Encore deux semaines plus tard, nous sommes conviés à la salle de réunion pour accueillir les trois intérimaires sélectionnés pour nous épauler dans notre travail. C’est idiot, mais j’ai un nœud à l’estomac. Dans quelques secondes je vais savoir si Pascal a été retenu ou non. Je croise les doigts, j’ai vraiment envie qu’il bosse avec nous. Ça y est, j’entre dans la salle.
— Salut, Mathieu.
Il me serre la main et me décoche un très large sourire. Que je lui retourne, évidemment. L’espace d’un instant, j’ai l’impression que nous sommes seuls au monde. Les autres n’existent plus, je ne les vois plus, la sensation est assez étrange.
Après le petit déjeuner, la chef assigne un « tuteur » à chaque intérimaire qui aura pour mission de lui montrer le fonctionnement des logiciels que nous utilisons.
— Je ne sais pas si c’est une bonne idée, mais puisque vous vous connaissez déjà, Mathieu tu t’occuperas de Pascal.
Je n’ai aucune idée de ce que les gens s’imaginent. « Se connaître », ça peut vouloir dire pas mal de choses. Je suis certain qu’il y a déjà eu de nombreux ragots, des tentatives de fantasmer sur la relation que j’entretiens avec cet inconnu. Je m’en fiche, je ne veux pas savoir, je viens de recevoir un joli cadeau.
Pour plusieurs jours il sera donc assis à côté de moi. Il est trop chou dans son costume cravate. Si on nous laissait seuls, je lui sauterais dessus. Mais dans ces bureaux, nous ne sommes jamais seuls.
— Je suis impressionné, tu as un grand espace pour toi, tu as déjà un poste important !
Plus ou moins. Je suis content qu’il soit impressionné par mon environnement de travail. En fait, je m’y suis sans doute habitué. Je ne me vois pas bosser avec d’autres personnes.
— Tu connais un peu ce logiciel ?
— Pas du tout.
— Bon, je vais essayer de t’apprendre. Surtout tu me dis si je vais trop vite, je ne suis pas formateur.
Et surtout, j’ai envie de faire plein d’autres choses bien plus intéressantes avec mon intérimaire ! Il fait exprès de sentir aussi bon ?
