Nuit agitée

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( Présence de passages durs, je préfère vous prévenir. Jeunes ou sensibles, veuillez simplement vous dire qu'Ally va mal à cause de son passé. Et de son exe. )
Malgré ce titre trompeur, aucune présence de lemon... Désolée ? XD
PS : C'est Ally en média.

Je me relève douloureusement.
Je me sens vide et desséchée mais pourtant j'ai encore des larmes pour pleurer.
Un étouffant chagrin que j'essaie toujours de refouler, refluer, il est incessant et souvent grandissant. C'est comme un coffre scellé dont j'avais jeté la clé, rouillée et pourrissante, dans la plus haute, sombre et violente des marées.
Ce sont des larmes de rage, de douleur, de chagrin... De folie.

Point de vue : Chiara
« Ouvre ! Ally, ouvre ! ».
Je tambourine à la porte, frénétiquement. Je sais ce qu'une personne désespérée peut tenter de faire... J'ai peur. Je ne la connais presque pas, peu voire pas du tout mais je ne peux pas la laisser comme ça.
J'ouvre la porte avec mes clés.
C'est comme si elle ne m'avait pas entendu. Dos à moi, Ally se relève. Ses hanches sont marquées de cicatrices d'une couleur blanchâtre. Sa peau légèrement hâlée se révèle à la lumière des plafonniers et ces marques en sont d'autant plus visibles. Sa peau a l'air délicate, douce, sensible, presque fragile.
Des éclats bronzés donnent un air presque appétissant à celle-ci.
Ses poings sont serrés, sa peau au niveau des mains est tendue, ses muscles durcis.
Puis elle se retourne violemment. Je perds mes moyens et ferme les yeux. Je parviens quand même à murmurer :
- Je... Je voulais savoir si tu allais mieux.
J'entends l'ouverture des portes, le léger choc sourd des gouttes d'eau sur le sol en céramique, le raclement rapide de pas précipités, mouillés et maladroits vers moi.
Des bras enserrent mes épaules. Une tête s'enfouie dans mon cou.
L'humidité se fait peu à peu sentir à travers la couche de mes vêtements et je comprends qu'en étant sous le joug de l'alcool, Ally n'a pas pris la peine de se sécher ni de s'habiller avant de se jeter dans mes bras.
Je n'ose pas rouvrir les yeux.
Ally sanglote, s'excuse, rabâche :
- Je suis désolée, je suis désolée, je suis désolée...
Je la prends dans mes bras. Je ne sais pas ce qui ne va pas mais je sais qu'elle souffre. Je serai là si elle a besoin de moi. Et même si elle part demain ( ce qui est hautement probable. ), j'aurai fais ce qui me semble juste, normal : mon devoir tout simplement.
Je la lâche un instant et elle me rappelle, me suis, m'enlace. Je tire une serviette et l'enroule à l'intérieur. Je peux rouvrir les yeux.
Une heure passe peut-être, ou cinq minutes. Sachez que j'ai perdu la notion du temps dans la salle de bain.
- ... Ça va mieux, merci... Merci beaucoup.
Ally ne hoquète plus mais renifler toujours encore un peu.
- De rien. C'est normal. Je peux te demander...
- Pourquoi est-ce que j'ai pleuré ? Elle me coupe, devinant d'avance la fin de ma phrase.
J'acquiesce timidement :
- Tu n'es pas obligé évidemment, je ne veux pas te rappeler de trop mauvais souvenirs.
- Non, c'est bon. J'avais... Une petite amie. Une exe. Elle avait des goûts différents des autres et je pensais qu'elle était comme moi, avec les mêmes passions. Mais je me suis rendu compte qu'au final... Sa voix se brise comme si on avait donné un coup de poing dans un miroir.
- Cette fille te battait.
Je clos son récit. Je serre la mâchoire. Ma gorge se noue et je n'ose pas imaginer ce qu'elle a du subir.
- Maintenant... Elle est en séjour psychiatrique.
- Je... Hum... Je n'ai pas connu ça mais... Je sais ce que ça fais d'être " différente "... Au lycée, j'aimais passionnément une fille et pourtant je sortais avec un garçon. Bref, mettons ça de côté. Cette ledite fille... Qu'on va appeler Héloïse savait parfaitement que j'étais folle amoureuse d'elle. Elle s'amusait avec moi en me... Récompensant à côté, sans témoin. Elle me faisait faire des gages bêtes et ça a augmenté et augmenté jusqu'à la limite de la morale... Et c'est là que j'ai compris qu'elle se fichait éperdument de moi.
Une triste grimace de connivence s'esquisse sur nos visages.
Comme quoi, la tristesse ça rapproche.

Gâchette. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant