Tao

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Je branche mon vieil ordinateur au distributeur, c'est un vieil ordi que j'ai trouvé dans une décharge et que j'ai réparé comme j'ai pu. Maintenant il marche très bien, c'est avec lui que je pirate les cartes bleues.

J'appuie sur une série de touche pour obtenir le code, une série de chiffres défile sous mes yeux, et enfin j'obtiens le code. Je le tape à toute vitesse et une dizaine de billets verts sortent du distributeur.

- Yes ! Argent facile ! M'écriais-je, la phrase tirée de mon film préféré "Terminator". J'avais trouvé une tablette cassée dans une poubelle, elle ne faisait que repasser ce même film en boucle.
En tout cas maman sera contente, depuis 4 mois elle a attrapé je ne sais quelle maladie et elle ne peux plus travailler, déjà qu'avant on vivait dans la misère... Mais moi du haut de mes 11 ans, je ne peux que voir ma mère agoniser sans réagir, quoi de plus horrible !? Si seulement j'étais plus grand ! Si seulement j'étais plus fort !

- Eh toi ! Là bas ! Tu fais quoi ? Un soldat s'avance vers moi. Comme tout les soldats, il est armé. En Chine le pays à beau être devenu le pays le
plus riche et puissant du monde la plus grande partie de la population est aussi devenue beaucoup plus pauvre. Sans homme à la maison on a beaucoup de mal à survivre, et sans moi il est quasiment sûr que maman mourra.
Je me mets à courir de toute la force que mes petites jambes peuvent employer.
J'entends le soldat appeler des renforts à l'aide de sa puce-téléphone incrustée dans son poignet ; ses amis ne devraient pas tarder... et même seul il n'aurait aucun problème à m'immobiliser. Les puces-téléphone c'est hyper pratique, tout le monde en a aujourd'hui, enfin ceux qui en ont les moyen ; donc pas moi. De nos jours il y a des puces partout, toute les cartes et passes ont été remplacées par des puces incrustées dans le corps. En Chine tous les habitants ont une puce qui permet de les géo localiser; on la leur met dès leur naissance avant même que leur mère puisse les prendre dans les bras. Il est impossible de sortir du pays sans traverser des tonnes de trucs, signer des tonnes de papiers, avoir des tonnes de laisser-passer... en clair je n'ai aucune chance de sortir un jour de ce pays de merde qu'est devenu la Chine.

- Eh ! Toi là-bas ! Arrête toi, pose tout ce que t'as volé et lève les mains en l'air. M'ordonne d'un ton autoritaire qui signifie « si t'obéis pas, j'hésiterais pas à me servir de mon arme » un nouveau soldat devant moi. J'observe la situation et me rends compte que je suis encerclé par trois soldats, il vaut mieux obéir sinon je ne vois qu'une issue : la mort.
J'obéi donc calmement et pose mon vieil ordi et mon butin par terre puis lève les mains en l'air.
- Tao Hú ! Comment a-tu fait pour bloquer les caméras de surveillance et voler de 500* à un certain Liang Gōng !
- J'ai piraté la puce de ce pauvre type et pareil pour les caméras. Dis-je le plus calmement possible.
- Qui sont tes complices !
- Je n'en ai pas. Répondis-je franchement.
- C'est impossible, un enfant ne peut pas réussir un tel exploit seul, les systèmes sont devenus presque impossibles a pirater. Pour qui tu travailles, qui t'a envoyé ici ?
- Je suis juste très doué que voulez-vous ! Vous êtes jaloux ? Ça vous poses un problème ? Fanfaronnais-je un peu narquois. Mais ce ne sont que des apparences, en vérité j'ai peur, très peur, on ne revoit jamais les gens qui se font arrêter, mais on sais que l'armée finit toujours par obtenir les information qu'elle veut. Leurs façons de faire parler leurs victimes doivent être efficace...
- Pas d'insolence ! Viens avec nous ! On va voir combien de temps tu vas pouvoir tenir dans nos salles de torture !

Mince. Là, ça va pas. Je risque de mourir. Cela va mettre maman en danger. Je dois absolument trouver le moyen de me sortir de là.

Les soldats m'ordonnent de les suivre en enfonçant les canons de leurs pistolets-laser dans mon dos. L'un d'eux ramasse mes affaires laissées par terre.

Il faut qu'ils lâchent leurs armes, il faut qu'ils lâchent leurs armes. Si seulement un terminator pouvait venir me sauver ! Mais ma mère n'est qu'une pauvre femme malade et sans boulot et je ne suis pas un futur meneur de la rébellion. Personne ne viendra me sauver, je ne peux compter que sur moi-même. Mais que puis-je faire ? Que peut faire un gamin de 11 ans face à trois soldats armés ? Rien. Strictement rien. Mais suis-je un simple gamin de 11 ans comme les autres ? Est-ce que moi je pourrais faire quelque chose ? J'aimerais me persuader que c'est le cas. Que des pouvoirs viendront me sauver comme les personnage des films d'aventure.
Mais je ne peux rien faire ! Je suis IMPUISSANT ! Comprenez-vous la signification réel de ce mot ? NON. On ne peut le comprendre qu'une fois qu'on l'a vécu réellement.
Mon cœur crie de désespoir ! Je veux POUVOIR ! Je veux me dire que j'aurais pu faire quelque chose ! Me débattre sans mourir bêtement en obéissant. Je veux pouvoir influencer mon futur, changer mon avenir !

Je sens le pouvoir grandir en moi, enfin je peux.
Je me retourne vers le soldat qui me braque.
- Pose ton arme. Lui ordonnais-je la voix glaciale.
- Non, mais ça va pas ! Pour qui tu te pre- Eh ! Mon arme ! S'écria le soldat paniqué voyant son arme lui échapper pour se retourner contre lui.
Le phénomène se reproduit avec les deux autres soldats qui se retrouvent braqués par leurs propres flingues-lasers qui flottent dans les airs.
- Comment est-ce possible ?S'exclama l'un des soldats en essayant d'éviter le pistolet qui le suit partout où il va. C'est toi qui fait ça ?
- Oui, enfin je crois, dis-je, rends moi mes affaires ou je te tire une balle dans la tête.
Le soldat se dépêcha d'obéir et me rendit mon ordi et mon argent volé.
- Maintenant vous ne bougez plus et n'essayez pas d'appeler à l'aide avec vos puces ! Je vous dit au revoir et à jamais j'espère ! À ces mots, je pars en courant, passant par les ruelles et évitant les caméras de vidéosurveillance.

Comment est-ce possible ? Il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire ! De la magie ? Sorcelleries ? Un virus ? Une mutation ? Quoi ?

J'arrive devant un immeuble presque en ruines, tenant à peine debout. Je grimpe en courant les escaliers pour arriver au dernière étage, les combles sous les toits. J'ouvre la porte.
- Maman ! Je suis de retour, j'ai gagné plein d'argent on vas pouvoir t'acheter des médicaments ! M'écriais je en courant vers le fond de la pièce où était installé un petit lit. L'appartement se compose d'une seule pièce qui sert à la fois de chambre pour deux, de salons et de cuisine. Tout cela est plein de moisissure et de toiles d'araignée et le plafond est tellement bas que c'est à peine si je peux marcher debout, malgré ma petite taille.

Maman est toute pâle et ses cheveux autrefois noirs et brillants tombent à présent ternes sur ses épaules. De grosses cernes entourent ses yeux et elle a le regard fatigué. Soudain, elle est prise d'une quinte de toue qui lui déchire la gorge. Je me précipite à son chevet.
- Maman ça va ? Je vais appeler le médecin, il va te soigner !
- Non mon chéri, murmure-t-elle d'une voix faible en posant sa main sur la mienne, je vais mourir de toute façon garde plutôt cet argent pour bien t'occuper de toi.
- Comment peux tu dire une chose pareille ! Ça va pas ?! Je ne vais pas t'abandonner comme ça ! M'écriais je la voix tremblante.
- Tao. Je vais mourir très bientôt. Je sens la mort tout près de moi. Je peux presque la sentir me toucher, son ombre glacée me menace plus chaque jour. Un jour bientôt la mort viendra, me tendra sa main squelettique et m'emportera avec elle à jamais.
Elle me terrifie, que vais-je trouver de l'autre côté ? Je l'ignore, mais sur le chemin de l'au-delà je me souviendrai de toi et tu me donneras du courage.
- Ça suffit maintenant ! Ne parle pas de ça, tu me donne froid dans le dos.
- Ça y est, cela arrive, continue-elle sans faire attention à mes paroles. Le moment que j'attends depuis longtemps maintenant arrive enfin, il va me soulager de toutes mes souffrances accumulées. Ne t'en fais pas mon fils, je m'y suis préparée.
Je vois une lumière blanche, elle m'appelle, j'y vais avec joie, délivrée. Adieu Tao, je t'aime.
Les yeux de ma mère se ferment comme une lumière qui s'éteint, son corps est pris d'un dernier soubresaut et elle meurt.
- Maman, non maman ! Reviens, maman, maman, mamaaaaaaaaan !!!
Mes jambes me lâchent et je m'écroule par terre des larmes plein les yeux, rien ne peut décrire ma douleur. C'est comme si un tonnerre avait éclaté dans mon cœur et il se déchaînait détruisant tout sur son passage.

- Mon pauvre Tao... je sais comme c'est dur, comme tu dois souffrir... et tout cela à cause du gouvernement, de cette société injuste et inégalitaire qui a tué ta mère. Joins toi à moi,
Tao, je t'offre le pouvoir et la justice. Détruisons ce monde.

* monnaie universelle inventée en 2050.

Obscur destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant