Citrouille devenue carrosse

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Chaque pas lui arrachait un gémissement de douleur. Chaque pas lui rappelait la stupide décision qu'elle avait prise, ce jour-là. Elle qui ne faisait confiance à personne, elle s'était bêtement jetée dans les bras de celle qui avait tout pour la sauver.

À l'époque, elle voulait à tout prix être celle qui compte. Elle voulait manquer à quelqu'un, elle voulait être aimée. Cette décision avait gâché toutes ses chances d'être perçue comme normale, elle qui avait vécu tant de choses traumatisantes dans l'enfance. Elle voulait simplement se sentir "humaine", et vivre des choses que les humains, qu'elle observait, estiment précieux. Juvia ne voulait plus se sentir seule, elle n'avait jamais souhaité aussi fort d'être vivante.

Sa volonté l'avait aidé à rester en vie, pour le peu d'estime qu'elle portait en elle. En réalité, elle n'avait pas eu la force de mettre fin à ces jours, comme si sa magie intérieure l'en empêchait. Elle avait peur de la mort, comme elle avait peur de son reflet dans le miroir.

À cet instant, elle s'arrêta devant une baie vitrée aux carreaux colorés. Elle s'était retrouvée dans la guide, quelqu'un l'avait ramené. Elle observait les étoiles comme si elle venait de naître, comme si un filtre s'était enlevé de ses yeux et qu'elle découvrait la vie. Elle se permit de lâcher quelques larmes devant ce spectacle silencieux.

Mais elle sentait l'ennemi proche. Son instinct, qui l'avait guidée jusque là, lui hurlait de sortir de cet étage, qui paraissait lugubre. Habituellement, c'est un endroit réputé pour être bienveillant et calme, mais une fête battait son plein au rez-de-chaussée, et elle devait s'y rendre, comme pour échapper au menaces qui pesaient sur elle. 

Juvia avait connu un relooking il y a maintenant quelques jours. Non pas que le côté "Rock" ne lui ai pas plu, elle s'était débarrassée des lambeaux qu'elle portait pour les vêtements, plutôt originaux pour elle, qu'elle avait trouvé sur la chaise à la sortie de sa chambre. À bien y repenser, elle avait entendu qu'une fête déguisée était organisée depuis quelques semaines dans la guilde, pour fêter l'ouverture de celle-ci. Elle n'avait jamais participé à de fête de cette envergure, elle qui voulait se fondre dans la masse et profiter. Cependant, elle n'avait pas choisi l'état dans lequel elle devait y aller. La blessure encore pansée dans son dos lui faisait le plus mal, mais elle ne devait pas le montrer. Son objectif était de trouver une personne familière, et de s'y cramponner tant que la menace pèse.

Comme pour se moquer de sa situation, le costume laissé était une robe de bal, comme celle de Cendrillon. D'un bleu presque blanc (qui lui rappelait la magie de celui qu'elle aimait), sa robe commençait sur un bustier en col bateau, accompagné de manches faites en dentelle qui faisaient le tour de ses bras ; le travail ne semblait pas réel. La robe lui allait parfaitement, ses mensurations pourtant difficiles à habiller sans que ce soit vulgaire (ce dont elle avait horreur) étaient mises en valeur, comme jamais auparavant. La dentelle des manches coïncidaient avec celle du bustier, qui formaient une sorte de coeur qui descendait jusqu'au nombril. À partir de là, la traîne partait de façon évasée, comme la robe de Cendrillon, donc. Cette dentelle, qu'elle touchait à chaque fois par mécanisme, était rappelée dans les derniers centimètres de la robe, au niveau de ses pieds. Bien sûr, la robe remplissant encore des cases, les pieds nus de Juvia étaient cachés par la traîne de la robe, qui était faite de satin puis de couches de tulle, sans que cela ne soit trop lourd à porter.

Juvia regardait le ciel, mais se regardait avant tout

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Juvia regardait le ciel, mais se regardait avant tout. Elle ne s'était jamais vue aussi belle dans une tenue, malgré ce qu'elle venait de vivre. Les cheveux lâchés, les boucles tombaient sur sa poitrine, avant de finir sur le bustier scintillant. Elle ressemblait à une vraie princesse.

Te voilà transformée en carrosse ma chère Juvia

Ses pensées l'a ramenèrent à la raison : la robe ne lui était pas destiné, elle l'avait volée à celui ou celle qui l'avait laissé là, sans doute occupé à autre chose. Elle s'en voulait d'être aussi belle dans une tenue comme celle-ci.

Remise de ses émotions, elle n'en n'oubliait pas sa mission. Elle pris la robe dans ses mains, pour ne pas marcher dessus, et avança lentement et silencieusement à travers les couloirs sombres de l'étage, pour rejoindre la fête, qui ne s'attendait sûrement pas à la voir.

Elle ne voulait pas croiser Grey, de peur de réagir comme auparavant. Elle ne voulait surtout pas qu'il la voit se déplacer malgré ses blessures, lui qui avait presque risqué sa vie pour elle. Juvia trouva un masque posé sur le rebord d'une fenêtre. Elle le porta, sans se poser de questions. Personne ne devait la reconnaître, car personne ne devait savoir qu'elle était suivie.

Coeur de Glace - GruVia FanFiction (FR) ~Où les histoires vivent. Découvrez maintenant