Chapitre 16 Rêve ou cauchemars (partie 3)

84 12 22
                                    

Ma vue était trouble, je ne savais plus si c'était la nuit ou le jour. Je luttais désespérément contre la douleur et la fatigue, mais mon corps ne m'appartenait déjà plus. Mes pieds ne me soutenaient plus tandis que je me laissais porter par les deux gardes qui me ramenaient vers ma cellule.

La tête me tournait, et ma vue brouillée par les larmes et la fumée ne me permettait pas de localiser exactement où je me trouvais dans la prison. Le claquement régulier des bottes qui foulent les dalles de pierre ainsi que le concert de grincements et de bruits stridents et métallique de leurs armures rouillées étaient les seules choses qui me tenait éveillée.

J'entendis vaguement les mots d'un homme qui parlait fort avec inquiétude. Sa voix ferme et mélodieuse était teintée d'amertume et de colère non dissimulée. Elle résonna dans ma tête comme un écho lointain.

Je me sentais lourde. J'étais comme enveloppée dans un immense tissus rigide qui blessait ma chair et maintenait mes plaies à vif. Mais malgré mes brûlures je frissonnai.

J'avais froid... Trop froid...

Je sentis brusquement que l'on me jetait au sol.

À ma grande surprise, je heurtais quelque chose de mou et de désagréablement humide.

Le néant m'enveloppait doucement, bloquant définitivement ma vue et mes sens, et je sombrai dans l'inconscience.

**********************

La magicienne s'éveilla lentement. Elle ouvrit péniblement ses yeux. Ils étaient collés, bouffis et gonflés par les larmes. Tout son corps n'était que souffrance et pour ne pas arranger les choses, une violente migraine lui donnait l'impression que sa tête était serrée dans un étau.

Quel jour sommes-nous ?! Que... Qu'est-ce que je fais là ? Où suis-je ? Ai-je été inconsciente longtemps ? J'ai si mal... Si... Mal...

Soline voulu bouger mais une douleur aiguë l'obligea à rester alitée sans avoir pu se mouvoir. Elle se rendit compte qu'elle était allongée sur le dos, son bras droit était replié sous elle, douloureusement bloqué dans son dos. Elle voulu le déplacer, mais il était tellement ankylosé qu'elle ne le sentait presque plus

Elle comprit alors qu'elle avait due être jetée par terre et qu'elle avait sombré dans l'inconscience avant que son corps n'ait eu le temps de prendre une position adéquate pour le sommeil. La jeune femme ne put s'empêcher d'émettre un gémissement de souffrance qui se bloqua dans sa gorge.

Elle voulut déplacer son autre bras mais, aussitôt, une violente nausée lui retourna l'estomac. Elle n'eut pas le temps de se tourner qu'une première crise de vomissement l'étrangla à moitié.

Tant bien que mal, en s'aidant de son bras valide, la jeune magicienne réussit à tourner le haut de son corps sur le côté.

De violents soubresauts, incontrôlables, la secouaient à chaque fois que son corps se contractait pour sortir toute la bile contenue dans son estomac. Un voile noir sembla alors tomber devant ses yeux, obscurcissant sa vison et embrouillant ses sens, tandis qu'un bourdonnement incessant lui vrillait les oreilles.

Elle continua de vomir par intermittence pendant plusieurs minutes en produisant un son affreux qui se répercuta en écho le long des murs de pierre. Des sueurs froides lui couvraient le front et le corps tandis que les jets de bile lui brûlaient l'œsophage.

Une fois le trop-plein évacué, la crise s'atténua et la jeune femme reprit peu à peu ses esprits. Elle ouvrit péniblement les yeux et se retrouva face aux murs de pierres mouillées et moussues de sa cellule. C'en fut trop pour la jeune femme et des larmes de désespoir commencèrent à perler au coin de ses yeux.

Les aventures du sorceleur EskelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant