Nostalgique

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La jeune femme caressa lentement la gerbe de blé qui luisait devant elle, transpercée par les premiers rayons du soleil. Ce doré lumineux lui fit immédiatement penser à Erwin. Mais lorsqu'elle l'effleura de ses doigts, elle ne reconnut pas la douceur des cheveux du militaire.

Un léger sourire étira ses lèvres alors qu'elle repensait à cette nuit, quelques années plus tôt, à Stohess dans sa résidence secondaire. Elle avait confié à Erwin qu'elle avait été blessée qu'il ne réponde jamais à aucune de ses lettres.

Le militaire était d'abord resté silencieux, puis il expliqua à Léna qu'il voulait simplement lui rendre sa liberté. Elle avait éclaté de rire, trouvant la situation très ironique. Elle n'avait jamais plus été libre du moment où elle avait quitté Shiganshina en compagnie de son père. Et malgré le silence d'Erwin, elle n'avait jamais non plus renoncé à leurs souvenirs.

Puis Erwin avait caressé la chevelure de la blonde d'un geste maladroit. Léna avait recouvert la main du militaire de la sienne sans le lâcher du regard, et les choses avaient dérapées. Sans un mot, leurs visages s'étaient intimement approchés jusqu'à ce qu'Erwin ne scelle ce moment par un long baiser.

La sensation des cheveux du Major entre ses doigts lui avait arraché un sourire. C'était exactement comme dans ses souvenirs. Lorsqu'il l'embrassait, elle se sentait envahie de cette lumière chaleureuse et rassurante. Les années de solitude qu'elle avait passé dans cette vie froide et d'apparence s'évanouirent en quelques instants tandis qu'elle resserrait son étreinte autour d'Erwin.

Elle n'avait jamais su expliquer avec certitude ce qu'il s'était passé dans la tête d'Erwin ce soir-là. Pourquoi refuser de lui écrire si c'était pour s'abandonner à une telle luxure des années plus tard, alors qu'elle était désormais l'épouse de quelqu'un d'autre. Léna avait fini par se dire que malgré toute sa grandeur, il n'en restait pas moins un simple homme.

Et peu importe qu'il ne la porte pas dans son cœur comme elle pouvait le faire, elle goûta chaque moment de cette longue nuit, que chaque valet du château emporterait dans la tombe avec eux.

Erwin avait d'abord été doux, puis au fur et à mesure, elle découvrit une facette plus animale du militaire. Elle aurait peut-être été surprise à l'époque, mais aujourd'hui, Erwin n'était plus ce jeune homme innocent et idéaliste. Elle grava dans sa mémoire sa voix rauque et le son de respiration haletante, comme si elle avait toujours su que cela ne se reproduirait plus jamais.

Ils avaient peu échangé, mais elle s'était sentie si proche de lui. Des années plus tard, il suffisait qu'elle ferme les yeux pour se rappeler avec précision de ce sentiment magique. Erwin avait une telle présence, elle n'avait jamais retrouvé quelqu'un avec une aura similaire.

Le lendemain matin, Léna s'était levée avant lui et avait quitté le Domaine sans un mot. Elle savait qu'Erwin l'aurait fait avant elle, et refusa de revivre ce semblant d'abandon. Les péripéties militaires du Bataillon d'Exploration continuèrent de plus belle, tandis que la vie à Mitras avait repris son cours.

Léna avait soutenu le Bataillon lors de leur coup d'État, et avait été ensuite graciée par la nouvelle Reine, Historia Reiss. Son père avait été fait prisonnier, et elle avait pris sa place auprès de la souveraine. Il arrivait souvent à Erwin de lui lancer de longs regards en salle de réunion, mais il s'était toujours appliqué à rester loin d'elle. Son souhait de garder une distance était tel que même Hanji n'était jamais redevenue proche de la belle blonde.

Quel gâchis. Léna s'accroupit devant la belle pierre tombale et nettoya délicatement les pétales de fleurs fanées, laissées par les proches du défunt.

Avait-elle eu un quelconque impact dans sa vie ? L'avait-il un jour aimé ? Ces questions sans réponse la faisait souffrir. Pourquoi avait-il insisté pour partir au sein de cette dernière expédition, alors qu'il savait pertinemment qu'il y perdrait la vie ?

Le bras droit d'Erwin avait été arraché lors d'une mission précédente, et il lui était devenu difficile d'utiliser son matériel de manœuvres tridimensionnelles. N'était-ce pas son rêve de percer le secret des Murs ? À quel moment dans sa vie, la culpabilité d'avoir provoqué la mort de son père était-elle devenue plus importante que sa curiosité ?

L'Humanité avait perdu un tel élément... Un homme brillant, fort, courageux et intrépide. Le reverrait-elle un jour ? Léna ne croyait pas en l'au-delà ou ce genre de concepts de vie après la mort, mais l'idée lui plaisait beaucoup. Existait-il une autre vie où elle aurait pu vivre cet amour avec lui ? L'épauler, être là pour lui et être aimée en retour ?

Dans celle-ci, un véritable Royaume les séparait. Que ce soit de par son statut social, son choix de vie ou ses attentes, elle n'avait jamais eu aucune chance d'avoir Erwin. Avoir. Était-ce seulement possible pour quelqu'un d'avoir Erwin ? Il était si insaisissable. C'était un homme libre, dans un monde qui n'avait que faire de ses aspirations. Mais il s'était battu, jusqu'au bout, et avait laissé un véritable héritage derrière lui.

Léna sentit une petite main lui tirer gentiment les voilages de sa robe, et elle sourit tendrement à l'enfant qui se trouvait ses côtés. Le petit ange blond aux yeux bleus regardait la pierre tombale avec une expression confuse.

- Tu le connaissais, Maman ? Comment s'appelait-il ?
- Erwin Smith, le 13ème Commandant du Bataillon d'Exploration. Un grand Homme.

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Hellowwww
Court chapitre pour sceller cette fiction ! J'espère que vous l'aurez apprécié ! =)
N'hésitez pas à me donner votre avis, j'ai vraiment pris plaisir à l'écrire !

L'oiseau en cage - Erwin Smith x OCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant