J'en avais longtemps voulu à la vie pour m'avoir très gracieusement offert cette maladie. Je blâmais toutes les personnes qui se trouvaient loin de moi ou à côté. Je m'étais rapidement isolé, sans remarquer qu'autour de moi, des gens m'aimaient. Je gardais le silence au sein de cette audience bienveillante mais pesante. Il m'était devenu de plus en plus dur de m'ouvrir à tous ces cœurs purs qui ne pensaient pas à mal, mais qui me rappelaient ma condition peu banale.
Les médecins appelaient cela la « dépression », mais moi j'appelais cela la « protection ». Je refusais de m'approcher d'autrui parce que je savais que, non loin de là, se trouvait la fin de ma vie. Je voulais les préparer, à ce jour fatidique, qui aurait vu les larmes couler. C'était ma façon à moi de les remercier, pour tout le bien qu'ils m'avaient apporté.
Tout le monde semblait avoir plus ou moins compris ce que je voulais. Mon père, ma mère, mes deux grands frères. Ils s'étaient tous un peu éloignés de ma personne, lorsque j'avais subitement pété un câble et menacé d'arrêter mon traitement qui m'était devenu insupportable. Tout le monde l'avait compris, sauf ma femme, Lydie. Elle n'avait pas accepté, la dure réalité de me laisser sombrer. J'avais beau être désagréable, elle tendait une main vers ce comportement inacceptable. J'avais beau le nier, mais son geste était apprécié.
Coincé dans cet endroit de malheur, j'avais fini par accepter la peur. La peur que tout s'arrête et je me sentais alors si bête. C'était ce que j'avais toujours voulu au fond de mon cœur, quitter cette Terre et laisser partir loin l'erreur. Cette erreur humaine que j'étais et qui ne causait que la peine. Pourtant, j'avais beau essayer de me persuader, je ne parvenais pas à ne pas être terrifié. Mais il le fallait. Il fallait que je garde la tête haute, pour toutes ces personnes dont ce n'était pas la faute.
Un soir, alors que j'étais en train de m'endormir, un bruit me réveilla en sursaut dans cette nuit profonde et noire. J'avais laissé la télévision allumée, sur le doux son de la publicité. Je cherchais cette satanée télécommande partout, et suspectais ce voyou de camarade de chambre de me l'avoir piquée. Alors, n'étant plus fatigué et ayant des problèmes pour marcher, j'avais été contraint de regarder, ce que cette charmante publicité cachait.
Vêtue de sa robe violette, une petite fille sublime et sage semblait être sur le point d'écrire une nouvelle page. Elle s'était installée devant le piano afin d'exprimer tout haut ce qu'elle n'osait dire avec des mots. J'étais difficilement surpris et, pourtant, elle avait réussi. Du haut de sa petite scène, elle m'avait surpris sans peine.
Quand elle avait commencé à jouer, plus rien autour de moi ne pouvait s'immiscer. Les machines au son criard s'étaient soudainement arrêtées sans crier gare. Je voyais le monde autrement, loin de ce présent oppressant. Il était tard, le soir, et pourtant, je parvenais à entendre les oiseaux chanter, le vent souffler et, dans mes poumons malades, sentir l'air pur rentrer. Elle avait arrêté le temps et m'avait permis de retrouver ma vigueur d'antan.
Cette douce mélodie m'avait ouvert l'esprit. Elle m'avait redonné le goût du monde passé, celui que j'avais pendant trop longtemps renié et lentement fini par oublier. Elle m'avait touché, et criait fort que j'avais complètement tort. Sa musique avait changé quelque chose en moi, elle m'avait hurlé de me reprendre en main, même si tout devait se finir demain. Je ne pouvais pas laisser les autres sur le bas-côté, fermant les yeux sur leur douleur et leur amour qui me guidait à chaque carrefour.
J'avais décidé de laisser sortir cette partie de moi qui refusait de voir le monde dans tout sa beauté. J'avais pris la décision de rouvrir les portes du bonheur et par la même occasion les portes de mon cœur, en particulier à celle qui ne m'avait jamais laissé tomber.
J'avais accepté de prendre tous les traitements qui pouvaient me revigorer. L'espoir était devenu le nouveau réservoir dans lequel je puisais tout mon nectar. Et finalement, un médicament avait eu l'effet escompté et m'avait donné la possibilité de vivre plus de temps avec les deux êtres que j'aimais le plus au monde.
Je remerciais les médecins et cette petite fille sans qui j'aurais rejoint plus tôt les bras du néant, du rien.
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Hey, vous !
Je sais que ce chapitre est un peu plus court que les autres, mais j'ai essayé d'utiliser au maximum les rimes pour coller le plus possible au personnage et j'avoue que je ne suis pas spécialement douée pour ça, alors j'ai voulu arrêté le massacre rapidement ahah
Même si je dois également avouer que j'ai adoré écrire ce chapitre, malgré les efforts fournis. Et puis, ce chapitre est peut-être court et peu palpitant mais il reste très important et prendra tout son sens par la suite. Je n'en dis pas plus :)
La Bise ! :3
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La Mélodie du Cœur
Teen FictionMadison, un prénom à trois syllabes qui s'était transformé en Maddie, un prénom à deux syllabes, puis en Mad, un prénom à une syllabe. Finalement, ce dernier surnom correspondait parfaitement à ce que les gens pensaient d'elle. Une fille complètemen...