VIII.

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-Le seul, le vrai Jack l'Éventreur, c'est ce vieux !

-Le « vrai » ? s'enquit [T/P]. Celui qui sévit actuellement dans Londres est un faux ?

-C'est plus que vraisemblable. soupira Moran. Le vieux, lui, ça fait un demi-siècle qu'on l'appelle comme ça. Pas vrai, maître ?

-Il fut un temps où on me donnait ce surnom ridicule, oui ! s'esclaffa ce dernier.

-Allons, ne vous faites pas plus gâteux que vous ne l'êtes déjà. C'est quand même parce qu'un tueur série se cache derrière votre surnom que William vous a fait appeler !

-Tu te trompes Moran... le contredit William. Je vous dois quelques explications, à tous.

-Je suis si heureux de vous revoir, monsieur William, cela fait si longtemps. Et merci de daigner écouter la requête d'un vieux croulant qui n'en a plus pour longtemps. Je vous en suis extrêmement reconnaissant. s'inclina Jack.

-Allons, allons, pas tant de manières ! Appelez moi « Will », comme d'habitude, maître, ça ne me dérange pas !

-Mouais... bon, et la requête du vieux, c'est quoi ? demanda Moran.

-J'y viens. Vous n'êtes pas sans savoir qu'un tueur en série sévit actuellement dans le quartier pauvre de Whitechapel. Dans une lettre adressée à un quotidien londonien, il revendique ses crimes sous le nom de Jack l'Éventreur, le surnom de notre maître, ce qui est peut-être volontaire... ou pas, je l'ignore. Je pensais justement contacter notre maître à ce sujet, quand celui-ci m'a devancé et m'a fait parvenir un télégramme dans lequel il me demande de l'aider, en tant que « consultant du crime », à « mettre un terme » aux agissements de « ce criminel qui ose s'affubler d'un surnom » qui était jadis le sien.

-Ça m'étonne... commença Moran. Je ne savais pas que vous attachiez tant d'importance à votre vieux surnom de soldat. Je ne vois pas en quoi le fait que quelqu'un perpétue ce nom vous dérange, au contraire... à moins que... est-ce parce qu'il ne tue que des prostituées ? Si les prostituées désertent les carrefours par peur de croiser le tueur, ça ne fait pas votre affaire, ça...

Soudain, Jack frappa Moran sur le crâne et s'exclama :

-Tu ne peux pas t'empêcher de tout rabaisser, c'est ça ?!?!

-Aïeuh ! Ça va pas non ?!

-Oui, mais alors , pourquoi, maître ? s'enquit Fred.

-Eh bien... effectivement, ce n'est pas un surnom dont j'ai de quoi être fier, mais si je ne fais rien, les gens vont penser que je traîne dans les rues à égorger des prostituées. Je crois donc de mon devoir de régler cette affaire moi-même, avec l'aide de Will, bien entendu. Car j'ai l'intention de laisser un nom parfaitement honorable à la postérité, vous m'entendez ?!

-Tu parles ! ironisa le colonel. Vous, un coureur de jupons éhonté !

-Tu... à propos de jupons, j'ai entendu dire que la jeune fille Whitecherter avait rejoint votre organisation...

-Oui ? répondit la principale concernée. Enchantée.

-Enchanté de même jeune femme. Je crois qu'un petit entraînement ne vous fera pas de mal, n'est-ce pas ?

-Désolée, je ne me bats pas. Je suis seulement le « médecin » du groupe.

-Quel dommage ! Je me faisais une joie de vous entraîner ! Mais il faut bien vous apprendre les bases, non ?

-Je pense qu'on a compris, maître... soupira Moran.

-Si vous aviez vu Moran avant que je lui inculque les techniques de combat ! Un vrai empoté, oui ! rigola soudainement Jack Renfield. Moran ! Et tu oses jouer les anciens vis-à-vis de Whitecherter ? Mais tu n'es encore qu'un débutant !

-Ça va, ça va, j'ai compris ! maugréa le colonel. Dès que vous commencez à parler, le vieux, on n'en sort plus. Et si on revenait à nos moutons ? Et donc, vous auriez une idée de qui est derrière ça ? Et pour quelle raison un tueur en série choisit de se faire appeler Jack l'Éventreur ?

-Une idée ? Bien sûr que j'ai une idée... se mit à réfléchir « le vieux ».

-Vrai ?! Eh bien alors, dites-nous son nom, quoi !

-Des idées, j'en ai même plusieurs en tête, je ne sais quelle piste privilégier.

-Ah ben comme ça, on est bien avancé, vieux débile ! s'énerva Moran.

-Trouvons-le d'abord, nous verrons bien si c'est quelqu'un que vous connaissez. intervint William. Nous allons débarrasser le monde de ce faux Jack l'Éventreur et restaurer l'honneur de notre maître. Et puis, comme notre maître nous l'a appris, quel que soit le contexte, nous ne laisserons pas les puissants exploiter les faibles.

-Exact ! répondit Fred.

L'East End, les quartiers pauvres de Londres, fin du XIXe siècle. Ces quartiers – au contraire de ceux du West End, les quartiers huppés – regorgeaient de vagabonds, de prostituées, d'orphelins... tous les parias et déclassés y vivaient entassés les uns sur les autres. À Whitechapel, en particulier, vivaient plus de 8.000 sans-logis. L'endroit était si mal famé que l'on disait que tous les crimes non résolus de Londres avaient leur réponse là. Et c'est là que Jack l'Éventreur cherchait ses victimes, parmi les prostituées qui vendaient leur corps pour une bouchée de pain.

[T/P] marchait, mal à l'aise, parmi les prostituées, sans-logis... aux côtés de Moran, Jack et William.

-Tout va bien [T/P] ? T'es bien pâle... demanda Moran.

-Oh non, ça va. Je ne suis juste pas habituée à marcher par ici...

-C'est normal mademoiselle. la rassura William. Suivez-moi, c'était mon jardin, ici, avant.

-Vraiment ? William et Louis vivaient chez un loueur de livres des bas quartiers ? C'est de là que vient tout leur savoir, alors !

-Ouais... lui répondit le colonel. Ça date d'avant leur adoption par la famille Moriarty...

-Elle existe encore, cette librairie ? s'enquit Whitecherter.

-Je ne pense pas, non. William a dit qu'elle avait été démolie. soupira Moran, pensif.

-C'est bien dommage...

Avant que [T/P] ne puisse finir sa phrase, un coup de feu retentit derrière eux.

-Un coup de feu ! s'exclama Moran.

-Marchons plus vite ! s'écria Jack.

-Tiens ?

❀ Lᴇ sᴇɴs ᴅᴇ ʟᴀ ᴊᴜsᴛɪᴄᴇ | 𝗳. 𝗽𝗼𝗿𝗹𝗼𝗰𝗸Où les histoires vivent. Découvrez maintenant