Chapitre 9

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Chapitre 9

Le souffle court, Naranbaatar sentait les muscles de son cheval rouler sous ses jambes. Il plissa les yeux, observant le champ de bataille autour de lui, son sabre à la main. Il avait du mal à maintenir sa prise sur son arme, tant ses mains étaient recouvertes de sang humide. Un autre cavalier accourut à ses côtés, il avait de longs cheveux bruns nattés et retenus en un chignon lâche. Ses yeux clairs étaient encerclés par une grande tâche noire, qui se désagrégeait petit à petit en taches de rousseurs. Il avait un sourire espiègle, qui contrastait fortement avec les cris et les éclats de métal qui résonnaient autour d'eux. Sur la poitrine de son armure en métal rebondissait un nœud compliqué en fil rouge : c'était un commandant.

- Adrest, lui hurla Naranbaatar, change-moi ce visage bon sang !

L'interpellé haussa un sourcil en circonflexe et ses yeux brillèrent de malice :

- Oh, il y a peu de chances pour que quelqu'un puisse me reconnaître, jamais ils n'ont vu mon visage.

Il ajouta avec un sourire carnassier :

- Et ceux qui m'ont fait face aujourd'hui ne sont pas prêts de se relever.

Adrest leva les yeux au ciel face au regard de métal de Naranbaatar. Aussitôt, son visage se déforma en une grimace insoupçonnable, ses traits se tirant et se tordant dans tous les sens. Son nez s'allongea en même temps que son crâne, alors que ses yeux s'éfillèrent. D'un seul coup, toutes ses nattes disparurent, ses cheveux se raccourcirent et devinrent blanc en un clin d'oeil. Naranbaatar eut une moue dubitative :

- Je ne suis pas certain que se déguiser en Faust soit la meilleure solution.

- Au moins... Répondit Adrest, qui planta alors sa lance dans l'épaule d'un ennemi qui s'élançait vers lui, je vais pouvoir profiter d'un effet de surprise !

Le roi de l'Est raffermit sa prise sur son sabre, avant de couper la tête de l'homme que Adrest avait éperonné. Ce dernier la regarda rouler à terre, sur les blessés et cadavres qui étaient à terre. Il laissa ensuite son regard caresser la grande plaine sur laquelle se déroulait la bataille. Ou plutôt s'était déroulée. Il ne restait plus grand monde debout. Les Atlantes avaient complètement vidé leurs chargeurs, sur le cheval qu'elle avait volé, leur générale les regardait au loin. Seule sa silhouette était visible, mais Adrest la reconnaîtrait entre mille : avec un sourire il lui fit un coucou de la main, persuadé qu'elle le fixait lui, mais surtout Naranbaatar. L'Atlante resta un moment sans bouger, puis elle leva le bras en hurlant des mots incompréhensibles : aussitôt, toutes ses troupes reculèrent.

Naranbaatar ne chercha pas à les poursuivre : au vu de leurs effectifs, cela leur ferait plus de mal que de bien. Ils avaient assez perdu de Guerriers pour aujourd'hui. Le roi de l'Est fit un signe de la main à Adrest, qui décrocha immédiatement sa corne de brume de sa ceinture. Lorsqu'il souffla dedans, le bruit fut tel que Naranbaatar dû fermer les yeux, il sentit sa cage thoracique vibrer. Mais il fallait bien ça pour se faire entendre après un combat pareil. Une migraine lui attaqua soudainement les tempes.

Voyant que ses hommes se rangeaient petit à petit autour de leurs commandants, et que déjà, la troupe minuscule d'Adrest le rejoignait, il rengaina son sabre et donna un coup de talon à son cheval, tournant enfin le dos à ce massacre. Les infirmiers viendraient ensuite récupérer les corps. Avec un peu de chance, ils arriveraient à confisquer certaines armes atlantes qui étaient restées à terre, avant que leurs ennemis ne puissent les reprendre. Adrest lança son cheval à sa suite, avec un trot enjoué et toujours avec le visage de Faust sur la tête. Naranbaatar était habitué à lui parler sans nécessairement reconnaître son visage, mais c'était toujours perturbant de le voir prendre celui d'une de ses connaissances, surtout lorsque leurs caractères étaient radicalement différents. Derrière eux, la troupe d'Adrest les suivait, au pas et avec une distance respectueuse. Normalement, Adrest était spécialisé dans les attaques d'infiltration nocturnes, mais Naranbaatar avait cruellement besoin de renforts. Et encore plus d'une garde personnelle. La Générale atlante semblait bien décidée à lui faire la peau.

Daress - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant