Confinement torride - Publié aux éditions SHARON KENA (21.02.2023)

6 - Dépossession

     Nina

     Mais c'est quoi ce bordel ? Voilà ma première réflexion en pénétrant dans l'appartement de Nathan. Je n'ai pas l'habitude d'être vulgaire, mais là, c'est le chaos complet. D'abord cette réaction stupide dans le métro ! Non mais, il se croit à l'époque des cavernes, l'homme préhistorique ? Insulter un policier, tout ça parce qu'il m'a regardée d'un peu trop près, on rêve ! Moi, j'avais surtout envie d'étrangler ce flic qui m'empêchait de rentrer chez moi !

     Mais surtout, c'est cette réaction face au voleur que j'ai trouvé disproportionnée. Il m'a carrément fait flipper sur ce coup. Mince, ce confinement est un cauchemar avéré ! Il va falloir trouver une solution rapidement, il est hors de question que je reste deux semaines dans cet appartement. Je dois appeler ma sœur, elle aura une idée, elle sait toujours ce qu'il faut...

     — Mais c'est pas vrai ! Mon sac à main ! Il est où, lui, encore !?

     Nathan

     Maintenant que je me suis calmée, je l'observe, amusé, retourner les coussins du sofa et s'agenouiller, telle une hystérique, pour fouiller dans les affaires que contient sa besace. Enfin, je la regarde surtout jeter en l'air ses fringues qui s'éparpillent sur le sol tout en poussant des "Non, Non, Non... C'est pas vrai !!". Euh, dois-je m'en inquiéter ou en rigoler ?

     Je prends le parti de m'éloigner pour m'installer sagement, à l'abri, sur un des tabourets du bar. C'est plus prudent. Je sirote ma bière tout en continuant de contempler ce spectacle digne d'un numéro de jonglage ou de magie, tel l'illusionniste qui sort des foulards multicolores de son chapeau.

     Nina

     Non mais, dans mon sac à main, j'ai toute ma vie : mon téléphone, ma carte bancaire, ma carte vitale, ma carte mutuelle, MON TÉLÉPHONE, mon agenda, tous mes contacts, mes rendez-vous à venir, MON PUTAIN DE TÉLÉPHONE. J'ai même une carte de fidélité du kiosque à pizzas d'en bas de chez moi et, surtout MON...

     Oh non ! Même mon petit album photo est perdu. Celui qui contient tous les souvenirs de mon dernier séjour chez mes parents à La Réunion, ça remonte à trois ans maintenant !!! J'ai envie de pleurer, et quand je me retourne pour regarder ce que fait cet idiot de Nathan, le voir stoïque, indifférent à ma détresse, c'est trop pour moi, la digue se fissure et j'éclate en sanglots.

     Nathan

     La voir dans cet état me bouleverse comme si je recevais un coup au cœur. Je sais que je dois agir et, en une demi-seconde, je suis à ses côtés. Je la redresse et l'entoure de mes bras, tentant de calmer ses sanglots qui me touchent plus qu'ils ne devraient. Naturellement, j'essaie de la rassurer :

     — Nina, ce n'est pas grave. Quelqu'un l'aura trouvé et le rapportera au commissariat. Tu vas récupérer ton sac à main, sois optimiste.

     J'espère seulement qu'elle ne l'a pas égaré dans le métro ou que ce n'est pas cet enfoiré de loser qui l'a tiré. Rien que de repenser à lui, j'ai envie de.... D'abord calmer Nina, la serrer plus fort dans mes bras, lui transmettre un peu de ma force, qu'elle sente qu'elle n'est pas seule.

     Nina

     Les mots de Nathan me font du bien, enfin, surtout la tendresse du ton qu'il utilise pour me les dire et sa manière toute en douceur qu'il a de me consoler. Ça m'apaise ! La chaleur de ses bras lorsqu'il resserre son étreinte me sécurise ! Je me calme petit à petit ; il faut relativiser.

     — Mais, tu sais, sans téléphone je n'ai aucun numéro en tête. J'avais bien noté les plus importants dans mon agenda pour le « au cas où », mais celui-ci se trouve dans mon sac à main. Je ne comprends pas comment j'ai pu le perdre, ou alors, c'est le type de tout à l'heure, dans la rue, qui me l'a subtilisé sans que je m'en rende compte.

Il sent que mes larmes sont prêtes à refaire surface. Affectueusement, il rapproche son corps un peu plus près du mien, puis se penche et caresse mon dos. Au passage de sa main, une décharge électrise ma colonne vertébrale ; l'air crépite et devient soudain irrespirable. J'ai l'impression qu'il le ressent aussi.

     Nathan

     Sérieux, mais je suis une bête en rut. Alors que Nina n'a besoin que de réconfort, voilà que je sens mon sexe durcir tandis que je suis tout contre elle. Elle va me repousser c'est évident. Elle va penser que je profite de son désarroi pour la faire succomber et tomber dans mes filets. Non, mais là, il faut vraiment que je me reprenne ou elle va piquer une nouvelle crise de larmes et je ne le supporterai pas.

     Tandis que je m'écarte, Nina agrippe mes hanches et colle son bassin tout contre mon érection. Un râle sort de ma gorge et je perds tout contrôle. J'empoigne sa nuque et tire doucement ses cheveux pour incliner sa tête en arrière et accéder plus facilement à sa bouche. Sa bouche si belle et si sexy.