Chapitre 11

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Chapitre 11


Lada avait l'impression que ses paupières avaient le poids de deux enclumes, un épais brouillard refusait de se déloger de sa tête. Il lui sembla prendre une éternité à maîtriser le tournis qui la prenait à chaque fois qu'elle parvenait à ouvrir les yeux. Doucement, les souvenirs lui revenaient, les yeux verts perçant... Le bâtiment en ruines... Un hoquet la saisit : et ses amis pris par trois inconnus. Elle voulut se redresser en vitesse, mais à peine souleva-t-elle la tête, qu'une grande douleur lui saisit le front.

Avec un gémissement, elle porta sa main à sa tempe, et y découvrit un pansement qui recouvrait la blessure infligée par cette femme au masque à gaz. Lada se força cependant à tourner la tête, pour observer le monde autour d'elle, avec l'espoir de retrouver les visages de Leevi, Aaran et Asbel. Elle se trouvait visiblement couchée dans une chambre exigüe : on pouvait constater l'effort qui avait été fait pour la rendre confortable, alors que d'immenses fissures parcouraient les murs.

Son cœur manqua un battement, lorsqu'elle aperçut une paire de jambes croisées, juste devant elle. Elles étaient habillées de grandes bottes à crampons pleines de boues et de poussière. Lada essaya de se contorsionner pour lever la tête et distinguer le visage de la personne qui lui faisait face, mais cette dernière se leva avant qu'elle n'y parvienne, quittant sa chaise branlante pour se rapprocher de son lit.

- Tu ne devrais pas t'agiter autant, tu vas finir par vomir partout. Il faut dire que je n'y suis pas allée de main morte.

A peine l'inconnue avait-elle terminé de prononcer ces mots, qu'elle s'accroupit au chevet de Lada pour la regarder droit dans les yeux. La jeune fille eut l'impression que tout son sang quittait son corps lorsqu'elle la reconnut. Une peur affreuse lui saisit le ventre, mais sa bouche était trop pâteuse pour pouvoir articuler un cri.

Les yeux de cette femme étaient encerclés de motifs particulièrement détaillés et fournis, qui couraient tout le long de ses joues jusque ses tempes. Ses traits restaient fins malgré son nez qui avait visiblement été cassé. Une frange très droite lui barrait le front, alors que le reste de ses cheveux rouges étaient rangés en deux nattes collées en rond sur les côtés de son crâne, à l'aide de deux rubans jaunes qui pendaient le long de sa nuque. Étonnement, malgré la boue qui maculait ses chaussures, le reste de ses vêtements était miraculeusement propre. Elle portait une chemise aux manches amples, ainsi qu'une veste verte kaki richement détaillée, surplombée par un corset en cuir, d'où pendaient des pochettes. De plus, un ruban agrémenté d'une pierre bleue décorait son cou recouvert de dentelles.

La femme passa ses doigts délicat sur la blessure de Lada avec un sourire, cette dernière eu un sursaut : elle aurait tellement voulu sauter hors du lit, s'enfuir ! Mais il était déjà tellement difficile de lever une main... L'inconnue fronça ses sourcils :

- J'ai réagi ainsi parce que tu m'as fait peur. A essayer de me frapper comme cela, il ne fallait pas s'attendre à autre chose ! Il n'empêche que l'on t'a abandonnée longtemps dans ce lit, il va falloir que l'on change tes pansements.

Sur ces mots, elle se pencha sur la table de chevet pour en ouvrir le tiroir, farfouillant à l'intérieur, manifestement en quête de fournitures médicales. Mais les mains de Lada continuaient se trembler, malgré les airs attentionnés que l'inconnue se donnait :

- Où... Sont... Parvint à articuler Lada

La femme la coupa dans son élan, devinant déjà la suite de sa question :

- Tranquillement installés dans une autre chambre. Où derrière cette porte, qui sait ? Ils se sont déjà enfuis plusieurs fois... Dis-moi, de quoi te souviens-tu encore ?

Daress - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant