indices
Lorsque tu roules la nuit et qu'un lampadaire scintille

(your.nash - 19h76)

« Salut toi ! Ça te dit qu'on se revoit cette
semaine ? ».

    Voilà dix bonnes minutes que Swann relisait le message en tentant de se rappeler du visage de la blonde qui s'était pointée dans ses DM. Pourtant, plus il observait ses traits banaux, plus la liste de prénoms qui pourraient être celui de la jeune fille s'allongeait. Anna ? Mäe ? Justine ? Aucun indice dans son pseudo : @lapetitegrenouille51.

    Il laissa tomber son téléphone en soufflant et se couvrit le visage en s'enfonçant sous sa couverture, tel un enfant.

    Le jeune homme n'avait pas fermé l'œil. Après la nuit mouvementée d'hier, il était directement parti sous la couette. Mais c'était sans compter sur ses pensées qui étaient de retour pour l'importuner. En s'allongeant dans son lit, les événements de la soirée au bar avec cette fille étrange se jouaient en boucle dans sa tête. Comme s'il venait de vivre la scène.

    Swann grogna en entendant la sonnette de l'entrée résonner sans relâche pendant au moins une quinzaine de secondes.

    Il rassembla le peu de courage qu'il lui restait pour se lever en enfilant le premier teeshirt venu. Swann se demande de qui il s'agirait cette fois. Sa presque adorable grande sœur ? Un Tristan avec une nouvelle infusion ? Ou alors un Elouan encore un peu trop bourré de la veille ? Ce dernier se laissait trop souvent tenter par des doses effrayantes d'alcool pour quelqu'un qui le tenait très peu.

    Il s'était sûrement attendu à tous, sauf à elle.

    Lorsqu'il ouvrit la porte en lâchant un soupir – témoin de son humeur massacrante, – une jolie chevelure dorée lui fit face. Il n'en croyait pas ses yeux.

— Ouf ! C'est bien toi Swann du jus de pomme, n'est-ce pas ? J'avais peur de me tromper pour la troisième fois !

— Hava ? prononça-t-il enfin en tentant de masquer sa gêne, s'étant rendu compte de la tenue peu flatteuse dans laquelle il venait de lui ouvrir.

    La rayonnante jeune femme portait un joli chemisier blanc, dont elle avait légèrement replié les manches sur ses avant-bras, ainsi qu'un short en jean et quelques bracelets qui tintaient lorsqu'elle agitait son poignet. Elle lui sourit gentiment devant son air d'incompréhension et se mit à fouiller dans son sac.

— Excuse-moi de t'avoir réveillé ! J'ai voulu venir avant mais je n'ai pas trouvé le temps. Puis aujourd'hui, je dois faire ma journée au resto. Ah, la voilà !

    Elle cessa enfin sa fouille et ouvrit sa paume devant elle.

— Tu avais oublié ça l'autre soir.

    Le regard curieux de Swann tomba sur la précieuse bague que Ellie lui avait offert lors de son quinzième anniversaire. Il ne la portait jamais à son doigt, par peur de l'abîmer, mais la gardait toujours sur lui. Comme un porte bonheur, ou un ultime signe de sa présence.