La route de ma liberté

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LANA :

Je marche, Kuro à mes côtés, chantant à tue-tête toutes les chansons que je connais pour me donner du courage. Dès que je croise une bête je m'amuse à lui parler, c'est extraordinaire, j'apprends énormément de choses !

Cela doit faire environ 2 heures que marche mais je ne suis pas fatigué le moins du monde, mon corps récupère de lui même à une vitesse ahurissante.

Quand j'aperçois enfin le ranch je hurle de joie et me met à courir pour atteindre la vieille cabane et pouvoir enfin rassasier ma soif et ma faim dévorante. Mes lèvres sont tellement craquelé que je n'ose pas les toucher de peur qu'elles ne s'effritent sous mes doigts.

La porte s'ouvre facilement, de toute façon rien ne sert de mettre une serrure, qui voudrait cambrioler quelqu'un d'aussi pauvre que mon vieux papi ? Je fouille quelques temps puis m'empare d'une gourde emplie d'eau glacé grâce à son système réfrigérant, et me mets à boire goulument savourant la plénitude de ce liquide frais qui circule dans mon corps. Puis, repensant à Kuro je verse de l'eau dans sa gamelle.

Quand je relève la tête je croise mon regard dans un miroir crasseux accroché au mur, et ce que j'y vois... fait peur. Mon corps est si couvert de sang, de boue et brulé par le soleil que je n'aperçois même plus la couleur de ma peau. Mes cheveux autrefois d'un brillant auburn sont si emmêlés et remplis de terre, de sang et de saletés que quand j'essaie d'y passer mes doigts je ne parviens même plus à les en ressortir. Seul mes yeux verts étincelants malgré malgré leur fatigue gardent une lueur de détermination farouche.

Quoi qu'il en soit, je décide de prendre une douche, je sais que l'eau manque dans la région, et même dans le monde, mais c'est nécessaire. Je prends un plaisir fou à voir la saleté et le sang s'enfuir tandis que l'eau, si rare dégouline le long de mon corps et c'est avec regret que je referme le lavabo. Ensuite, ne pouvant enfiler mes habits définitivement hors d'usage, j'enfile un pantalon et une chemise du vieux un peu trop grande mais qui fera bien l'affaire.

Je fouille dans tout le ranch à la recherche de quelque chose d'utile et, alors que j'étais prête à abandonner, me disant que le vieux était vraiment fauché je me rappelle de cette phrase "Il doit rester quelques livres dans la cave..." Je pousse toutes les caisse et trouve la trappe. Je m'engouffre sur la vieille échelle de corde et atterris sur le sol poussiéreux. Un rat s'enfuit en courant, poussant un couinement. Je trouve un interrupteur qui allume une lampe vacillante, ça me suffira bien pour trouver ce que je cherche.

Je cherche dans tous les recoins de la cave, et finalement, caché entre les pages d'un livre qui semble dater d'un autre temps, d'une autre histoire, d'un monde qui a disparu, je trouve une liasse de billets.

Je saute de joie et remonte le plus vite possible, ce doit être l'argent qu'il a gagné en acceptant de m'accueillir... je ne suis pas naïve, je sais bien que papi ne m'a pas accepté pour le plaisir mais seulement pour la prime qui allait avec... je soupire. Mais après tout qu'est-ce que ça peut faire ? De toute façon il n'est certainement plus de ce monde. Et finalement, je décide de repartir. En sortant je repère un vieux chapeau de cow-boy... je ne peux m'empêcher de l'enfiler, quand je repasse devant le miroir j'ai définitivement changé, avec mon chapeau qui fait de l'ombre sur mes tâches de rousseur.

Dernière touche vraiment indispensable à mon costume, car je peux me soigner mais pas me défendre, je prend le fusil de chasse de mon grand-père, je le met dans mon sac avec des cartouches, j'aurais bien le temps d'apprendre à tirer.

Quand je sort du ranch avec Kuro, je ne suis plus la même.

ADRIEN :

Je traverse le plus vite possible la propriété, tentant de garder un pas mesuré pour ne pas trop attirer l'attention. Je ralenti la cadence et prends l'air le plus assuré possible. Je tiens un sac contenant mes maigres affaire, pour ne pas avoir l'air suspect je l'ai rendu invisible.

Pendant que je me dirige vers la sortie, je réfléchis à un moyen de sortir d'ici, de cette cage doré où je suis enfermé. Avec mon invisibilité ça devrait être facile de passer les caméra de vidéo surveillance... mais d'audio surveillance ? Ça risque d'être un peu plus délicat.

Je me cache à l'abri des caméras le temps de devenir totalement invisible. J'avance le plus doucement possible, je ne passe par les portes qu'en même tant que d'autres gens pour ne pas qu'on voit une porte s'ouvrir toute seule.

Après avoir traversé l'immense jardin en empruntant tous les raccourcis que je connais j'arrive enfin au passage secret. Le passage secret est un petit chemin, passant sous les buissons, à un petit coin près des hangars de notre terrain. Je l'avais découvert quand j'avais 11 ans, je m'amusais à sortir et à courir le plus loin possible hors de "chez moi" et à revenir sans être pris. Il était caché dans un endroit où personne ne venait jamais, et comme par hasard, dans un endroit non surveillé. Ce n'était certainement pas un coup de chance, il y a longtemps quelqu'un comme moi rêvait de s'enfuir d'ici.

Je m'engouffre tant bien que mal dans le petit passage, j'ai grandis depuis la dernière fois. Arrivé dehors, mon sac sur une épaule je regarde la grande autoroute qui me fait face. Se pose un nouveau problème. Je ne peux pas partir à pieds, ça prendrait trop de temps et on me rattraperait facilement.

Je commence à marcher pour contourner le terrain dans l'espoir de trouver un véhicule quand mon voeu se réalise. Une voiture dernier prix arrive dans ma direction. Je lui fais de grands signes de la main, et elle vient s'arrêter devant moi. Les vitres teintés s'éclaircissent laissant dévoiler un homme d'affaire et son chauffeur.

- Bonjour ! Je suis Adrien Evergast, pourriez vous me ramener chez moi ? C'est un peu long à pieds... je demande poliment.

- Que faites vous là ? Questionne l'homme en fronçant les sourcils.

- Je me promenais. J'affirme en manque de réplique.

L'homme me lance un regard suspicieux, puis il regarde son téléphone, parait faire des recherches et finalement me laisse entrer.

À peine a il ouvert la porte que je lui balance un coup de poing dans la figure, ne lui laissant pas le temps de reprendre ses esprits, j'enchaîne avec deux autres coups et je le jette hors de sa voiture puis verrouillais la portière.

Je n'ai pas le temps de me retourner que le chauffeur me donne déjà une série coups. Pour le déstabiliser je me rends invisible. Il a la  même réaction que ma prof d'histoire tout à l'heure et me cherche vainement du regard, chargé d'incompréhension. J'en profite pour déverrouiller sa porte et lui donner un bon coup de pied dans le ventre, le jettent au dehors du véhicule.

Ne faisant pas attention à la douleur qui me tiraillait les côtes je démarre et prends la route. M'éloignant le plus rapidement possible de ce lieu maudit. De ce lieu qui a fait mon malheur.
Et je trace la route de ma liberté.

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⏰ Dernière mise à jour : May 20, 2021 ⏰

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