Il déboucha sur une impasse. Ricardo ne pouvait plus s'échapper. Le gang l'encercla. Paolo et Javier pointèrent leurs Colts sur lui, tandis que leur chef, ce salaud de Tulio, riait aux éclats, dévoilant ses canines acérées tel un cerbère sorti tout droit des enfers.
— Tu es mort, Ricardo ! Tu vas crever dans cette ruelle, comme un sale traître que tu es !
Ricardo comprit à cet instant que sa vie s'achèverait là, dans ce passage sombre, crasseux et froid. Il accepta la fatalité et s'agenouilla face à ses détracteurs. Alors qu'il entendit les gâchettes se déclencher et les balles siffler, une dernière image traversa ses pensées.
Il vit Magdalena sous la lumière des projecteurs, dansant inlassablement dans sa parure écarlate, ses cheveux de jais flotter autour de son visage typé, ses yeux sombres le fixer amoureusement, son sourire éclatant l'envelopper d'un doux voile cotonneux.
À cet instant, il regretta de n'avoir pu affronter ses démons pour elle, il aurait voulu la rendre heureuse, devenir le pilier sur lequel elle se serait appuyée jusqu'à la fin de ses jours, mais au fond, il savait que sa lâcheté l'en aurait toujours empêché.
Magdalena mi corazón, je m'en veux tellement. J'espère que tu es heureuse, et que tu le seras encore des années durant, jusqu'à ce que la mort vienne t'accueillir paisiblement, après une belle et longue vie. Vis pour moi.
PAN. PAN.
Les coups fusèrent, les balles criblèrent le corps meurtri du jeune homme qui tomba face contre terre, tachant les pavés sévillans de rouge sang...
***
Voilà. L'amant de Magdalena en avait pris pour son grade. Mort. Assassiné. Tout comme le bonheur illusoire qui l'avait bercée, il y a de cela encore une dizaine de jours.
Cali rabattit si violemment l'écran de son ordinateur portable qu'elle fit sursauter Minina qui dormait. Cette dernière, réveillée en trombe, les poils hérissés et les yeux écarquillés, sortit ses griffes, lacérant les pauvres genoux de l'écrivaine.
— Ah, mais Minina ! Fais gaffe purée !
Voilà. Minina en prit aussi pour son grade. La chatte détala, le regard désabusé et la mine renfrognée.
L'écrivaine soupira longuement et posa son front contre la table du balcon. Des larmes perlèrent du coin de ses yeux et elle s'étonna d'en avoir encore en réserve, après des nuits entières de pleurs. Iker était parti.
Bien sûr, sans portable, elle n'eut aucune nouvelle de lui depuis leur rendez-vous.
Même Carmen semblait assez surprise par ce départ. Cependant, elle avait avoué aux filles que son demi-frère traînait un passé compliqué, dont il réglait encore certains aspects aujourd'hui.
La belle métisse s'était adressée à Cali en ces termes :
« No t'inquiète pas Cali. Je suis sûre que Iker gustas tu. Mais il doit régler problemo en France. Il revenir. Moi yé ne peux rien te dire, c'est à Iker de tout expliquer à toi quand il prêt. »
Décidément, le mystère était le point commun des Llorente. Ces mots l'avaient soulagée un temps, mais les doutes la rattrapèrent rapidement. Cette phrase venait de Carmen et non de son frère.
Rien ne garantissait qu'il reviendrait vers elle la bouche en cœur, prêt à tout lui dévoiler. Et puis qu'était donc ce problème qu'il réglait ? Une sombre affaire criminelle ? Serait-il membre d'un gang de malfrats comme Ricardo ?
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Printemps à Séville [TERMINEE]
ChickLitCali, jeune romancière en quête d'inspiration et d'aventure, décide de quitter la grisaille parisienne et de rejoindre Mélodie, son amie d'enfance, sous le soleil éclatant de Séville. La jeune femme tombe rapidement sous le charme de la ville andal...