𝕻𝖗𝖔𝖑𝖔𝖌𝖚𝖊

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Je cours du plus vite que je peux, les larmes dégringolantes sur mes joues glacées par le froid. Les sons réguliers qu'émettent ma valise ne cessent de me rappeler à quel point le choix que je viens de prendre aura de lourdes conséquences sur mon avenir. J'avance, sachant nullement où je me dirige. Partir. C'est le plus important. Je dois partir. Car à présent, je ne suis plus en sécurité. C'est la seule solution, la seule et dernière bouée de sauvetage qui me reste. La noyade n'est pas une option, et aucun bateaux ne viendra me secourir. Alors mieux vaut nager. Courir. Tant que mes jambes me le permettent encore. Je n'ai pas le droit à l'erreur, pas maintenant.

Une partie de mon esprit ne peux s'empêcher de penser à elles. À mes amies, mes sœurs. Celles que j'abandonne sans laisser de traces. Sans explications. Mais je n'ai pas le choix, il est déjà trop tard pour retourner en arrière. À présent, Samantha qui a son lit tout de près du mien a sûrement remarquer que je ne suis plus là. Et connaissant cette jeune fille, fortes sont les chances qu'elle ai déjà avisé toutes les gardiennes.

J'ai mal.

Mes orteils n'en peuvent plus.

Tellement mal.

Je n'ai plus de souffle. L'oxygène déambulant dans l'air ne parvient plus à m'aider.

Le vent actif fait danser mes cheveux légèrement ébouriffés. Mes lèvres gercées tremblotent sans relâche en y laissant quelques sons de grelottements. Mais je cours, sans regarder le chemin que mes pieds viennent de précéder.

Je ne vois approximativement rien. La lune est ma seule source de lumière. Alors je me fis à elle, au chemin qu'elle m'invite à prendre. Les rues sont approximativement vides.

Quelques bruits de moteur rugissent au loin. Sachant à quel point il est dangereux pour moi d'aborder qui que ce soi, je tourne d'un pas brusque vers un chemin différent. Une rue étroite et beaucoup plus sombre que la précédente.

Je n'y arrive plus.

D'un coup sec, je m'arrête. Mes jambes accablés me lâche instantanément. Je glisse rapidement mes deux bras autour de mon ventre, essayant de respirer du mieux que je peux. L'envie de vomir me prend soudainement, mais j'essaye de me retenir tant bien que mal. Assise sur mes genoux, les cheveux pendant devant mon visage asthénique, je ferme doucement les yeux et me laisse guider par le silence de la noirceur. Je sèche rudement mes larmes et rejette d'un élan ma chevelure de sorte à pouvoir observer les alentours. Personne. Mais au moment où je décide enfin à me relever, une voix légèrement ébréchée m'interpelle :

- Eh! Todo va bien? (Tout va bien?) Prononce l'individu en s'approchant vers moi.

J'hoche légèrement la tête, espérant que cette personne se décide à partir, mais au contraire, des pas énergétiques se rapproche de moi.

- Vous tremblez.

L'inconnue s'accroupit vers moi. Je sens alors une main chaude se poser dans mon dos. D'un geste stricte, je pivote la tête vers la provenance de la voix en question. Une femme apparaît alors sous mes yeux. Son regard est doux et inoffensif. Elle semble chercher à comprendre ce qu'il se passe en sculptant mon visage de près, mais mes yeux ne laissent rien paraître. Nous nous fixons pendant quelques secondes, la femme très certainement âgée de la trentaine se mord l'intérieure de la joue tout en inspectant chaque recoins de mon visage.

- No necesito ayuda. Estoy bien. ( Je n'ai pas besoin d'aide. Je vais bien.) J'articule en détachant finalement mes yeux des siens.

- Où sont tes parents?

Mon cœur se serre brutalement. J'avale d'une grande difficulté ma salive avant de répondre:

- Je vais bien s'il vous plaît laisser moi tranquille.

Mais la femme ayant un unique but en tête soupire bruyamment en passant sa main dans ses cheveux.

- Où sont-ils? Je veux les voir. Je partirai ensuite.

Mon visage se crispe alors instantanément. Je sens les larmes me monter peu à peu. C'est comme ci cette femme sait exactement où frapper pour me faire du mal.

- Je n'en ai pas. Si c'est ça que vous souhaitez entendre. Je révèle enfin en me mordant la lèvre inférieure.

- Alors qui est avec toi?

- Personne.

La dame ne répond pas. Elle se contente juste de se relever et de me tendre la main.

Je fronce légèrement les sourcils, lui demandant d'une certaine manière de m'éclairer un peu plus. Elle me sourit faiblement en se grattant la nuque.

- Comment est-ce que tu t'appelles?

- Cécilia.

- Je m'appelle Vienna. J'ai cru comprendre que tu es seule, du moins pour l'instant. As-tu une place où dormir?

Sans même réfléchir, je répond d'une voix basse :

- Non.

Vienna remue discrètement la tête me faisant comprendre qu'elle a enfin assimilé toutes les pièces du puzzles.

- Tu n'as pas de parents et tu n'as pas de place où dormir... tu es orpheline?

Mes larmes qui avaient cessé de couler quelques minutes auparavant reprennent alors leurs parcours le long de mes joues.

- Oui. Finis je par confirmer en la fixant.

D'un coup, Vienna saisit ma main. C'est avec un élan qu'elle me remet sur mes deux pieds en me serrant proche d'elle pour éviter que je perdes l'équilibre.

- Quel âge as-tu? Me questionne la femme.

- 11 ans.

- Ça tombe bien, j'ai une fille d'un an plus jeune que toi. Tu auras l'occasion de la rencontrer car je t'amène à la maison avec moi.

Un sourire presque invisible se dessine sur mes lèvres. Vienna me rapproche contre elle en me flattant légèrement les cheveux. Nous partons ensemble, vers son domicile. Et pour une seconde, je finis même par oublier dans quel embarras je me suis foutue.

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