VIII/ Coucher de soleil

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Vendredi 22 octobre 2021

Les premières vacances de l'année scolaire étaient enfin là. Délivrance pour certains, source de stress pour d'autres. Pour Annie, ça lui était égal : la santé d'Armin semblait s'améliorer de jour en jour, et bien qu'elle se refusait à l'accepter, cela la soulageait grandement. Ils s'étaient revus à deux reprises depuis la dernière fois, mais Annie avait toujours trouvé un prétexte pour ne pas avoir à rendre son blouson au "beau blond" comme elle aimait l'appeler. Ce dernier l'avait beaucoup aidée dans ses révisions, et c'était grâce à lui si pour la première fois depuis le début son lycée, elle avait pu terminer un contrôle de maths.

Lorsque la sonnerie retentit, ce fût un véritable déluge d'élèves qui s'abattit dans les couloirs. Les deux amis s'étaient rapidement perdus de vue, et avaient dû se dire au revoir à la va-vite, Armin ayant une fois encore un rendez-vous médical. Le jeune femme était rentrée chez elle en traînant les pieds, avant de s'affaler sur son lit.

Bordel. Elle s'ennuyait déjà.

Les vacances passèrent à une lenteur hallucinante. Annie passait ses journées à poireauter dans différents endroits de la maison sur son téléphone. Elle était sortie quelques rares fois avec Reiner et Berthold, ses amis d'enfance, ou même avec Armin, et ce furent les seuls moments où elle s'amusa réellement. Ces moments étaient cependant bien trop courts.

Mercredi 3 novembre 2021, 8h (toujours les vacances)

Le réveil sonna. Comme à son habitude, Annie le jeta contre le mur dans l'espoir qu'il se taise. Malheureusement pour elle, il continua de brailler, déclancher les foudres de la jeune femme qui se leva en grommelant.

-Qu'est-ce qui m'a pris de mettre cette merde à une heure pareille...

Elle fixa son calendrier avant d'écarquiller les yeux. C'était donc pour ça...

Armin ouvrit les yeux. Merde. Il aurait aimé se réveiller demain. Ou même hier. En fait, n'importe quel autre jour aurait été préférable à celui-ci.
Il se leva doucement, s'habilla, puis descendit au rez-de-chaussée de l'orphelinat pour prendre son petit déjeuner.

Il avait déjà prévu ce qu'il ferait de sa journée : rien. Il comptait s'enfermer dans sa chambre en attendant que ça passe. Il mangea en silence, évitant tous les regards. Ici, tout le monde savait pourquoi il était comme ça, tout le monde savait qu'Armin détestait cette journée, et que ce serait toujours comme ça.

En bref, le 3 novembre, c'est à chier.

La journée se passa comme Armin l'avait prévue : il reçut plusieurs messages, qu'il n'ouvrirait pas avant demain. En fait, il avait même éteint son téléphone avant de le ranger dans un tiroir pour ne pas avoir à entendre les vibrations incessantes. Peu importait, puisque de toute façon Armin ne comptait pas y répondre.

D'un air meurtri, il s'était allongé sur son lit, fixant le plafond, ne faisant pas attention aux heures qui défilaient. À tel point qu'il ne s'était même pas rendu compte qu'il se faisait déjà tard.

Il entendit toquer.

-Entrez, fit-il, d'un air indifférent.

Personne n'entra. On toqua à nouveau, et Armin se leva, s'approchant de la porte avant de se figer sur place. Il venait de s'apercevoir que le bruit ne venait pas de la porte. Il se tourna lentement vers la fenêtre et manqua de faire un arrêt cardiaque.

Annie se tenait là, au péril de sa vie, à moitié posée sur le rebord et à moitié dans le vide, morte de rire de sa blague. Armin se précipita de la faire rentrer, la faisant s'asseoir sur le lit pour vérifier qu'elle allait bien. Il se mit alors à la sermonner :

[Aruani] Redonne-moi espoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant