Chapitre 3

473 33 65
                                    

Je dois rêver. Oui c'est ça! La personne devant moi ne peut être qu'une hallucination. Ça ne peut pas être vrai. Mon regard parcours la salle et je croise les yeux de Jellal qui me renvoient la triste vérité.

Pas d'hallucination, pas de salut..

Je finis par me reprendre sous les yeux perplexes de Lucy et le regard amusé du cretin avec lequel j'ai couché hier soir. Les sons reviennent peu à peu jusqu'à moi, balayant le néant où j'avais plongé. Néant, soit dit en passant, dans lequel je rêverai de me blottir pour oublier cette ineptie.

Je me racle la gorge et leur offre mon sourire le plus piteux. Vu les circonstances, on fait ce qu'on peut, hein!

-Tu disais?

Je reconnais à peine ma voix tant elle est faible.

-Je te présente G, me répète t'elle, un peu nerveuse.

Je me rend compte que j'ai mal compris son nom, lorsque elle m'a parlé de lui. Ce n'est pas Jay. Non, c'est G, comme dans Gray.. l'évidence me frappe et je me rend compte a quel point j'ai pu être stupide alors que Lucy me fixe longuement, attendant une réaction de ma part.

Elle attend sans doute de moi une conversation engageante, marrante, courtoise, mais c'est bien au dessus de mes forces. Pour le moment, j'essaie de me souvenir comment respirer, alors les faux semblants..

Je me contente de sourire comme je peux et me perds dans la contemplation de mes mains tremblantes.

-Enchanté Juvia.

Ce salaud donne bien mieux le change que moi. J'avoue que sur ce coup là, je l'admire. Sa voix n'a même pas vrillée. Il semble maître de lui, toujours aussi assuré et charismatique. Son côté « je suis sexy et je l'assume » ne l'a pas quitté et je me mettrais des baffes pour les images censurées qui parasitent mon cerveau. Seule la veine qui bat contre sa tempe m'incite à croire qu'il n'est peut être pas aussi serein qu'il le paraît. A part ça, il semble parfaitement à l'aise.

-Euh.. enchantée.

J'ai l'impression d'être une ado. Je m'écarte rapidement, sous l'œil déçu de Lucy, et prétexte une envie pressante.

J'accélère le pas pour atteindre la terrasse et sort en trombe en ignorant les regards médusés qu'on porte sur moi. J'ai dépassé ce stade. La fuite, à ce moment précis, c'est une question de survie.

La nuit n'est pas tout à fait tombée et dans la demi pénombre, je me dirige vers le jardin.

J'offre mon visage au vent, qui danse dans les arbres et le bruit des feuilles qui frétillent devrait m'apaiser. Mais ce n'est absolument pas le cas. Je m'arrête et pose la main contre un arbre, essoufflée.

Je l'ai sentie arriver. La crise de panique. Cela faisait plusieurs années que je n'en avais pas eu, stigmate de souvenirs que je préfère refouler. La vague me submerge et m'aspire, m'emportant avec elle. Cette fois, l'air me manque dans le sens littéral du terme.

Je me plie en deux sous le coup de cette angoisse qui vrille mes sens, celle qui me mène au bord de la suffocation, et je secoue la tête pour tenter de chasser les images qui m'assaillent. Celles du passé se confondent au présent et ne m'aident pas à retrouver mon calme.

-Est ce que ça va?

Je ne l'ai pas entendu arriver, toujours courbée, la tête vers le sol, la main sur l'arbre.

Putain! Fais chier!

Quand sa silhouette se dégage de la pénombre, j'ai un mouvement de recul. Son regard de prédateur me percute et son air amusé m'assure qu'il en a conscience.

L'OBSESSIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant