Chapitre 6

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Katsuki n'était pas stupide, loin de là. Et c'était ce qui causait autant de soucis à Izuku et qui allait lui en causer dans les jours qui suivaient, s'il ne se décidait pas à faire quelque chose. Le pompier avait l'habitude de programmer son cuiseur à riz la veille au soir pour le lendemain et il avait marqué un temps d'arrêt après avoir ouvert le contenant de riz. Sur le moment, Izuku n'avait pas cru possible qu'il se rende compte que le volume de riz avait diminué, pourtant il n'y avait pas eu d'autres explications à sa réaction. Il n'avait pas l'impression d'avoir mangé autant pour que ce soit visible mais les faits étaient là. Si Katsuki remarquait ce genre de choses dès le premier jour, il savait qu'il n'irait pas loin. Mais cela ne voulait pas dire qu'il pouvait se permettre de faire l'impasse sur un régime alimentaire humain. Sa situation ne changeait pas : il avait besoin de reprendre des forces petit à petit pour pouvoir partir à la recherche de sa mère si cela était vraiment nécessaire. Il avait besoin au moins de la rechercher d'une manière ou d'une autre et il ne pouvait pas le faire sous forme de lapin.

Le deuxième jour, Izuku avait fait en sorte de manger un peu moins, se contentant de sauce soja et de graines de sésame dans son riz au lieu d'y ajouter un œuf cru comme la veille. Il avait aussi fait l'impasse sur un fruit en guise de dessert, essayant de faire disparaître le moins de nourriture possible. S'il n'avait pas abandonné l'idée de faire du sport, il avait fait en sorte de porter les mêmes vêtements que la veille qu'il avait récupéré dans le panier à linge sale. Se faire discret ne lui avait pas paru difficile le premier jour, mais étant donné qu'il n'y parvenait pas complètement, autant faire profil bas là où il le pouvait.

Ce deuxième jour n'avait pas vraiment été une réussite. Si Izuku avait espéré que Katsuki lâche l'affaire, il ne s'était pas attendu à ce qu'il vérifie le contenant de riz dès son retour à l'appartement. En le voyant grimacer, le contenant ouvert devant ses yeux, Izuku savait qu'il était dans une impasse. Il avait le choix de quitter les lieux ou de tout avouer. Aucune de ses possibilités ne l'enchantaient vraiment, mais ce n'était pas comme s'il avait d'autres choix à disposition.

Il y réfléchit une grande partie de la nuit, pesant le pour et le contre de chacune des solutions.

S'il était honnête, il pensait que tout avouer était certainement le plus facile. Katsuki ne lui apparaissait pas comme quelqu'un pouvant être un détracteur des animorphes. Il ne le connaissait pas tant que cela, ne l'ayant vu interagir qu'avec une seule personne depuis qu'il était chez lui, pourtant il n'avait jamais montré de réelle agressivité envers quelque chose en particulier et il n'était pas particulièrement attaché à Izuku sous forme de lapin pour cacher une animosité envers une autre forme de vie.

Il avait appris à ses dépens les caractéristiques des détracteurs de son espèce. Il savait qu'il y avait beaucoup de personnes influentes, qui cachaient leur aversion pour cette partie secrète de la population en prenant part à des actions humanitaires pour sauver la faune et la flore. Pour ces gens-là, les animorphes étaient une erreur de la nature qu'ils se devaient de réparer. Et cela durait visiblement depuis toujours, les forçant à se cacher parmi les humains.

Katsuki n'avait rien en commun avec ces gens-là. Il était même probable qu'il n'ait aucune idée de leur existence, ce qui ne pouvait que l'arranger. Il allait devoir fournir des explications sur sa nature d'une manière ou d'une autre, qui seraient plus ou moins faciles à digérer, mais Izuku se sentait prêt à tout lui raconter. Il voulait avoir confiance en Katsuki. Parce que s'il ne pouvait pas avoir confiance en la personne qui l'abritait depuis deux semaines, il n'avait vraiment aucun allié potentiel.

Décider de tout raconter était une chose. Déterminer comment procéder en était une autre. Izuku avait du mal à savoir quelle était la meilleure chose à faire lorsqu'on voulait avouer à son colocataire temporaire qu'on n'était pas un lapin, mais un homme. Il n'avait aucune envie de se poser sur le canapé à ses côtés et de prendre soudainement forme humaine. D'abord parce qu'il allait être complètement nu et il n'avait aucune envie que Katsuki le découvre nu comme un ver pour leur première rencontre officielle, puis parce qu'il était certain qu'il le prendrait pour un pervers si jamais sa première réaction n'était pas de le frapper ou de le balancer à l'autre bout de la pièce.

Dans de mauvaises circonstancesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant