[Aruani] Redonne-moi espoir

IX/ Deuil

Deuil. Ce mot tambourinait dans le crâne d'Armin, au point qu'il en avait presque mal au crâne. Il restait là, comme fixé sur place, sans pouvoir bouger ne serait-ce qu'un doigt. Plongé dans ses pensées, dans lesquelles tout se chamboulait. Depuis combien de temps de voilait-il la face ? Annie avait dit que cela faisait 11 ans... Enfin, ça, il n'en était plus trop sûr, son cerveau avait déjà coupé après les premières paroles de la blonde.

11 ans...

Il avait oublié. Oublié que ça faisait tellement de temps qu'il avait mal, oublié ce que ça faisait d'avoir des parents. Son grand-père avait beau avoir essayé de combler ce vide du mieux qu'il pouvait, il était parti trop tôt pour terminer ce qu'il avait entamé. Maintenant 3 ans qu'il vivait dans ce putain d'orphelinat. Armin n'avait rien à lui reprocher, mais il n'en pouvait plus. Il était à bout. Se lever chaque matin dans le même état que la veille, détruit, lui demandait trop d'effort. Cela faisait plusieurs mois que ses forces diminuaient à vue d'œil, et il le savait. Le jeune homme ne pourrait plus tenir longtemps avant de craquer complètement.

Les événements du mois dernier avaient accéléré tout ça, au point qu'Armin avait quasiment coupé les ponts avec les dernières personnes qui lui restaient, à savoir ses amis. Déjà brisé mentalement, il avait connu l'anéantissement physique pour absolument aucune raison valable, mais avait tout de même réussi à se définir comme coupable.

Et pourtant, malgré tout ce qui lui arrivait, son comportement minable à l'égard des autres et ses absences récurrentes, Annie était toujours là. Elle qui ne lui avait que très peu parlé durant toutes ces années, s'était montrée plus que dévouée envers lui depuis qu'il avait été agressé. Peu importe la situation, peu importe son comportement, elle restait au près de lui. N'y avait-il pas de garçon plus intéressant que lui avec qui trainer ?

-Armin.

Le jeune garçon sortit enfin de ses pensées et fit face à la blonde, qui semblait attendre quelque chose de sa part. Il tenta d'ouvrir la bouche pour s'exprimer, mais aucun mot ne sortit.

-Je suis désolée d'avoir été aussi brutale, je ne voulais pas te faire peur... fît la jeune femme.

Armin se releva, tremblant, et semblant à peine tenir sur ses jambes. Il tourna son regard vers son amie avant d'articuler :

-Je vais le faire.

Il ne pouvait pas décevoir Annie. Elle avait tellement fait pour lui, il se devait de lui montrer que ses efforts n'avaient pas été vains. Et puis, c'était en premier lieu pour lui-même qu'il faisait ça, pour mettre un terme à tout ça. C'était la seule solution possible.

La jeune femme, elle, le fixa d'un air étonné. Elle voyait quelque chose de différent en lui, et plus précisément dans son regard. Il semblait y naître de la volonté. De la volonté mélangée à... De la peur. Peut-être même de l'angoisse à ce niveau-là, il paraissait terrifié. Il n'y arriverait pas tout seul, et c'est pourquoi elle devait l'accompagner. C'était la mission qu'elle s'était confiée. La jeune blonde se leva et prit la main de son ami.

-Je suis contente que tu aies enfin compris, sourit-elle, mais tu es sûre de vouloir le faire maintenant ?

-Il faut que ça soit aujourd'hui, répondit-il, visiblement sûr de lui.

Ils partirent dans la minute, Armin jetait des regards répétitifs à sa montre tout au long du trajet, comme craignant la fermeture du cimetière avant leur arrivée. Ils prirent un dernier virage avant d'arriver à destination.

Le cimetière.

Armin s'était stoppé, il ne tremblait plus. Il était comme figé sur place, comme si son corps ne l'écoutait plus. En fait, même son esprit s'était déconnecté, ne laissant de lui que son cœur qui se serrait un peu plus à chaque seconde passée. Armin fût perdu dans ses pensées les plus profondes et anciennes.