Le départ

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KAEN :

Je cours à nouveau. À travers les ruelles, les quartiers des pauvres et des affamés.
Je repense à ce qu'Elle m'a dit.
Ses paroles pleines de non-sens et d'évidence. De rage et d'amour.
Qui dois-je croire ? La peur, la raison, mon cœur ?
Je ne sais pas, je ne sais plus.
Il y 1/2h j'étais au seuil de la mort, et je suis là, bien vivante, et je contrôle le feu.
Alors... la raison ? Elle ne compte plus. Qui sait, peut être que je suis folle. Que tout ça n'était que l'œuvre de mon imagination.
Mais... quelque chose en moi me dit que c'est vrai. Réel. Que tout c'est réellement passé.

Elle m'a dit que je n'étais pas seule, que je devais les rejoindre. Me faire discrète jusqu'à avoir élaboré un plan.
Un plan qui aura pour but... la destruction totale de l'humanité.
Et j'ai accepté. J'ai tout accepté.
J'ai accepté de la servir et de réaliser son objectif.
Elle m'a sauvé la vie, Elle m'a offert sa puissance et sa confiance. Alors j'ai décidé de lui rendre la pareille.
De toute façon plus rien ne compte. Rien n'a jamais compté. À mes yeux rien ne compte.

Plus d'amis. Plus de famille. Personne que je voudrais sauver. Personne. À part moi-même.

Alors je cours. Je vais les rejoindre. À l'endroit le plus unique. Le plus extraordinaire. Le plus difficile d'accès au monde. Une fois que j'y serai parvenue, tout pourra commencer.

GABRIELLE :

Assise dans l'herbe du parc je réfléchis. Je prends mon temps, je peux me le permettre de toute façon, le temps m'appartient.
Je réfléchis. J'ai fait un choix. Un choix qui a irrévocablement décidé de mon avenir.

Il y a 6 mois, j'avais une famille, des amis, une vie qui peux sembler "parfaite" en couverture. Et j'ai tout lâché. Je me suis barrée, une lettre d'adieu et j'ai refermé la porte de la maison familiale définitivement. Je rêvais d'aventure, d'une vie libre et extraordinaire ! Mais ça n'existe pas dans ce monde.
Et la vie m'a rapidement rattrapé, me prouvant à quel point notre monde était triste, ennuyeux et lassant.

La raison m'a dit de refuser sa proposition, mais au fond de moi, cette excitation, cette soif d'aventure qui brûle en moi a pris le dessus.
Et puis... la vérité c'est que je n'ai pas vraiment eu le choix. Soit j'accepte. Soit quelqu'un le fait à ma place, dans les deux cas quelqu'un se chargera de détruire le monde. Alors j'ai accepté. Je dois retrouver les autres élus.

Je me lève, claque des doigts et la vie reprend son cours. Les oiseaux se remettent à voler, les voitures à rouler, les foules à papoter et moi à marcher. Vers cet endroit, ce lieu extraordinaire où le monde rêve d'aller.

LANA :

Je regarde la grande et menaçante falaise qui me fait face. Finalement je prends mon courage à deux mains et je démarre l'escalade. De toute façon je ne risque pas grand chose, à moins de mourir sur le coup je pourrais toujours me soigner.
Kuro me suit en grimpant tant bien que mal la falaise.
Il me faudra bien 1h30-2h pour arriver tout en haut... ensuite je vais devoir trouver un moyen de me rendre où je dois aller... c'est loin et je n'ai pas un rond. Même en fouillant chez le vieux je doute que je trouverais de quoi me payer un voyage en avion.
J'ai évidemment accepté la proposition de cette... chose. C'est pas comme si j'avais beaucoup de choix, elle m'a sauvé la vie et je n'ai nulle part où aller.

Arrivée tout en haut de la falaise toute essoufflée je m'écroule lourdement sur la terre craquelée, Kuro à mes côtés.
- Courage mon vieux ! Lui dis-je tout aussi fatiguée que lui. Il faut qu'on retrouve le ranch du papi pour dénicher de l'eau, d'la bouffe et un peu d'argent.
Le chien aboie son approbation et on se remet en route.

Obscur destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant