Le lendemain, enfin, nous avons un moment seuls. Pendant que nous courons, du moins durant l’échauffement, nous avons le temps de parler librement. Jamais de travail…
— Tu crois que je suis en train de virer de bord ?
— Bah, ce week-end, tu as fait l’amour avec ta copine ?
— Oui, plusieurs fois.
— Donc tu as toujours envie d’elle et vous vous éclatez bien.
— Ouais. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Vendredi soir je pensais juste faire un test, ajouter une expérience à mon arc. Et puis, j’y ai beaucoup pensé et je n’ai pas pu résister à l’envie de revenir pour une autre séance.
— Il n’y a aucun souci, tu viens absolument quand tu veux.
C’est un peu étrange de dire ça. Je crois que nous avons tous les deux du mal à se faire à cette idée. Quel est mon statut ? Quel est le sien ? Peut-être que je suis juste le pote qui le vide. Peut-être qu’il n’est qu’un plan régulier, même si ça ne fait que deux fois pour l’instant.
Sous la douche collective, il n’y a personne d’autre que nous. Quand Pascal se retourne, il est excité, déjà à son maximum.
— Je n’ai pas le temps de passer ce soir, tu crois que…
C’est complètement dingue. Encore une situation que j’ai souvent fantasmée et qui devient réalité ! Évidemment, dans les films de petite vertu les mecs ont le temps de faire plein de choses sous les douches. Là, sans hésiter, je me mets à genoux et je m’occupe de mon collègue. Sauf qu’avant la fin, un autre sportif entre dans le vestiaire. Nous essayons d’avoir l’air le plus naturel possible. C’est assez difficile. Mais l’autre ne s’imagine sans doute pas ce qui peut se passer sous des douches où il n’y a que des mecs, nous l’avons échappé belle.
Impossible de se concentrer après ça. Quand on arrive jusqu’au bout, on est soulagé et on peut passer à autre chose. Là nous avons été interrompus et l’excitation n’arrive pas à redescendre. Pourtant, une fois de plus, nous devons jouer la comédie. Finalement, c’est un petit jeu intéressant. C’est la première fois que j’entretiens une relation avec un collègue et je dois dire que c’est plutôt excitant.
— Il faut faire quelque chose.
Il m’envoie ce simple message puis se lève, pour se diriger vers les toilettes. Non, je ne peux pas faire ça, pas ici, pas au bureau…
