Les aventures du sorceleur Eskel

Chapitre 11 Chocs et ailes brisées

Soline avait fermé les yeux quand elle avait sentit le grand brun se rapprocher d'elle.

Eskel, quant à lui, n'avait d'yeux que pour les lèvres roses et charnues de la jeune aspirante.

Il était sur le point d'assouvir son envie irrépressible de l'embrasser, quand un son désagréable parvint à ses tympans.

C'était un mélange de piaillements et de battements d'ailes.

Grâce à ses facultés spécifiques, le sorceleur avait perçu le bruit bien plus vite que la jeune femme. Cependant, le son avait été si diffus et imperceptible que le grand brun doutait à présent de la véracité de ce qu'il avait entendu.

En cette fin d'après-midi, le blizzard commençait à se lever dehors et il n'était pas rare que le vent porte les bruits de la forêt environnante à travers les montagnes jusqu'au plus hautes fenêtres de la forteresse.

Un piaillement désagréable se fit de nouveau entendre. En fin limier, il redressa immédiatement la tête, ferma les yeux pour décupler son sens auditif et attendit quelques secondes à l'affût du moindre bruit. Rien de nouveau ne vint troubler la quiétude du lieu, à part le sifflement lancinant du vent contre les fenêtres, les craquements habituels du bois qui travaille, les doux hennissements des chevaux dans la grande salle, le crépitement des braises dans l'âtre et le cœur battant à tout rompre de la jeune femme qu'il tenait dans ses bras.

Le bruit que produisait le cœur de Soline le ramena presque instantanément à la réalité. Il rouvrit les yeux et vit la jeune femme nue, lovée dans ses bras, qui attendait les yeux fermés.

Il s'en voulut presque aussitôt d'avoir pu oublier jusqu'à son envie de l'embrasser et se maudit intérieurement, lui et ses capacités surnaturelles de sorceleur. Il n'entendait plus rien à présent, peut-être avait-il eu une hallucination auditive. Espérant toujours que ce ne soit qu'un mauvais rêve ou le vent de l'hiver dans un quelconque arbre de la cour, Eskel se pencha à nouveau vers la belle magicienne qui lui offrait ses lèvres.

Mais d'un coup les sons de battements d'ailes mêlés à des piaillements horripilants se firent de nouveau entendre. Eskel était un sorceleur suffisamment aguerri pour savoir que les bruits qu'il percevait de plus en plus distinctement ne pouvaient signifier qu'une chose... Ils étaient tous les deux en grand danger !

Gardant la tête tournée vers la fenêtre, il coula un regard déçu vers Soline qui attendait les yeux fermés sans se rendre compte que rien ne viendrait.

Un piaillement plus fort se fit entendre, il vit l'oreille de la jeune sang-mêlé frémir légèrement.

Le temps était comme figé. Un autre cri strident déchira le silence habituel de la forteresse.

*************************************

J'attendais, les yeux fermés, un signe de mon séduisant sorceleur. La rugosité de sa main sur ma joue ne me dérangeait pas, elle avait même un côté rassurant.

Sa main, pourtant chaude, m'apportait une légère vague de fraîcheur sur ma joue que je sentais devenir brûlante.

Mon cœur battait la chamade sans que je puisse le contrôler.

Quand il m'avait avoué ses sentiments, mon sang n'avait fait qu'un tour.

Ainsi il me trouve à son goût mais en plus Triss ne lui plaît pas... Ce sorceleur est parfait... Enfin... Parfait pour moi !  Pensais-je, avide de le découvrir plus intensément.

J'étais sur un petit nuage. Malgré le contraste de température entre le bain chaud dans lequel je me trouvais et la froideur de la pièce qui s'intensifiait de plus en plus, je me sentais bien. J'avais même chaud. Je m'étais totalement abandonnée dans les bras de l'homme qui avait su déclencher en moi un déferlement d'émotions que je pensais impossible à connaître.