Une musique berçait le périple de Juvia. Plongée dans un univers coloré et apaisant, la jeune femme ne pouvait rien faire d'autre que mettre un pied devant l'autre. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était là, mais elle aimait cet endroit.
Tantôt, elle croisait de grands arbres aux branches immenses qui brisaient le ciel de cet univers dans lequel elle s'était réveillée. Sa tenue coïncidait avec l'endroit : sa robe lui tombait gentillement sur les mollets, laissant ses pieds nus sentir le sol. Ses épaules, dénudées, pouvaient ressentir une légère brise quand elle avançait. Ici, elle se sentait paisible et libre pour la première fois de sa vie.
Une musique berçait le périple de la jeune femme, comme si chacun de ses pas envoyaient une note dans les airs. Sa marche était harmonieuse, tout comme le calme qui régnait dans son coeur.
Cependant, tandis qu'elle marchait, les arbres qui lui paraissaient si bienveillants se transformèrent en menace : un arbre, plus grand que tous les autres, lui barrait le chemin. Le sentiment qu'elle ressentit fut familier, mais elle ne put le laisser s'installer dans son esprit, comme si elle ne voulait pas qu'une émotion négative vienne troubler sa quiétude. Cependant, plus elle s'approchait de cet arbre, plus ce sentiment étrange emplissait son coeur.
L'attraction de cet arbre était bien trop puissante pour que la jeune femme ne puisse ignorer la grandeur et la sagesse émanant de lui. Elle voulait s'en approcher, le toucher, plonger au coeur de ses racines pour en comprendre le fontionnement et pour se protéger de l'extérieur. Cependant, son instinct lui hurlait de ne pas le faire, de ne pas céder.
La jeune femme s'arrêta net. Le visage soudain devenu pâle, les yeux alertes, elle regardait autour d'elle, comme si elle était suivie. Elle se sentait honteuse et vulnérable quand elle découvrit son propre reflet, vêtue d'une tenue probablement volée. La Juvia qui lui faisait face avait un regard vide, mais la fixait. Comment avait-elle fait pour la suivre tout en masquant sa présence ?
Soudain, l'arbre qui se trouvait maintenant derrière la "vraie" Juvia bougea. Ses lianes emprisonnèrent la jeune femme, l'empêchant d'effectuer le moindre mouvement. Son instinct l'avait prévenu, et elle n'a pas su l'écouter. Elle s'en voulait pour cela.
L'individu en face d'elle bougea de quelques centimètres avant de s'écrouler dans un bruit sourd, arrêtant la quiétude environnante. La respiration de Juvia s'intensifia, elle ne pouvait plus respirer sans que cela ne lui demande une énergie considérable. Les lianes qui lui entouraient la poitrine se resserraient contre elle à chaque inspiration. Elle se sentait terriblement impuissante.
L'autre Juvia commença à bouger, le visage contre le sol. Tel une marionnette, elle se releva, toujours le regard fixé sur la vraie Juvia. Cependant, son regard fut emplit d'une compassion et d'une pitié qu'elle n'avait encore jamais vu. Un pas après l'autre, elle s'avança vers la jeune femme - qui essayait de bouger malgré son incapacité à le faire - les larmes coulant sur ses joues.
- Arrête ! hurla la Juvia enchainée, dans un souffle.
La menace n'arrêta en rien la progression de son alter-ego qui continuait à avancer nonchalamment.
- Arrête ...
Collée contre son front, Juvia ne put s'empêcher de plonger son regard dans celui de son autre. Elle y vit toute la vie qu'elle avait avant : ses amis, son appartement, le sourire, la vie, son amour... La Juvia manipulée, c'était ses souvenirs qui tentaient de la faire revenir.
Elle comprit : elle n'était pas en sécurité ici. A chaque pas qu'elle faisait, elle plongeait son esprit dans les ténèbres de la mort, qu'elle accueillait à bras ouverts. Cependant, cet arbre et cette autre Juvia l'avaient rattrapé à temps. S'il y en avait encore pour elle.
Juvia n'avait jamais ressenti autant de honte : elle était vulnérable et détestait ce sentiment. Elle se sentait trahie par ce monde qui l'avait cachée au reste. Elle s'en voulait de ne pas s'être battue jusqu'au bout.
Une douleur lui arracha un cri. Tombant violemment à terre, elle se tenait le ventre, tordue de douleur.
- Qu'est-ce qu'il m'arrive ?! réussit-elle à dire à son autre, lui tendant la main.
- Tu es en train d'être ramenée à la vie. répondit Juvia, regardant le ciel.
Elle ne se souvenait de rien. Elle ne pouvait penser qu'à la douleur que la vie lui infligeait en tentant de revenir en elle.
- Arrête ça ! pleura-t-elle. Je ne veux pas vivre !
- Tu mens.
Ces mots avaient stoppé toute douleur.
Je mens ? Es ce que je veux vraiment mourir ?
Elle réussit à se relever et fit, une nouvelle fois, face à son autre.
- Non, je ne veux pas mourir.
- Bien.
L'autre s'avança vers elle, d'un pas décidé. Sa main se posa sur la poitrine de Juvia, tout près de son coeur. Elle esquissa un sourire.
- Es-tu prête à revenir ?
- Je suis prête. répondit la jeune femme, comme contrôlée par une force supérieure.
Une lumière immaculée emplissa les yeux de Juvia, juste avant de reconnaître la lueur d'une bougie, disposée juste à côté d'elle, sur une table de chevet. C'était la seule source de lumière dans la pièce. Elle pu comprendre, alors, qu'il faisait nuit dehors. Elle se trouva dans un endroit qu'elle semblait connaître, mais ne put mettre ses idées en place. Une odeur de javel lui emplissait les narines.
Où suis-je ?
Disposée dans un lit relativement confortable, elle semblait, cependant, être allongée depuis longtemps : elle avait du mal à bouger ses membres, et à chaque tentative, une grimace se peignait sur son visage.
Qu'est-ce qui m'est arrivé ?
Branchée de partout, chaque partie de son corps était recouvert de pansements et de bandages. Elle avait toujours l'esprit embrumé. Elle avait terriblement peur.
Le souffle haletant, elle réussit à bouger ses jambes, elles aussi branchées à des poches situées au dessus d'elle. La peur lui tiraillant l'estomac mais l'adrénaline fusait dans son sang aussi rapidement que les seringues plantés dans sa peau.
D'un coup sec, elle s'arracha chaque seringue plantée, en serrant les dents. La douleur de bouger ses muscles était indescriptible mais elle devait sortir de là. Après plusieurs minutes d'agonie silencieuse, elle réussit à se mettre debout, tremblante et hésitante. Plusieurs minutes après, elle réussit à enfiler des vêtements disposés sur une chaise près de la porte, comme s'ils lui appartenaient. Elle se sentit, d'un coup, de nouveau vulnérable. Cependant, son instinct lui hurlait de sortir de là au plus vite, et, cette fois-ci, elle s'exécuta.
VOUS LISEZ
Coeur de Glace - GruVia FanFiction (FR) ~
FanfictionJuvia, triste d'aimer Grey, trouve un remède contre sa souffrance : un filtre d'amour pas comme les autres. Le jeune mage restera-t-il de glace suite aux charmes de son amie ?