Oublié d'une Lumière

Une autre vie

- Abelforth ? Abelforth réveille-toi !

Le jeune garçon ouvrit les yeux. Sa mère penchée sur lui le secouait doucement. Il sorti du taxi et frotta ses paupières. Ils étaient sur une petite place déserte, devant une élégante maison au jardin tondu avec soin. Ariana était assise sur un banc non loin, et Albus se tenait bien droit aux côtés de sa mère. Kendra remercia le chauffeur et emmena les trois enfants à l'ombre de la demeure.
Abelforth entra, sans trop savoir à quoi s'attendre. Le vestibule était grand et sur la droite, une ouverture amenait à une cuisine spacieuse et éclairée. Une autre porte, plus étroite, s'ouvrait sur la salle de bain, petite, mais lumineuse. Le salon, de l'autre côté, était grand et paraissait confortable. Un escalier en colimaçons menait à l'étage, où quatre chambres spacieuses étaient disposées symétriquement.

- Je vais enfin avoir ma chambre à moi ! s'écria Albus en se précipitant dans l'une d'elles.

Abelforth leva les yeux au ciel. Ne pensait-il donc qu'à son confort ? Ou peut-être essayait-il de cacher son chagrin en s'intéressant à des choses aussi futiles qu'une chambre ? Abelforth voulait y croire, de tout son cœur. Son frère ne pouvait être aussi insensible.
Sa mère le poussa alors dans l'autre chambre, en face de celle qu'avait choisi Albus.

- Tu veux bien prendre celle-là ? demanda Kendra à son fils.

Abelforth promena son regard dans la pièce. Elle était plus petite que celle qu'il partageait avant avec son frère mais elle était plus lumineuse. Son lit était installé dans un coin, et  son petit bureau sous la fenêtre, éclairé par les matinaux rayons du soleil. Une armoire et une petite étagère étaient disposées près de la porte.

- D'accord... répondit-il sans enthousiasme.

- Parfait. Ariana, tu prendra celle d'à côté. décida la mère de famille. Je vous laisse vous installer, voici vos affaires ! Elle claqua des doigts et les paquets soigneusement emballés apparurent chacun dans la chambre de son propriétaire. Kendra redescendit les escaliers, sûrement pour faire du rangement au rez-de-chaussée.

Dans sa chambre, Abelforth s'attaqua à son sac de vêtements qu'il rangea dans la penderie de l'armoire. Il essaya de refaire le plus exactement son ancienne chambre, mais c'était impossible. Le tapis poussiéreux cramoisi n'était plus là, le plafond ne brillait pas des constellations de son père, et le lit d'Albus était absent, ce qui laissait un grand vide pour le jeune garçon. En effet, même si il l'agaçait beaucoup, Abelforth aimait profondément son frère, et une chambre sans lui serait étrange. Plus tard, Ariana entra dans la pièce.

- Ab ? Tu peux m'aider à défaire mes affaires s'il-te plait ? demanda-t-elle de sa petite voix.

- Oui, j'arrive. répondit son frère en sortant de sa chambre.

La chambre d'Ariana était similaire à la sienne, et son lit était collé contre le mur qui séparait les deux pièces. Ensemble, il défirent les bagages, au début, ils ne parlèrent pas, mais au fur et à mesure, un petit jeu s'installa. Le premier qui avait fini de déballer quelque chose gagnait. Dans sa volonté d'aller plus vite, Ariana fit soudainement léviter une pile de vêtements sans s'en rendre compte. Abelforth applaudit en riant, mais quand la petite aperçut les habits flottants vers elle, elle poussa un cri et tout retomba par terre.
Abelforth assista alors à une scène qui resterai à jamais dans sa mémoire. Ariana se recroquevilla sur elle même, et une ombre noire sembla l'entourer, sortant de ses oreilles, de sa bouche et de ses yeux. L'ombre enfla jusqu'à ce qu'Ariana ne soit plus du tout visible. La petite fille s'était transformée en une concentration de magie déchainée. Abelforth hurla de peur et se réfugia dans un coin de la chambre. Sa mère, alertée par le cri, se précipita à l'étage. Elle entra dans la pièce en courant, suivie d'Albus, alarmé lui aussi.

- NON !!! Ariana ! Ariana, calme-toi ! Calme-toi ! s'écria Kendra d'une voix tremblante en s'approchant de l'ombre avec prudence.

Mais rien ne se passait, l'ombre se déchaînait et renversait tout sur son passage. Kendra se lança alors dans un long monologue, remplit de mots apaisants et au bout d'un moment, Albus l'imita. Au fur et à mesure qu'ils parlaient, l'ombre commença à rétrécir, puis à s'éclaircir. Abelforth réussi à distinguer le visage de sa sœur, les yeux révulsés, les traits hideusement déformés. Il rassembla tout son courage et dit d'une petite voix :

- Ariana, c'est pas grave...

Instantanément, les restes de l'ombre disparurent, et la petite fille s'effondra sur le sol, inconsciente. Kendra la prit délicatement dans ses bras et la déposa doucement sur le lit. Abelforth était mort de peur. Que c'était-il passé ? Ariana allait-elle mourir ? Un silence pesant s'installa dans la pièce. Finalement, ce fut Albus qui le brisa.

- Mam... Mère ? C'était quoi ? balbutia-t-il, le regard incertain.

- Je... Je ne sais pas. Enfin, je... On en discutera plus tard. répondit leur mère en évitant des les regarder dans les yeux.

- Elle es malade ? s'inquiéta Abelforth.

- Euh... Oui, en quelque sorte. répondit évasivement Kendra. Les regards insistants de ses deux fils la fixèrent. Elle finit par soupirer.  Bon, d'accord, mais il ne faudra le dire à personne d'accord ? Si on vous en parle, vous répondrez que sa santé est fragile, ce qui n'est pas faux...

- Oui promis, mais qu'est-ce qu'elle a ? s'impatienta Abelforth rongé d'inquiétude.

Kendra prit une grande inspiration et dit d'une voix tremblante :

- Votre sœur est une Obscuriale.