Chapitre 18 Souvenirs et anxiété

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Après plusieurs heures passées dehors, je remontais lentement les marches menant à la chambre.

J'étais harassé et tenais difficilement sur mes jambes. Des tremblements me secouaient et mes dents claquaient sans que je puisse le contrôler. Mes cheveux mouillés collaient à mon visage, et dégoulinaient le long de ma nuque jusque dans le bas de mon dos.

Les gouttes sur la pointe de mes cheveux avaient gelé, alourdissant un peu plus la masse brune qui me tombait devant les yeux. Mes oreilles et mon nez me chauffaient intensément, preuve qu'ils avaient dû commencer à geler. Mon corps entier paraissait être engourdi par le froid.

Je m'ébrouai en projetant autour de moi de l'eau et de minuscules gouttes de glace.

Outre la fatigue extrême que je ressentais, la faim commençait à me tenailler douloureusement le ventre. Mais c'était une douleur supportable, comparée aux courbatures et à la douleur cuisante de ma blessure à l'épaule.

Malgré les exercices d'étirements que j'avais pratiqué, mes muscles avaient raidi. Ils étaient si crispés que j'avais même du mal à tenir debout. Je pensais naïvement qu'une fois ma douche glacée passée, je pourrais ressentir les bienfaits de ces étirements, mais il n'en était rien.

Lors de ma douche, j'avais pris le temps de bien nettoyer ma plaie au savon. J'avais voulu la recoudre, mais mes doigts engourdis n'arrivaient même pas réussi à attraper l'aiguille recourbée. J'avais fini, tant bien que mal, par rapprocher les deux bords de la plaie pour ensuite y poser un cataplasme d'alcool. Enfin, j'avais utilisé une bande de lin propre que j'avais apposé très serrée pour que la plaie ne bouge pas.

Je grimpai les quelques marches qui me séparaient encore de la porte de la chambre et, pris d'un vertige, je m'appuyai contre le montant. Ma respiration était gênée par le bandage qui barrait mon torse et la montée des marches avait été plus qu'épuisante pour mon organisme déjà rudement éprouvé.

Je me motivais intérieurement en apercevant le matelas et les couvertures moelleuses qui m'attendaient à l'autre bout de la pièce.

Allez mon vieux... Plus que quelques pas, tu y es presque !

J'utilisais mes dernières ressources pour enfin arriver près du lit.

Un nouveau vertige me saisit. Bien que j'en avais ressentit plusieurs au cours de la journée, je devais bien reconnaître que celui-là était d'une plus grande ampleur que les autres.

C'est sûrement dû au fait que je n'ai pas mangé de la journée... Je suis si épuisé que même si la faim me tiraille, je n'ai même pas envie de faire l'effort d'avaler quoi que ce soit...

Je soulevai les couvertures et glissai dans le lit le plus silencieusement possible pour ne pas troubler le repos de la belle magicienne. Bien que la pièce fut légèrement sombre, je distinguai suffisamment son visage. Il paraissait paisible et calme.

À bout de force, je m'endormis presque instantanément. La dernière chose que je perçus avant de me laisser emporter dans un tourbillon de fatigue et de rêves, ce fut l'odeur de l'huile parfumée qui émanait des cheveux de Soline.

J'inspirais profondément puis me laissais aspirer par des contrées lointaines qui m'emmenèrent par-delà les montagnes bleues. Ma nuit fut de nouveau agitée, tourmenté par des rêves sur ma mère et mon enfance.

Je fus réveillé par la chaleur des rayons du soleil brûlant frappant le lit à travers une des fenêtres. Je mis quelques secondes à émerger, une violente odeur me piquait les narines.

Encore plongé dans mon sommeil, je pensais :

Humm... Ça sent l'alcool et le sang... Qu'est-ce que j'ai encore fabriqué...

Les aventures du sorceleur EskelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant