11 : Avoir des envies de garçon s'est transformé en jeu lassant

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Et une nuit, l'océan
L'eau me recouvrait au fur et à mesure que mes pas s'avançaient
Je me laissais avaler par les vagues jusqu'à m'y perdre entièrement, dans une danse dont je n'ai aucune seconde été maître
Une transe que je ne comprenais pas mais que je laissais m'emporter
J'ai pensé aux variations de l'eau et à ses deux visages :
«Violent torrent» ou «marée apaisée»
Et moi, lequel ?
J'attendais ma dissolution complète. Moi, le rien dans ce tout déchainé, et cette nuit ne m'a jamais quitté, j'ai emporté avec moi une morceau de cet océan
Maya

(your.nash - maya)







    Vendredi, fin de semaine. Ce jour, Swann l'avait indéniablement redouté. D'autant plus que Léonard fêtait en cette soirée ses vingt-trois, déjà longues, années de vie.

Depuis la conversation avec sa sœur, Swann semblait appréhender tout ce qu'il avait pourtant l'habitude de faire. Serait-il capable de se contrôler ce soir ? Est-ce que Scylla lui en voudrait ? Après tout, c'était l'anniversaire de son ami, il n'allait quand même pas rater ça.

Bon, aller. S'il restait planté sur ce canapé, il n'aurait pas finit de se poser des questions.

Swann monta à l'étage pour prendre une douche. Il attrapa le premier t-shirt qui lui passa sous la main, enfila ses chaussures dans l'entrée et bu un dernier verre d'eau avant de quitter son chez soi.

En marchant dans les rues de la ville, son angoisse retomba légèrement. Il observa les passants faire leur vie en cette fin de journée. Une maman débordée parlait au téléphone, tout en tenant la main de son enfant en pleurs, qui pointait du doigt un magasin de bonbon prêt de l'arrêt de tram. Un groupe de lycéens pénétrèrent dans le centre commercial en riant et parlant fort, attirant les regards des nombreux promeneurs. Un vieil homme sortait du Monoprix juste en face, en tirant difficilement son cadis. Un quinquagénaire était assis au feux rouge, entouré de nombreuses peluches, une boîte de conserve remplie d'à peine quelques misérables pièces, devant lui. Cet homme, il le voyait assis là, dans le froid ou le soleil ardent de l'été, depuis déjà tout petit.

Swann arriva après une vingtaine de minutes. La grande maison qui avait été louée spécialement pour l'occasion était bondée de monde. Le jeune homme était certain que son ami n'en connaissait même pas le quart, après tout, Léo était un être renfermé. Il aimait seulement passer du temps avec ses amis les plus proches et profiter ainsi de la vie.

Il se fraya tant bien que mal un chemin à travers les nombreux inconnus déjà bien éméchés. Et dire que ce n'était que le début de la soirée !

    Après une lutte acharnée contre les corps qui lui tombaient dessus, Swann parvînt finalement à atteindre le salon, où les meubles avaient été écartés pour limiter les dégâts. Il ne chercha pas longtemps avant de trouver le phare de la soirée. Léonard vint dans sa direction dès qu'il aperçut son cadet.

— Swann ! Trop bien que t'es pu venir ! Ça va, ça n'a pas été trop compliqué avec ta sœur ? Tu veux un verre ?

— Joyeux anniversaire Léo ! Non, si elle savait que j'étais là elle m'aurait enterré vivant.

— Ah ouais, ça s'arrange pas on dirait.

— J'ai complètement oublié ton cadeau à l'appart, je suis désolé mec.

    Léo balaya d'un geste ses paroles.

— Tu sais bien que j'en ai rien à foutre des cadeaux. Mon anniv c'est avant tout l'occasion d'être avec tous mes potes et de profiter un max !

— En parlant de ça, tu sais où sont les autres ?

— J'ai vu Elouan et Valentin dans la cuisine. Tristan vient d'arriver, je crois qui est allé les rejoindre et Noé et Logan sont en route. Le reste je sais pas.

— D'accord, j'y vais alors.

— Je vous rejoint quand j'ai fini de faire le tour !

    Swann rejoint le groupe dans la cuisine.

— Hé Swann ! T'as pu venir, trop bien ! s'exclama Elouan avec une expression enjouée.

Il leva son verre en l'air et le tourna vers Léonard qui venait de débarquer. Les garçons trinquèrent aux vingt-trois ans de ce dernier en faisant des blagues en tout genre. La nuit ne faisait que commencer !

Mais bien vite, tout le monde finit par s'éparpiller. La soirée battait son plein et quelques filles croisèrent le chemin de Swann, ceci étant dit, il s'ennuyât bien rapidement. Le groupe d'amis se rendit rapidement à l'évidence : ce n'était pas la soirée rêvée qu'ils avaient tant imaginé.

    Aussi, l'étoile de la soirée débarqua, un sourire contrit aux lèvres ; lui ne s'amusait pas plus que les autres.

— Les gars... On se tire ?

Il ne leur en fallait pas plus pour comprendre qu'ils n'avaient plus rien à faire ici !

    Le groupe de garçons quitta la demeure en fête, embarquant l'organisateur de la soirée, celui pour qui tout le monde était réuni ce soir !

    Ils marchèrent un moment en silence, profitant du calme extérieur. Les rues étaient vides, les lampadaires imposants, unique source de lumière dans cette nuit sans étoile. Ils se retrouvèrent très vite sur la promenade des anglais et descendirent sur la plage de galets, une bière à la main pour certains.

    Mais Valentin, toujours accompagné de son précieux breuvage et à moitié ivre, continua d'avancer jusqu'à l'eau, sous les rires moqueurs de ses amis.

— Val', tu marches pas sur l'eau bouffon ! s'époumona Logan, portant à nouveau la bouteille à ses lèvres.

    Évidemment, Elouan – en tant que pitre du groupe – ne pût s'empêcher d'en faire de même. Il s'élança et plongea la tête la première en criant. Les éclats de rires fusèrent, rompant les discussions animées.

— Oh les gars ! Venez, elle est trop bonne ! s'écria Valentin.

    Jean-Louis et Léonard, prient d'un élan contagieux d'euphorie, furent les prochains à rejoindre la mer dans un chant dissonant synchronisé. Elouan fit de grands signes aux derniers restés sur la plage, Swann et Tristan ne tardèrent pas à se joindre à eux.

— Eh ! Dédicace à Michel Sardou, c'est son anniversaire lui aussi ! relata Noé en s'approchant à son tour de l'eau, levant sa bière en l'air.

Des nuages noirs qui viennent du nord ! Colorent la terre, les lacs, les rivières ! C'est le décor du Connemara ! (...) On y croit encore, aux monstres des lacs, qu'on voit nager certains soirs d'été, et replonger pour l'éternité ! chantèrent-t-ils en cœur.

Léonard continua en solo :

Là-bas au Connemara ! On sait tout le prix de la guerre. Là-bas au Connemara ! On n'accepte pas, la paix des Gallois, ni des rois d'Angleterre !

Le groupe éclata de rire et le chanteur improvisé leur balança de l'eau à la figure.

— Par contre, intervint Tristan, Michel Sardou, il est pas du tout né en mai...



    La baignade improvisée dura quelques minutes, puis le groupe rejoint à nouveau les galets. Les couleurs de l'astre roi s'emparaient déjà du ciel dégagé. Quelques coureurs faisaient leur exercice matinal sur la promenade des anglais. Des personnes âgées profitaient du calme temporaire de la ville. De jeunes étudiants venaient décuver après une longue soirée animée.

    Les garçons, trempés, assistèrent pendant quelques minutes au spectacle avant de se dire qu'il vaudrait mieux rentrer pour éviter un méchant rhume.

    Ils rejoinrent la promenade dans une énième explosion de joie à l'encontre du tout récent vieux d'une année de plus. Chacun finit par prendre la route vers chez soi, épuisés par cette soirée aussi mouvementée qu'inattendue, se souhaitant un bon week-end.

Risibles AmoursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant