Chapitre 2 Après la tempête

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Le mage Avallac'h se pencha au-dessus du balcon de sa chambre, située au deuxième étage de la forteresse, où il était apparu quelques secondes plus tôt.

Titubant, il se raccrochait comme il pouvait à la balustrade en essayant de garder son équilibre.

Son regard était braqué sur une tache blanche dans la cour. Il n'arrivait pas à détourner les yeux de la jeune femme aux cheveux cendrés étendue par terre en contrebas.

En dépit des risques, il s'était levé de son lit encore affaibli par les poisons qui lui avaient fait retrouver son apparence originelle.

Dès qu'il avait senti le pouvoir du sang ancien et sa décharge phénoménale d'énergie, il avait compris que Ciri était en grand danger. Il avait puisé dans ses dernières forces et s'était décidé à agir.

L'elfe se plia en deux, incapable de résister aux nausées qui l'assaillaient, et se retrouva à genoux, la main fermement agrippé à la rambarde de pierre.

Une fois le trop-plein déversé, il releva la tête et remarqua les silhouettes encore gelées en bas de la cour reprendre peu à peu vie.

Fiévreusement, il tourna une dernière fois la tête vers Ciri qui s'était réveillée et se relevait péniblement.

A bout de force, il se laissa aller et sombra dans le sommeil.

Dans la cour de Kaer Morhen, les sorceleurs et leurs amis commençaient à dégeler et à pouvoir se mouvoir de nouveau.

Geralt se réveilla subitement comme s'il sortait d'une longue transe. Libérant son pied encore pris dans la glace, il remarqua du coin de l'œil que Lambert se réveillait également. Cherchant Ciri des yeux, il ne prit pas la peine de se préoccuper de la santé de son compagnon et fonça vers les escalier menant à la forteresse.

Il les grimpa quatre à quatre, tournant la tête dans tous les sens, cherchant désespérément sa fille des yeux. Il passa devant la silhouette massive de son frère, Eskel, toujours prit dans les glaces. Enfin, il vit Ciri à genoux non loin de lui.

Il s'élança alors vers elle mais fut arrêté dans son élan par sa belle magicienne Yennefer.

Celle-ci se précipita dans ses bras, le stoppant net dans sa course.

Il la recueillit et l'enlaça avec force en enfouissant sa tête dans son cou. Son odeur de lilas et groseille à maquereau le réconforta instantanément.

Il sentit Yennefer qui le serrait plus fort qu'à son habitude et, surpris, releva la tête par-dessus son épaule. A cet instant il se sentit frappé de stupeur et ses yeux orange s'agrandirent de tristesse.

L'homme qui était pour eux comme un père, le dernier survivant de l'ancienne garde, le vieux sage n'était plus.

Ciri était agenouillée auprès de Vesemir gisant face contre terre, ses épaules se secouant légèrement au rythme de ses sanglots étouffés.

Geralt quitta les bras de Yen et se rapprocha doucement de Ciri.

Il saisit l'épée d'acier avec, sur le pommeau, le symbole de l'école du loup qui gisait au sol non loin de lui et s'approcha de la dépouille de son maître.

Dans un geste sûr et maîtrisé il la replaça dans le fourreau vide que le vieux sorceleur portait sur son dos. Puis il se rapprocha de la jeune femme et s'agenouillant derrière elle, lui passa les bras autour des épaules, l'attira doucement à lui. Il la serra fort contre son cœur, mettant dans cette étreinte toute l'affection et le soulagement de ne pas l'avoir perdue.

Les aventures du sorceleur EskelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant