Chapitre 46

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22 Juillet


Tristan tritura sa veste de costume bleu ciel qui mettait ses iris en valeur. Sa chemise blanche était fine, assez pour qu'il n'étouffe pas à cause de la chaleur. Son col mao lui permettait de faire l'impasse sur une cravate. Son tailleur bleu pâle le mettait en lumière au point que son estomac se tordait d'angoisse. Il se sentait voyant. Lumineux. Trop. Victor avait tenu à ce qu'il enfile cette tenue. Il s'était fait un devoir de l'habiller et de le coiffer. D'ordinaire disciplinés, ses cheveux étaient ébouriffés et lui donnaient une allure plus sauvage.

Il gratta sa nuque et se mordit la lippe en observant le palais mis en lumière par toutes les lampes allumées à travers ces fenêtres géantes qu'il percevait de celle teintée de la limousine. Il n'était pas du tout à l'aise. Victor, à ses côtés, semblait ennuyé. Il avait attaché ses cheveux de façon plus soignée. Pour l'occasion, il s'était vêtu d'une chemise beige en lin et d'un pantalon blanc épuré qui s'arrêtait au-dessus de ses chemises, mettant en lumière les mocassins marron clair à ses pieds.

L'artiste avait reçu une invitation pour un gala. Un rassemblement de stylistes connus et de riches en tout genre. Il détestait venir à ce genre d'évènements, mais il avait dû faire un effort. Après tout, ils seraient présents. Il se devait d'au moins leur accorder une discussion. N'ayant aucune envie de s'y rendre seul, sachant combien cela pouvait lui être pesant, il n'avait pas laissé le choix à Tristan. Non pas que ce dernier ait protesté.

— Messieurs, nous sommes arrivés, indiqua le chauffeur.

Le cœur du noiraud s'emballa en observant la foule qui se positionnait de part et d'autre du tapis rouge. Il voyait les journalistes mitrailler chaque petite tête connue. Finalement, il aurait préféré se renseigner un peu plus sur ce genre d'évènements. Il n'avait aucune envie de faire la une d'un magazine. Son lit l'appelait ainsi que la sécurité de son appartement.

La main de Victor le surpris assez pour qu'il sursaute. Il observa leurs doigts noués et rencontra le gris de ses yeux, anxieux.

— Lorsqu'il nous ouvrira la porte, descend après moi. Tiens-toi à mes côtés.

— Je... je veux rentrer..., souffla Tristan en serrant le poing.

Le professeur le fixa longuement, silencieux. Il finit par se pencher vers lui avant que la porte ne s'ouvre et posa un baiser sur ses lèvres pour le motiver. Pris au dépourvu, le noiraud mit plusieurs secondes à comprendre ce qu'il venait de se passer. En deux minutes, il se retrouva sur le tapis rouge, à côté du quarantenaire, sous les flashs brûlants des appareils photos.

Jamais Victor ne lui offrait de baiser, il était le seul à en réclamer. Il plissa les yeux, aveuglé par un flash. L'artiste lui agrippa le coude et le pressa afin d'entrer dans le bâtiment. Aux portes, il donna son nom et mentit en présentant l'étudiant comme son assistant. Ils pénétrèrent dans une pièce immense et lumineuse, peuplée de monde habillé sur leur trente-et-un. Les tenues, soignées, pouvaient parfois se montrer très extravagantes. Comme cette robe blanche et longue aux allures futuriste qui mettait étonnement en valeur la silhouette de cette inconnue.

On leur proposa un verre de chardonnay que Victor accepta volontiers. Sans même donner son accord, Tristan se retrouva avec l'alcool entre les mains. L'artiste posa sa main au creux de ses reins et l'entraîna à travers la foule, le verre à ses lèvres. L'étudiant inspecta son visage et s'attarda sur ses iris qui semblaient balayer l'environnement sous leurs yeux, à la recherche de quelque chose.

Nerveux, il sentit quelques regards dans leur direction. Il tira sur le col de sa chemise qui pourtant, ne le dérangeait absolument pas. La lumière était trop brillante, l'attention trop présente. Pourquoi avait-il accepté ? Au fond, il le savait déjà : en découvrir un peu plus sur le quarantenaire commençait à titiller sa curiosité.

Un petit-ami à louerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant