L'OBSESSION

Chapitre 1

Mes pas résonnent sur le bitume alors que j'accélère pour éviter la pluie qui menace de se déverser. Je lève les yeux et une première goutte me tombe sur le nez. Le ciel se fend ensuite d'un éclair majestueux et le tonnerre gronde, me faisant sursauter au passage.

J'aime la pluie. Je sais, c'est un peu étrange de dire ça, mais elle me rassure. La douceur de l'eau contre ma peau me fait frissonner et son parfum m'enivre.. La pluie en été à cette odeur particulière, cette saveur unique qui m'imprègne malgré moi. Elle me rappelle l'odeur de la terre mouillée, l'herbe fraîchement coupée. Les soirées sous la couette devant un bon film avec un chocolat chaud. C'est l'odeur de mon enfance avec ses jours heureux et ses ombres.. Mais ce n'est pas le moment de parler de ça.

Ce soir, j'ai rangé les mouchoirs et sorti le grand jeu. Cheveux remontés en un chignon lache qui dénude ma nuque, mini jupe dont la longueur est presque indécente, maquillage, léger tout de même, et talons vertigineux.

Et merde!

En parlant de talons, le mien vient de se coincer dans un pavé. Ça c'est bien ma veine. Jellal doit déjà m'attendre depuis plus d'une demi heure. Je l'imagine déjà jurer dans sa barbe en train de maudire ma sale manie d'arriver toujours en retard.

N'importe quoi! C'est plutôt lui qui n'a aucune patience.

Jellal, c'est mon meilleur ami. Mon ami d'enfance. Grand, corps d'athlète, cheveux bleu roi et superbes yeux vert olive, un tatouage sur le visage qui lui donne un air mystérieux, une peau dorée par le soleil. Ok j'avoue, comparé à moi qui suis aussi pâle qu'un cachet d'aspirine, ce n'est pas difficile. Mais bon, toujours est il qu'il est le stéréotype même de l'homme parfait pour qui toutes les filles se damneraient. Il a un charme fou et il en est parfaitement conscient. Et bien sûr, il en profite un maximum, avec une fille différente à chaque fois.

Mais ce gars est avant tout un véritable amour.

Il faut dire que je ne suis pas très objective. Je l'ai rencontré en première année de primaire lorsque le passe temps favori des gamins de mon âge était de me pousser par terre ou de jeter mon doudou dans les flaques. Et oui,  je trimballait encore mon doudou partout à cet âge là et cela m'a valu d'être le sujet de toutes les moqueries de mes camarades de classe.

Jellal est arrivé alors que je reniflais dans un coin de la cours de récréation, la larme a l'œil. Il s'est approché de moi et m'a tendu mon doudou plein de boue. Il n'avait que deux ans de plus que moi et pourtant, à cette époque, il dégageait déjà une aura surpuissante. Il s'est ensuite posté devant moi, me tournant légèrement le dos pour s'adresser à mes intimidateurs et a déclaré d'une voix forte, la mine sérieuse.

-Vous savez ce que c'est un loup garou? Dans ma famille, on l'est de père en fils depuis des générations. A chaque pleine lune, on se transforme en loup et on dévore tout les gens qui se trouve sur notre chemin. Après, on oublie tout, c'est plutôt marrant. Alors si vous touchez encore un de ses cheveux, je vous jure que vous serez sur mon passage à la prochaine plein lune! Compris?

Les petits voyous n'ont pas demandé leur reste et se sont enfuis en courant. Il ne m'ont plus jamais embêté après ça et je me demande même si certains d'entre eux n'ont pas fini par faire pipi sur eux tellement ils ont eu peur de lui. Quant à Jellal, du haut de ses huit ans, il s'est simplement retourné sur moi et m'a tendu la main avec un petit sourire, devant les deux soucoupes qui me servaient d'yeux.

-Ils y ont vraiment crus, ces idiots! m'a t'il dit en riant.

Depuis, on a toujours été inséparables, comme les deux pôles d'une boussole. Différents, mais jamais l'un sans l'autre.. Sans lui, je ne sais pas vraiment ce que je serais devenue.. On s'est même embrassé une fois ou deux, lorsqu'on était au collège. Mais monsieur s'est vexé parce que je me suis mise à rire comme une idiote. Il faut dire que pour moi, l'embrasser revenait à rouler une pelle à mon frère! On a vite décidé de laisser ce sujet de côté pour repasser par la case «meilleurs amis», qu'on a plus quittée depuis.