Gâchette.

Pose ton armure.

« Je... Je suis tellement désolé ! Je ne pensais pas que ma fille puisse... Babille Gabriel.
Ally se redresse, me prend la main et je me relève aussi.
Ally ne fait que me fixer et je reste encore sans voix, hypnotisé par ses superbes iris.
Ma copine réplique :
- Dorothée est certes en faute mais il n'y a pas qu'elle. Excusez moi de devoir ternir la réputation de vos enfants. Élisa aussi a fait quelques crasses...
- Élisa !?
- Élisa m'aimait, hein ? J'aurai aimé qu'elle me le dise.
Je soupire.
- Mais ... Vous n'êtes au courant de rien ? Demande Ally.
- Et bien... Je sais qu'Élisa vous aimait, Chiara. Et je savais aussi que Dorothée avait été convoqué devant la justice mais...
- Je comprends. Nous le coupons, en chœur.
- Vous promettez de la boucler ? Si oui, on vous laisse partir. Je ne veux pas vous effrayer mais je sais où votre très chère épouse et vous-même habitez. Demande mon interlocutrice.
- Je vous le...
- Papa ? Papa, où est-ce que tu es !? Réponds-moi !
Une voix crie, au loin.
Ally me regarde, surprise.
Je reconnais cette voix entre mille.
Élisa est ici.
- Bouge. Je m'en occupe. Je me retourne vers le bruit, dos à Ally.
Sa main vient s'accrocher à mon épaule.
- Il est hors de question que je te laisse ici, avec elle.
- Prends M. Nontron et laisse-le vivre. C'est tout ce que je te demande.
- Chiara...
- S'il te plaît, Ally, on ne se quitte que pour quelques minutes...
- Si tu n'es pas là dans 5 à 7 minutes, je débarque et la réduit en pâtée pour chien !
Je rigole et nous nous embrassons.
- Si tu veux, mais avant, fais ce que je te dis.
- Rendez-vous dans la cave. Je t'aime.
- Je t'aime aussi.
- Papa ? Papa, s'il te plaît, réponds moi !
La voix se fait suppliante et me brise le coeur.
Dans quelques minutes tout au plus, je vais faire face au principal fantôme de mon passé.
- Il est à l'abri. Ne t'en fais pas.
- Qui ... Qui êtes-vous ?
Ses phrases se font de plus en plus distinctes, signe qu'elle se rapproche.
- Une amie de ton père.
Ses pas se font entendre, puis sa respiration.
J'hésite à fuir ou à me cacher mais je m'oblige à rester ici. Je cache mon visage avec un bout de tissu que j'ai déchiré de mon haut.
Ça y est.
Elle se tient en face de moi.
Élisa...
- Où est-il ?
- En sécurité.
- Répondez moi !
- Vous ne connaissez pas les bâtiments, à quoi cela peut-il vous servir de savoir sa position ? 
-... Vous faites partie de la police ?
- Longue histoire.
- Comment est-ce que vous connaissez mon père.
- J'ai été une amie de Dorothée et j'ai donc vu ton père de temps en temps lorsque ta soeur m'invitait.
- Oh... Et vous êtes ?
- Alicia Duchêne. Et vous devez être Élisa Nontron.
- Oui.
- Venez, je vais vous raccompagnez jusqu'à la sortie.
- Merci.
- C'est normal.
- Vous avez peut-être connu une de mes amies alors si vous étiez une amie de ma soeur. Peut-être connaissez vous une Chiara ? Je ne me souviens plus de son nom de famille mais je sais qu'il est allemand. Elle était... Chère à mes yeux et vu que vous avez retrouvé mon père, vous pouvez peut-être la retrouver, elle ?
- J'aurai besoin de plus d'informations à son propos.
- J'ai son numéro de téléphone si cela peut vous aider.
- Donnez le moi, je m'en occupe.
- Combien voulez vous pour ce service ?
- Rien. J'aide seulement, c'est tout.
- Mais... Vous êtes sûre ?
- Oui.
- Dans ce cas, vous êtes géniale !
- Merci.
- Tenez. Un bout de papier froissé tombe dans ma main. Je tends ma main droite car ma main gauche porte le seul cadeau qu'elle a pu me faire : une bague.
Une jolie bague dorée serti d'un émeraude scintillant.
- Je ferai de mon mieux pour la retrouver. Si j'y arrive, que voulez vous que je fasse d'elle ?
- Est-ce que vous pourriez nous mettre en contact ?
- Mais vous avez déjà son numéro, pourquoi ne pouvez vous pas le faire de vous-même ?
- J'ai peur... J'ai peur de sa réaction car nous nous sommes fâchées il y a longtemps... J'aimerai que vous organisiez un rendez-vous avec vous, elle et moi.
- Avec moi en plus ? Pourquoi faire ?
- S'il vous plaît... Sa voix se fait tremblante de peine. Comme si j'étais son seul espoir.
- Je ferai de mon mieux. ». Je coupe court à la discussion en ouvrant la porte de sortie devant elle.
Elle part, ne laissant qu'un relent de son parfum comme trace de son passage.
Je referme la porte et la verrouille en rebroussant chemin en allant vers la cave.
Ébranlée, je revois Ally et... Gabriel à la cave. Je foudroie ma copine du regard.
- Monsieur ici présent veut te parler une dernière fois.
- Je voulais simplement vous donner cette lettre. Élisa me l'avait confié un jour.
- Oh... Merci. Je souffle dans un ultime filet de voix.
- C'est normal. Je vais vous laisser. Merci de ne rien avoir fait à ma fille. À mes filles.
- C'est normal. Je lui souris. ».
Sur ce, il part.
Dans la précipitation, Monsieur Gabriel Nontron oublie sa sacoche de travail mais je ne parviens pas à le rattraper.
Il a sûrement marché plus vite que d'habitude sous l'effet de la joie de revoir sa femme et Élisa.
Ou de la peur de recroiser Ally dans un couloir...
« Chiara ?
- Oui ?
- J'ai faim...
- Certes, attends un peu qu'on soit arriver à la maison.
- Je crois que nous nous sommes mal comprises.
- Oh... Et bien tu vas quand même devoir attendre un peu.
- Mais ... Commence-t-elle d'un ton pleurnichard. Pourquoi ?
- Un lit, c'est mieux comme endroit pour satisfaire ton appétit.
- Seulement le mien ? Il n'est pas partagé ? Dis-moi si tu ne te sens pas d'attaque, avec ce que tu viens de vivre, je comprendrais parfaitement.
- Rassure toi, tu es plus appétissante qu'un plat de pâtes à la carbonara ! Même si c'est mon plat préféré... Je rajoute.
Je l'entends rire, prendre la sacoche et débuter une marche plutôt pressée vers la sortie.
- Attends... Si Gabriel nous avait menti ou que Élisa m'avait reconnu ? Je l'arrête.
- On passe par le toit, c'est ça que tu suggère ? Devine Ally.
Je souris. L'air fouettant ma peau est le contact le plus appréciable au monde, après, bien sûr, de sentir ma petite amie contre moi. 
Avec un rictus rêveur, je m'élance sur l'échelle menant à la trappe du haut de l'immeuble.
La nuit va être houleuse...