Chapitre 3 L'adieu au sorceleur

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Le soleil avait entamé sa phase descendante et dardait ses derniers rayons quand le petit groupe sortit de la forteresse.

La cour était remplie de neige, preuve du passage encore récent de la chasse sauvage même si à cette époque de l'année les premier flocons n'étaient pas très loin.

Transportant le corps du vieux sorceleur, les quatre hommes suivaient Triss qui tenait un flambeau à la main. Les autres suivaient le mouvement dans un silence religieux.

Ils bifurquèrent à droite en sortant du bastion. Leurs pas crissaient au fur et à mesure de leur progression sur le sol encore givré. Ils avançaient, imperturbables, en emmenant la dépouille de Vesemir vers le bûcher funéraire que Lambert avait préparé sur la montagne avoisinante.

Arrivés au pied du bûcher, ils y déposèrent Vesemir et enlevèrent le draps le recouvrant.

Triss tendit la torche à Geralt tandis que Lambert détachait la chaîne du médaillon à tête de loup du cou du vieux sage et le posa délicatement près de sa tête sur les rondins de bois.

Ciri vint poser entre ses mains, croisées sur sa poitrine, un petit bouquet d'herbe et de fleurs sauvages qu'elle venait de cueillir.

Tous se séparèrent alors et s'éloignèrent de la dépouille de Vesemir.

Réunis à bonne distance du bûcher, tous attendaient le début de la cérémonie.

Eskel, non loin de Ciri, attendait les bras croisés sur la poitrine.

La tête droite, le sorceleur brun avait les yeux tournés vers l'horizon.

Les larmes ne coulaient pas, elles étaient inutiles.

Le sorceleur sentait au fond de lui une douleur sourde qui enflait au fur et à mesure que le temps avançait.

Dans ses yeux orangés passaient les ombres de ses jours heureux à Kaer Morhen entouré de ses frères d'armes et de celui qui avait été plus qu'un simple maître, bien plus qu'un oncle.

Le soleil se couchant sur les montagnes environnant la forteresse laissait transparaître ses derniers éclats orangés. Le ciel nuageux s'assombrissait, développant une palette de couleurs allant du violet au bleu.

Geralt s'avança alors. Sans prononcer un mot, il embrasa le bûcher. Baissant la tête, il resta encore quelques instants devant le bois qui crépitait.

Eskel resserra ses bras contre son torse, une profonde mélancolie vint l'étreindre, lui coupant le souffle et lui brouillant la vue.

Le sorceleur fixa son regard sur le dos de Ciri qui était agité de soubresaut.

Les yeux du grand brun étaient emprunts d'une douleur immense. Il pensa :

A défaut d'avoir pu le protéger, nous lui offrons des funérailles dignes d'un roi. Tous ses élèves sont là. Il ne manque personne pour lui rendre hommage. Geralt a allumé le bûcher comme un fils le ferait pour son père. Il est arrivé un an avant moi, c'était donc un peu son fils aîné. Je crois que Vesemir aurait apprécié, lui qui se vantait d'être un ardent défenseur des traditions.

Détournant enfin les yeux du bûcher crépitant, Geralt repartit vers Cirilla qui se tenait debout non loin de lui.

Il s'arrêta à hauteur de Ciri tournant toujours le dos au bûcher et de sa voix grave lui dit :

« Ne t'en veux pas... Aucun sorceleur n'est jamais mort dans son lit. »

Celle-ci lui répondit des sanglots plein la voix :

Les aventures du sorceleur EskelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant