Un ciel de béton || Spider-man

𝙳𝚎𝚞𝚡

Bonne lecture !

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Peter n'arrive jamais en retard en cours de son plein gré.

Il prend le bus, ou le métro, ou peu importe ce qu'il trouve sur son passage : une petite ronde avant d'aller en cours, à pied et sans costume comme quelqu'un de normal, et comme par hasard un cambriolage sur son chemin. Et il se retrouve en retard pour son cours de littérature.

Quand il ouvre la porte de sa classe après s'être presque fait attraper par un surveillant dans les couloirs, il pense sincèrement que sa prof va le tuer. Elle le fusille du regard, et il lui offre un sourire désolé.

— Peter, encore en....

— Je sais, madame. Je sais, et je suis vraiment désolé. Il y avait cet énorme embouteillage et...

— Vous n'avez pas de voiture, Peter.

— Mais y'avait cette vieille dame au milieu de la route et elle pouvait pas traverser toute seule alors....

— C'est bon. Taisez-vous, j'ai compris. Allez vous asseoir.

Son regard change toujours un peu quand Peter fait des choses comme ça : quand il parle de chatons, ou d'enfants, ou de vieilles dames. Il change parce qu'elle sait que c'est vrai et possible, parce que Peter Parker est gentil et adorable, mais tout de même en retard. Et que ses notes de littérature, bien que très correctes, lui montrent tout de même qu'il ne lit absolument pas les œuvres au programme dans leur intégralité.

Il sourit, comme un petit remerciement silencieux, et trottine jusqu'à sa place. Il évite même naturellement le crétin qui essaye de lui faire un croche-pied, et s'assoit à côté de Ned. Son meilleur ami hausse un sourcil, puis se penche vers lui.

— C'était quoi, cette fois ?

— Cambriolage.

Son chuchotement se perd dans le petit brouhaha qui règne toujours en cours de littérature. Sa place est au fond, bien au contraire de celle de science qui est bien évidemment au premier rang.

Assis, les yeux baissés sur son bloc note et sur ses quelques notes, Peter met sans doute quelques secondes de trop à voir qu'à côté de Ned, de l'autre côté, il y a quelqu'un qu'il n'a jamais vu. Jamais vu dans cette classe, en tout cas.

Cody surprend son regard et hausse un sourcil. Ned, assis entre eux, se redresse légèrement.

— Oh, ouais. C'est Cody, il vient d'arriver : Cody, c'est Peter.

— Ouais, j'ai cru comprendre. La prof a été plutôt claire sur son prénom.

Cody sourit : un petit rictus amusé et Peter se sent rougir légèrement sans trop savoir pourquoi.

— Hum, Peter Parker.

— Enchanté. Cody Neal.

Ned observe le nouveau tendre discrètement la main de manière théâtrale, et Peter n'hésite qu'une seconde avant de la prendre. Sa main est froide par rapport à sa peau toujours chaude. L'instant ne dure que quelques secondes.

Peter essaye de ne pas se faire trop d'illusion. Personne ne traîne avec eux (à part MJ, qui hante les couloirs et leur file de temps en temps un coup de main en les appelant « des gros nazes » tout en appréciant de toute évidence leur compagnie) et surtout pas les gars comme Cody. Une fois l'heure de cours terminée, le groupe de Flash lui mettra sûrement la main dessus et il se rendra compte que Peter et Ned sont loin d'être des populaires.

La prof pose une question, et ça le sort de ses pensées. Il voit la femme passer la classe au crible, puis quand finalement son regard se pose sur lui il ne peut s'empêcher de déglutir. Il n'a même pas écouté, et il a encore moins lu l'œuvre dont elle parle (il préfère largement abandonner Don Quichotte pour s'avaler une étude sur les molécules désassemblées).

Mais au moment même où elle commence à ouvrir la bouche, la main de Cody se lève. Peter se tourne vers lui, et leurs regards se croisent.

— Oui ?

Elle semble étonnée. Personne n'essaye de répondre, d'habitude : elle a pris celle d'interroger au hasard un peu trop facilement.

— Je pense que les pièces de théâtre de Bertholt Brecht expriment bien le phénomène de distanciation.

— Oh, oui. C'est très bien, hum, Cody ? Très bien. Tu as un exemple ?

— Mère courage et ses enfants ?

— Parfait.

Elle semble diablement satisfaite, et s'enfuit vers le tableau pour noter quelques mots clés. Les sourcils de Peter se haussent. Cody se penche sur la table, tandis que Ned se tourne également vers lui.

— Vous êtes des matheux, c'est ça ? Je suis plutôt littéraire. On pourra s'entraider.

Le sourire de Ned redouble.

— C'est génial, dit-il honnêtement. Vraiment génial, avec plaisir.

Peter se tord les doigts et réplique plus doucement :

— Ouais, avec plaisir.

Le sourire ravi que Cody leur retourne n'a rien à avoir avec la nouvelle sensation de chaleur qui prend place sur son visage.

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