V/ Vide

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Lundi 11 octobre 2021

Annie avait du mal à comprendre. Cela faisait à peine plus d'une semaine qu'il était à l'hôpital et il revenait déjà en cours ? C'était incompréhensible.

L'ayant entendu prononcer son nom, Armin se tourna brièvement vers elle, lui adressant un sourire d'une tristesse si profonde qu'il aurait eu le pouvoir de faire fondre en larmes quiconque le fixerait trop longtemps. Leur regard se croisèrent, Annie remarqua qu'il manquait quelque chose. Elle n'eut besoin que de quelques instants pour comprendre de quoi il s'agissait : il n'y avait plus une lueur d'espoir dans le regard d'Armin. Elle avait même l'impression qu'il pouvait craquer et pleurer toutes les larmes de son corps à chaque instant. Pour la première fois de l'année, Annie n'eut nullement besoin de couper leur contact visuel, puisqu'Armin s'en chargea. Il reporta son attention sur ses affaires de cours, l'air épuisé.

La jeune femme avait la bouche entrouverte, elle n'y croyait toujours pas. Elle le regardait agir comme si de rien était, bien qu'elle ressentait le mal-être pesant qu'il portait dû à sa présence ici. Annie pensa que ce devait être encore pire à l'hôpital, et qu'il avait même probablement insisté pour quitter ce dernier plus rapidement que prévu.

Elle l'observait fixement, et remarqua le travail de qualité qu'avait fourni l'hôpital : ses plaies semblaient toutes refermées, bien qu'elle vit quelques bandages dépasser, notamment au niveau de ses poignets. Sa main gauche était toujours invisible sous les différents bandages et pansements, c'est à peine s'il pouvait la bouger.

Le cours commença enfin, et quasiment aucun mot ne fût échangé entre les deux camarades. Armin semblait pour la première accepter le silence à bras ouverts. Lui qui avait toujours cherché à l'éviter, voire même le fuir, il ne disait plus rien. C'est à peine s'il répondait aux questions d'Annie. Il ne parlait plus de s'en aller, de voyager, comme s'il s'était fait à l'idée de rester ici pour le restant de ses jours.

Les heures et même les jours défilaient, et la situation semblait s'aggraver. Armin devait supporter les questions, les remarques et les regards de ses camarades à longueur de journée, et Annie sentait bien que cela l'insupportait. Il semblait sombrer, se mettant même parfois à sortir en plein cours pour ne revenir qu'au bout de 10-20mins. Il n'en était pas encore au stade de sécher les cours, mais Annie sentait que ça se rapprochait. Pour sa part, elle continuait à faire des cauchemars. Bien qu'elle avait du mal à se l'avouer, voir son ami dans cette posture l'attristait au point de la rendre elle-même mal : elle passait ses journées à avoir la boule au ventre et ne mangeait que très peu.

Jeudi 14 octobre 2021, 13h30

Alors qu'ils étaient en plein cours de physique-chimie avec la professeur Hanji Zoé, Armin se leva une fois de plus pour quitter le cours, se sentant visiblement trop mal pour continuer. Au bout de quelques minutes, la professeure commença à s'inquiéter :

-Le délégué pourrait-il aller voir si Armin va bien ?, lança-t-elle.

Silence de mort dans la classe. Jean finit par prendre la parole :

-Madame le délégué c'est Armin...

Nouveau silence de mort. Hanji finit par demander s'il y avait un ou une volontaire pour aller voir et Annie se leva directement sans même attendre que la prof ne valide, ne laissant ainsi pas le temps à Mikasa ou Eren de lever la main. Elle quitta la salle et se dirigea rapidement vers les toilettes attribuées au second étage.

À chaque pas qu'elle faisait, son cœur se serrait un peu plus. Elle ne savait même pas pourquoi elle s'était levée, c'était comme si elle ne contrôlait plus ses mouvements. Elle s'arrêtait juste avant d'entrer dans la salle. Elle était terrifiée. Terrifiée de l'état dans lequel elle pourrait retrouver son ami. Terrifiée que ça ne soit plus jamais comme avant. En fait, tout ça lui manquait. Cela ne faisait même pas deux semaines que tout avait basculé, et pourtant elle ressentait déjà de la nostalgie.

Elle finit par se décider à entrer, et tomba sur Armin qui attendait là, assis par terre, la tête entre les bras et fixant le sol. Il fit à peine attention à elle.

Il y eut un nouveau moment de silence, et Annie crut ne jamais en voir la fin. Elle commençait enfin à comprendre pourquoi autrefois Armin cherchait à fuir ce dernier. Tout cela commençait à lui devenir insupportable, et elle décida de s'asseoir à se côté, les jambes pliées vers le haut, mais fixant pour sa part le mur en face d'elle. Armin finir par briser le silence :

-Merci d'être venue me voir à l'hôpital.

Annie fût dans un premier temps étonnée, c'était la première fois depuis son retour qu'il prononçait une phrase aussi "longue". Elle se décida ensuite à lui répondre.

-J'imagine que les donuts vont devenir ma nouvelle signature, dit-elle sur un ton ironique.

Le jeune homme esquissa un léger sourire, lâchant un léger rictus. son regard garda néanmoins une expression abattue, continuant de fixer le sol.

Il y eut un nouveau moment de silence. Celui-là semblait plus agréable. En fait, Annie appréciait presque ce moment. Personne pour les regarder ou les juger, tout allait bien. Elle jeta un coup d'œil à l'heure, il était 13h40. Ils avaient encore du temps. Soudain, Armin se décida à reprendre la parole :

-Tout s'est déroulé le vendredi après les cours, commença-t-il.

Il se mit à raconter toute son histoire. Annie ne lui avait rien demandé, mais elle sentait qu'il en avait besoin. Il voulait se libérer de ce poids. Elle l'écoutait attentivement pour ne pas louper un seul détail, bien que tout cela lui fût insupportable. Son cœur se serrait un peu plus à chaque instant, et voir Armin dans cet état la mettait très mal. Il se stoppa soudainement, comme s'il avait du mal à poursuivre. Annie ressentit cela et décida de prendre les devants :

-Tu ferais mieux de te reposer. Appelle tes parents et rentre chez toi, dit-elle sur le ton le plus réconfortant possible.

Armin se crispa. Il laissa retomber sa tête entre ses jambes et cacha ses yeux. Annie entendit alors quelques reniflements. Elle chercha à comprendre ce qu'elle avait bien pu dire, et se stoppa lorsqu'elle comprit qu'Armin pleurait. Elle recommença à réfléchir cette fois à toute vitesse, essayant de comprendre. Elle eut soudain une illumination et comprit. Merde. Si c'était bien ce à quoi elle pensait, alors elle était sûrement la pire amie qu'il eût jamais existé sur Terre.

-Écoute Armin je suis déso-..., commença la jeune femme, coupée par son ami.

-C'est rien, tu ne pouvais pas savoir, répondit-il fébrilement en se levant, détournant le regard. Merci pour tout Annie, vraiment.

Les larmes ruisselaient sur son visage, et Annie savait très bien que ce n'était pas "rien". Elle venait de se rappeler qu'il n'avait jamais parlé de ses parents, et qu'il avait toujours tout fait pour éviter le sujet. Elle avait envie de se taper la tête contre le mur, se haïssant d'être aussi stupide.

La sonnerie retentit d'un coup, et Armin quitta les toilettes en essayant de sécher ses larmes, laissant Annie derrière lui, toujours assise et se maudissant d'avoir pu commettre une telle erreur. Son cœur lui faisait toujours mal, comme compressé contre sa cage thoracique. Elle commençait à se relever quand elle vit Eren, Mikasa et même Reiner et Marco débouler dans les toilettes. Les deux premiers avaient l'air furieux tandis que les deux deniers tentaient de les calmer.

-Faut qu'on parle.

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Bonjour/bonsoir à tous !
Veuillez me pardonner cette sortie un peu tardive, ce chapitre a été un peu plus compliqué à écrire que les autres... Mais j'espère qu'il vous a tout de même plu ! (N'hésitez pas à me le faire savoir héhé-)
Sur ce, passez une bonne journée/soirée, et à bientôt pour le chapitre suivant !

[Aruani] Redonne-moi espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant