Chapitre quatre | Sous le vent

1 0 0
                                    

Le soleil perçait à travers les nuages et avec lui, le monde s'éveillait. Dans le préau, un cheval hennit alors qu'une envolée de corneilles croassait, dérangée par les aller et retours des soldats. L'aube naissait, ciel teinté de mauve et d'ocre ; le village dormait encore, mais pas le bataillon d'exploration. Andréa roula sur le côté en grognant, encore à moitié perdue dans son songe. Il lui semblait entendre des bruits secs, comme si on tambourinait à la porte de sa chambre... Elle devait rêver, personne n'oserait venir la déranger à cette heure-ci... Sauf si Mike avait un problème.

La jeune femme se redressa d'un coup, les cheveux en bataille, espérant de tout cœur qu'aucun incident grave ne s'était produit pendant qu'elle sommeillait. En revanche, si cela ne concernait pas son patient, la rousse comptait bien rappeler à la personne qu'on ne martelait pas sur le battant (déjà bien fragile) comme un forcené. Quelle ne fut pas sa surprise en découvrant non pas le veilleur, mais Livai et Hange, déjà habillés et équipés. Battements de cils. Lente inspiration. Face aux prunelles claires du caporal, la doctoresse faillit bien rabattre son caquet en refermant l'entrée d'un coup sec.

Carstein ne se tenait pas droite, à demi-appuyée sur sa canne, soigneusement dissimulée par l'embrasure du sas, sa jambe gauche en équilibre précaire pour ne pas trop la solliciter. Tant qu'elle ne s'était pas étirer, ses muscles étaient aussi raides qu'un cadavre refroidi, d'où sa posture bancale.

— En plus d'avoir un accent de merde, t'as un balai dans le cul gamin ?

Le bonjour c'est en option chez toi ? Pensa-t-elle, déjà énervée par le comportement grossier du général. Si c'était pour qu'il l'agresse de la sorte, il était hors de question qu'elle mette un pied en dehors de la caserne alors qu'elle avait décidé de venir avec eux pour leur excursion montagnarde. Rien que pour l'emmerder, Carstein avait envie de réfuter la proposition d'Eren, bien qu'elle sache que ce n'était pas réellement son souhait. L'œillade qu'elle lança à Ackerman en disait long sur la colère bouillonnant dans sa cage thoracique, tel un volcan sur le point d'exploser.

— Livai ! C'est pas comme ça qu'on dit bonjour ! S'exclama la brune, choquée de l'attitude de son collègue.

Je m'en fous, je veux savoir s'il vient ou pas.

Dans le genre désagréable, le ténébreux se plaçait en bonne position. Il ne lui accordait pas un regard, bras croisés sur son torse, son uniforme impeccablement repassé ; à cette distance, la soignante pouvait détailler sa stature, ses épaules musclées, jambes élancées et nuque droite, tandis qu'il claquait sa langue contre son palet, irrité d'avoir dû accompagner Zoë. Il tritura un fil de sa manche, signe manifeste de son exaspération. Pourquoi diable sa comparse avait tant insisté pour qu'il vienne ? Se retrouver dans ce minuscule couloir poussiéreux, qui sentait l'antiseptique lui donnait la nausée.

— Je peux venir, mais je peux pas marcher sur des longues distances trop longtemps... Révéla l'auburn avec une grimace.

Livai haussa un sourcil face à ce gamin à la crinière désordonnée, coiffée de telle sorte que cela ressemblait à un nid d'oiseaux. Sans parler de ses yeux, de la même couleur qu'une personne qu'il avait connu il y a longtemps... Sa simple présence le fâchait, véritablement. Il ne parvenait pas à comprendre pourquoi Erwin lui avait demandé de les rejoindre, malgré le manque cruel d'effectif... Non, quelque chose n'allait pas. Vraiment pas.

— Comment ça ? t'es cul de jatte maintenant ?

Il avait craché sa réplique sans cacher son sarcasme avant de pivoter dans la direction inverse pour emprunter les escaliers. Andréa fulminait, au sens littéral du terme, le poing contracté si fort que ses jointures blanchissaient. Jamais, oh grand jamais, elle ne se serait permise de lui balancer qu'il faisait la même taille qu'un nain de jardin, ou même lui balancer qu'il avait une sale gueule.

Nos cicatricesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant