XII.

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-Je rigolais, le vieux, détendez-vous ! Je sais que cette femme n'a pas une vie facile...

-Tu m'étonnes... soupira [T/P]. C'est pour ça que j'aimais être juge. Parce qu'en soi, la justice est impartiale. Enfin, la justice est censée être impartiale... et j'aimais beaucoup idée d'égalité. J'aurais adoré la défendre, cette jeune femme.

Le silence régna dans la maison puis Fred demanda :

-Dis [T/P], à ton soi-disant « enterrement », il y avait une jeune femme très chic avec son mari.

-Oh... cela devait être la fille de la meilleure ami à ma mère. C'était une petit bourge comme je l'étais, étant enfant. Elle rêvait de mariage de princesses et de licornes. Elle a eu un mariage de sorcières avec un hippopotame... c'était pas vraiment ce qu'elle espérait mais apparemment, puisqu'elle est encore avec son mari, c'est que ça a dû fonctionner...

-Elle avait le même âge que toi ?

-Oh non, puisque mon supposé mari était le petit frère du sien. On avait deux ans d'écart il me semble. Je me demande comment sa vie avance... faut dire que si elle est restée comme avant...

-C'est-à-dire ?

-Dédaigneuse, mesquine, égoïste... enfin tout ce que sa conne de mère lui a appris quoi... faut dire qu'il n'y en avait pas une pour rattraper l'autre. Heureusement que je n'ai pas fini comme ça... sinon j'aurais déjà 2 gosses en plus d'un mari con...

Moran s'esclaffa :

-Si les gosses avaient ton comportement, mon dieu !

-J'aurais déserté la maison ! ricana [T/P] avec lui.

* * *

Il était tard, chacun était dans sa chambre. [T/P], allongée sur son lit regardait un croquis posé sur sa table de nuit. C'était son grand frère Jack Johnson Whitecherter qui avait fait ce dessin où il avait représenté toute leur famille, lorsqu'il était plus jeune. [T/P] ne pouvait le nier, bien que ses parents soient deux nobles qui se sentent bien supérieurs aux autres, elle ne pouvait les détester. Ils n'iraient jamais jusqu'à tuer des prolétaires mais ils seraient tout de même les premiers à les éviter. Sur le dessin apparaissait [T/P] et Jack côte à côte, souriant. Et de l'autre côté de leurs parents se tenaient leur grand frère, James. Ce dernier, âgé de 23 ans, était engagé dans l'armée britannique. Depuis son plus jeune âge, il haïssait [T/P] et Jack car ils étaient trop « faibles et sentimentaux ». Plus les jours passaient, plus James leur en voulait de « gâcher sa vie » juste à cause de leur existence. C'était un fils de noble complètement adhérant au principe des castes sociales. Il avait à ses pieds toutes les jeunes femmes nobles de Londres et pourtant, il recherchait juste le pouvoir.

La jeune femme se rappela soudainement de ces jours où James passait des heures à les insulter, elle et Jack. Il les martyrisait sans une once de peine et n'hésitait à leur mettre la tête dans la terre pour les rabaisser. Mais [T/P] ne pouvait se résoudre à détester son frère. Elle était sûre qu'au fond de lui, une part de bonté régnait mais qu'elle avait juste été estompée par l'éducation qu'il avait reçu.

Whitecherter releva doucement la manche de sa robe et put constater la brûlure réalisée 6 années auparavant. Il avait 17 ans et elle 13 mais il n'avait pas hésité à la brûler avec la bougie pour lui faire comprendre que c'était lui qui régnait.

-Que devient-il...? murmura-t-elle en regardant le dessin.

Elle l'aimait. Bien sûr qu'elle l'aimait. Il restait tout de même son frère et il n'avait jamais eu de mauvaises intentions avant son éducation « à la dure » par leur père.

Finalement, [T/P] enfila une robe « souple et simple » et sortit discrètement de sa chambre. Elle descendit silencieusement les marches puis se dirigea à pas de loup vers la porte d'entrée. Elle l'ouvrit délicatement puis se faufila dehors. Une fois l'herbe du jardin foulée, la jeune femme s'élança en courant vers les écuries. Elle rentra alors dans un box puis laissa couler les larmes, ses bras enroulés autour de l'encolure de son cheval préféré. Elle se mit à sangloter et resserra sa prise sur l'animal. Elle finit par aller chercher la selle et le filet puis le harnacha avant de se hisser sur son dos. Sa monture noir de jais était très élégante. C'était un cheval magnifique, l'un des plus beaux des Moriarty.

-[T/P] ? Que fais-tu ici en pleine nuit ? s'étonna Fred en arrivant vers elle en courant.

-Oh rien, j'avais besoin de prendre l'air.

-Tu pleures ?

Il se rapprocha alors de la jeune femme et l'obligea à descendre de sa monture :

-[T/P], tu ne vas pas rester perchée là-haut tout la nuit, quand même... soupira-t-il.

La jeune femme finit par se laisser glisser au sol, rattrapée par Fred. Il lui attrapa la main pour l'aider à descendre galamment puis serra sa main :

-Qu'est-ce qu'il t'arrive ? l'interrogea-t-il, une lueur d'inquiétude dans ses prunelles grises.

-Rien de bien méchant Fred... répondit-elle en détournant le regard vers sa monture.

-Regarde-moi [T/P], pourquoi pleurais-tu ?

La jeune femme se remit alors à sangloter. Le jeune homme ne sut comment réagir alors il fit juste pression sur la main de Whitecherter avant de lui demander :

-Tu veux m'expliquer ?

[T/P] releva alors la tête vers Fred, les yeux embués de larmes et commença à lui raconter l'histoire des Johnson Whitecherter depuis le commencement.

* * *

Alors que l'aube pointait le bout de son nez, [T/P] était endormie sur l'épaule de Fred, lui aussi en train de dormir. Ils étaient installés juste devant le box de la monture préférée de la jeune femme, leurs têtes appuyées contre le montant en bois. Et détail important, Whitecherter avait, sur ses épaules, la veste du jeune homme. Ils étaient tous les deux dans un sommeil tellement profond qu'aucun hennissement ne pouvait les réveiller. Louis les appelait depuis quelques heures déjà accompagné de Moran mais les deux jeunes gens dormaient profondément, l'un contre l'autre.

-Mais c'est pas vrai... soupira Moran.

❀ Lᴇ sᴇɴs ᴅᴇ ʟᴀ ᴊᴜsᴛɪᴄᴇ | 𝗳. 𝗽𝗼𝗿𝗹𝗼𝗰𝗸Où les histoires vivent. Découvrez maintenant