Chapitre 6

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Ils s'avancent. Les quelques activistes qui étaient toujours dans la rue se cachent dans les bâtiments. Je tire sur le rideau et place mon canon à côté de l'extrémité de la fenêtre. Les conservateurs se séparent en sous-groupes. Je sens mon foulard chanceux se défaire. Protocole, silencieux, viseur, les doigts en position. Un activiste se jette en pleine rue. Il sort son couteau et saute sur un homme, qui n'a pas le temps de réagir. Une conservatrice tire sur l'attaquant. Elle se fait descendre, elle aussi. Celui qui s'est fait attaquer se dégage du corps du fou-furieux. Il regarde la femme par terre. Il pousse un cri. Il regarde son chargeur, puis le ciel. Une grimace sur son visage. Les activistes regardent la scène avec dégout. Mon camp n'est pas toujours humain. Mon instinct est de courir dehors, mettre sa tête sur mes genoux, éponger son front, lui dire des mots doux. Je regarde dans mon viseur, mes doigts en position. L'homme au sol se tourne vers moi. Un sourire élargit ses lèvres et les larmes se mélangent avec le sang. Un nœud se forme dans mon estomac. Mes doigts exercent une pression.

Il est au sol. Aucune souffrance. Bliss.... As they would say here...

Je m'étends sur le tapis de la chambre d'hôtel. Un goût salée et métallique envahit ma bouche. Je mords l'intérieur de mes joues quand je tire. Ma vision se brouille. Mon corps est lourd. Un homme en noir rentre en trombe et me fait asseoir, je sens un liquide tiède entre mes lèvres. Il défait mes cheveux. Mon cuir chevelu relâche la tension. Il passe ses doigts dans ma chevelure. Mon cou se relâche et je me cogne presque contre le mur, mais il me rattrape et dépose ma tête proche de son épaule. Puis, les larmes remontent dans mes yeux.

-It's 6 PM, it's over.  

Portrait d'une Guerre CiviliséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant