CHAPITRE III

53 7 6
                                    

28 juin 2035, Séoul, Corée du Sud, quartier de Seongsu-dong

Lorsque Ryu-jin entra dans son appartement, elle referma aussitôt sa porte à clé, avant d'éclairer et de vérifier toutes les pièces une par une, minutieusement. Ensuite, elle ferma tous les volets de toutes les pièces et une fois cela fait, elle s'assit sur son canapé avant de pleurer à cause du stress qui la suivait depuis quelques temps de partout. Une semaine qu'elle recevait des lettres d'une personne étrange, qu'elle ne connaissait pas, ou qu'elle espérait ne pas connaître et surtout ne jamais rencontrer. Une semaine que son téléphone affichait le pseudonyme d'un inconnu, tous les matins, alors qu'elle regardait ses messages sur les réseaux sociaux, le même profil s'affichait et lui envoyait une vidéo d'elle même. Où était-il ? Elle ne le savait pas, mais il lui envoyait des cartes, qu'il mettait directement dans sa boîte aux lettre -elle le savait car aucun timbre ne venait les décorer- ou bien qu'elle retrouvait en allant à son agence, devant son pallier.
Mes yeux sont rivés sur toi et te suivent où que tu ailles. Avec amour,
S. E.
Voilà ce qu'il disait. Il la suivait, elle en était certaine. Elle avait depuis longtemps découvert qui il était mais ne pouvait rien faire car il la surveillait à chaque instant de la journée, il la suivait, et si elle était encore vivante maintenant, c'était par pure chance ou gratitude de sa part. Il ne voulait pas la voir morte, pas maintenant, en tout cas...

Il l'observa, à travers ses jumelles, vérifier toutes les pièces avant de fermer tous les volets. Il laissa s'échapper un petit rire, trouvant cette scène des plus comiques car elle ne pouvait se soustraire à ses yeux, avant de les poser sur le meuble à côté de son fauteuil. Il l'avait bien assez observé pour aujourd'hui, du moins, à travers les jumelles. Il avait pû la suivre lorsqu'elle était allée à son travail puis chez son amie, pour l'instant elle ne montrait aucun signe de méfiance ou de panique quand elle sortait de chez elle. Elle devait très certainement penser qu'il était un simple fan un peu dérangé. Elle était vraiment une proie facile, bien trop simple à tromper. Les trois autres femmes qu'il avait déjà tué avant elle avaient été plus méfiantes, plus perspicaces. Il avait eu du mal avec elles, mais, même leurs prudences n'avait pû les sauver. Avec Ryu-jin, il devait pourtant se méfier, il en était persuadé. Elle avait toujours été différente des autres, incroyablement et irrémédiablement intelligente. Il devait faire croire qu'il entrait dans son jeu, qu'il la sous-estimait, la partie n'en serait que plus existante et drôle. Il ne fallait cependant pas qu'il oublie sa mission, ce pourquoi il faisait tout cela, car lui aussi, n'était pas comme les autres, il ne tuait pas par plaisir, jamais il n'avait éprouvé le besoin ou l'envie de déchirer la chaire, de voir la mort dans les yeux de ses victimes.

Il était différent des autres meurtriers. Seul l'un d'entre eux aurait pû rivaliser avec lui. Il s'en était même inspiré. Le célèbre tueur en série de Londres, Jack l'éventreur. Rivaliser avec lui serait bien plus simple que ce qu'il pensait, il avait prélevé les organes de sa première victime, contrairement à lui, mais avait suivi son exemple en envoyant à une chaîne de télévision -même si Jack, ça avait été un quotidien- ces derniers, affolant la population lorsque la chaîne d'information en avait parlé lors de leur émission.

Il se leva, sortant de ses pensées et s'avança dans le séjour miteux de ce qu'il appelait son habitation. Il passa devant les murs aux couleurs jaunâtres, dont les couches inférieures se révélaient avec le temps -rendant l'ensemble extrêmement crasseux, à tel point que la seule impression qui en ressortait n'était autre qu'un peintre aurait souhaité représenter la fin du monde, le combat ultime entre le bien et le mal, avec le blanc et le jaune du bien et le rouge et le noir du mal-, sans même y prêter attention. Il ne resterait que quelques jours, deux semaines tout au plus si sa nouvelle proie était un peu trop coriace. Pour lui, trouver un logement face à l'immeuble de sa prochaine victime avait été une aubaine, mais il avait tout de même truffé son appartement de caméra et de micro, directement reliés à son téléphone, qui avait été trafiqué afin d'éviter tout piratage, dans le but d'anticiper toutes ses actions et de la voir même lorsqu'il n'était pas chez lui. Il pouvait ainsi suivre toutes ses conversations, et éviter qu'elle ne se rende au commissariat ou ne téléphone à la police. L'état du petit appartement lui importait peu, il était même assez content, car il pouvait observer la jeune femme en toute discrétion, avec pour seul outillage des jumelles.

The ripper's returnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant